janvier 2022
Alerte Algérie : Le lanceur d’alerte Mohamed Benhalima ne doit pas être expulsé vers l’Algérie
PAR AW · PUBLIÉ JANVIER 28, 2022 · MIS À JOUR JANVIER 30, 2022
Algeria-Watch, 28 janvier 2022
Mohamed Benhalima, lanceur d’alerte et exilé politique algérien a été arrêté le 27 janvier 2022 par la police française et placé dans un centre de rétention en région parisienne. Si son expulsion vers l’Algérie se concrétise, il risque les pires sévices de la part d’un régime impitoyable pour lequel les droits de l’homme n’ont aucune signification. Mohamed Benhalima, ancien caporal-chef de l’armée de terre, avait demandé asile en Espagne. Se sentant menacé à la suite de la déportation par le ministère de l’intérieur espagnol de Mohamed Abdellah le 22 aout 2021, il avait illégalement quitté l’Espagne pour se réfugier en France. Il risque d’être reconduit en Espagne dont le gouvernement n’hésite pas à extrader les opposants algériens vers leur pays.
Youtubeur très suivi en Algérie et ailleurs dans le monde, il a révélé plusieurs scandales touchant la junte militaire algérienne impliquant des hauts gradés de l’armée. L’activisme résolument pacifique de Mohamed Benhalima ne l’a pas empêché d’être sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé par le régime algérien pour « adhésion à un groupe terroriste ciblant la sécurité de l’État et l’unité nationale, financement d’un groupe terroriste ciblant la sécurité de l’État et blanchiment d’argent dans le cadre d’une bande criminelle ». Accusations évidemment dénuées de tout fondement, seulement destinées à porter atteinte à l’honneur d’un militant non violent dont la probité est avérée.
Il est de notoriété publique que les atteintes grave à la dignité, la torture et les mauvais traitements sont la pratique commune des forces de répression algériennes. Le gouvernement français ne peut ignorer les multiples communications des rapporteurs spéciaux de l’ONU dont fait objet l’Algérie. En effet le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a condamné à plusieurs reprises le régime d’Alger pour graves atteintes aux droits de l’homme, torture, et poursuite pour d’imaginaires « activités terroristes ».
Si le réfugié politique Mohamed Benhalima devait être livré aux autorités d’Alger, il est plus que probable qu’il subira les pires sévices et les formes de tortures systématiquement pratiquées par la police politique secrète. La République Française en assumera l’entière responsabilité. Mohamed Benhalima ne doit pas être livré à des tortionnaires. Algeria-Watch prend l’opinion internationale à témoin et appelle le gouvernement français à respecter ses engagements internationaux en matière de protection des réfugiés politiques.
Rencontre-Débat: Françalgérie – Corruption, crimes et mensonges d’États, de De Gaulle à Macron Part1+2 (Vidéo)
PAR AW · PUBLIÉ JANVIER 19, 2022 · MIS À JOUR JANVIER 28, 2022
Algeria-Watch, 24 janvier 2022
1e partiehttps:
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2e partiehttps://
www.youtube.com/embed/wtF_Eshxng8?feature=oembed&wmode=opaque
50 milliards d’euros en France. Autant en Suisse. Sans même évoquer Monaco, le Luxembourg et le Liechtenstein pour rester en Europe.
Ce montant colossal est une estimation des fortunes et biens mal acquis des dirigeants algériens selon un haut fonctionnaire français. Certains experts estiment même qu’il s’agit d’une valorisation en deçà de la réalité d’un patrimoine constitué par les nomenklaturas au fil de décennies de prédation.
Cette corruption faramineuse n’est pourtant qu’une des facettes d’un des plus grands tabous de la République, la Françalgérie.
L’extraordinaire mobilisation pacifique qui a soulevé la population algérienne depuis le 22 février 2019 – le hirak – pourrait enfin participer à lever le voile sur un système de relations extrêmement opaques entre élites de pouvoir.
Le hirak a profondément ébranlé un régime militaire d’essence dictatoriale et a fissuré son apparence civile et sa façade pseudo-institutionnelle.
Pour comprendre les spécificités de ce mouvement absolument hors norme dans l’histoire contemporaine et envisager ses évolutions possibles, il est essentiel de revenir sur l’histoire de l’Algérie indépendante, en particulier sur le rôle très singulier joué par les relations complexes entre ce pays et l’ancienne puissance coloniale.
C’est ce dont nous parlerons les intervenants lors de cette rencontre-débat :
Animateur de la rencontre : François Gèze, cofondateur de l’association Algeria-Watch, ancien directeur des éditions La Découverte, maison d’éditions ayant publié plusieurs ouvrages sur l’Algérie, en particulier sur la dictature militaire algérienne.
Intervenants :
Omar Benderra, cofondateur d’Algeria-Watch et auteur de nombreuses contributions, ancien président d’une banque publique algérienne, il a été chargé de la renégociation de la dette extérieure du pays durant la période de l’ouverture démocratique sous le gouvernement de Mouloud Hamrouche (1989-1991).
Marc Endeweld, journaliste d’investigation, auteur de Le grand manipulateur, Les réseaux secrets de Macron, qui apporte de nombreuses informations sur les réseaux françalgériens d’Emmanuel Macron.
Jean-Baptiste Rivoire, journaliste d’investigation, fondateur du nouveau média OFF Investigation (dont l’une des enquêtes traite des liens de Macron avec le régime algérien), auteur de nombreuses investigations télévisées sur la seconde guerre d’Algérie, ainsi que de deux ouvrages (Françalgérie, crimes et mensonges d’Etats”, avec Lounis Aggoun, La Découverte, Paris, 2004 et “Le crime de Tibhirine, révélations sur les responsables”, La Découverte, Paris, 2011).
Face au coup d’État militaire, la mobilisation de la population soudanaise ne faiblit pas. Avec une détermination et une inventivité hors pair. Mais la violence des autorités ne semble pas avoir de bornes, et les réactions européennes et américaine ne sont pas à la hauteur des enjeux.
POLITIQUES > GWENAËLLE LENOIR > 24 JANVIER 2022
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Comment à la fois faire un pied de nez à des putschistes, prouver son intelligence stratégique, paralyser le pays, montrer sa force et la discipline de ses troupes, le tout sans une seule goutte de sang versée ? Les comités de résistance soudanais en ont fait la démonstration le 12 janvier 2022. Pour apprécier l’adresse tactique, il faut revenir sur le déroulé habituel de la confrontation entre les généraux au pouvoir depuis le coup d’État du 25 octobre 2021 et l’immense majorité de la population, qui refuse leur retour aux affaires. Une, deux, trois fois par semaine, les comités de résistance, organes de base de la mobilisation populaire, appellent à des « marches du million », en référence aux immenses cortèges de 2019.
La veille des manifestations, chaque comité, dans chaque ville et chaque quartier, donne ses consignes sur les réseaux sociaux et par le bouche-à-oreille : lieu de rassemblement, objectif, rappel du principe intangible de la non-violence. Le jour dit, le pays s’arrête de fonctionner presque totalement, les Soudanais descendent par dizaines ou centaines de milliers dans les rues partout sur le territoire pour exiger le départ des militaires.
Tout aussi habituellement, dès la veille au soir, les putschistes mettent en place les outils de la répression : arrestations, services de renseignement sur le pied de guerre, mobilisation de milliers d’hommes, et blocage des grandes villes. Les ponts sur les trois Nil (Nil, Nil blanc et Nil bleu) reliant les trois villes jumelles, Khartoum, Oumdourman et Bahri, sont fermés. Barrés par des containers. Les avenues autour du vaste quartier général des forces armées sont bloquées par des blocs de béton, des rouleaux de barbelés coupants, des blindés légers. Tout le monde sait qu’Internet sera coupé dès le lendemain matin, avant la marche, appelée toujours pour 13 h.
Il en est donc ainsi le 11 janvier, une « marche du million » étant annoncée pour le jour suivant. Mais le 12 janvier au matin, un communiqué des comités de résistance décrète l’annulation de la marche et son report au lendemain, 13 janvier.
LES MANIFESTANTS MAÎTRES DU CALENDRIER
Non seulement les défenseurs de la démocratie montrent ainsi qu’ils sont les maîtres du calendrier, mais ils prouvent que le fonctionnement du pays dépend d’eux. Car les jours de manifestation, les bureaux et les commerces sont vides, puisque les déplacements sont presque impossibles. En somme, les comités de résistance viennent de montrer que les généraux putschistes n’ont qu’une carte en main : la violence.
Face cette violence qui va crescendo, le mouvement populaire fait montre d’une créativité impressionnante. Internet est coupé ? On utilise les SMS. Les lignes filaires terrestres sont interrompues ? Des jeunes jouent les messagers sur leurs petites cylindrées. Un des ponts entre Omdourman et Khartoum est coupé par des pickups chargés de soldats et des chevaux de frise ? Quelques manifestants entreprenants font rouler devant eux d’énormes réservoirs d’eau habituellement posés sur les toits. La fois suivante, ce sont des containers qui sont déposés en travers ? Des dizaines de Soudanais les poussent à main nue et le cortège traverse le Nil. La junte accuse des protestataires d’avoir brûlé une station de police ? Le comité de résistance local envoie des militants reconstruire et repeindre à neuf le local.
Les méthodes utilisées lors de la révolution de décembre 2018 sont remises en vigueur : les gamins, les plus rapides et les plus casse-cou se chargent de renvoyer les grenades lacrymogènes. La main droite glissée dans un gant épais d’ouvrier du bâtiment ou de cuisine, ils se sont depuis quelques manifestations équipés de boucliers rudimentaires : plaques de bois, petites portes. Réponse artisanale aux tirs tendus de grenades lacrymogènes. En première ligne à chaque marche, ils sont souvent les premiers blessés. Dans ce cas, ce sont à nouveau les petites cylindrées, coursiers de la révolution, qui entrent en scène et les transportent à toute allure vers les hôpitaux. Car parmi l’arsenal de la répression figurent en bonne place le blocage, voire l’attaque des ambulances, empêchées de circuler.
« Il y a clairement un face-à-face entre la junte, ce groupe de putschistes qu’on appelle au Soudan ‟le comité de sécurité d’Omar Al-Bachir”, ces cinq généraux aujourd’hui au Conseil de souveraineté, et le reste de la population, assure Suliman Baldo, juriste, conseiller de l’ONG Enough Project qui travaille sur les crimes de guerre et les génocides. Le mouvement prodémocratie est un mouvement de masse animé par les comités de résistance, qui montre une vigueur et une détermination sans faille depuis le début de la révolution contre Al-Bachir en décembre 2018. L’établissement militaire, lui, prétend toujours contrôler et gouverner le Soudan. »
LES MASQUES TOMBENT
Le 25 octobre 2021, le général Abdel Fattah Al-Bourhan et ses compagnons ont simplement tombé les masques. Ils ont brisé le partenariat avec les civils négocié après la chute de Bachir et le massacre du sit-in de Khartoum le 3 juin 2019, sous la pression à la fois du mouvement populaire et de la communauté internationale. « Seulement, ils étaient mal informés quant à l’état d’esprit de la population, reprend Suliman Baldo. Elle veut se débarrasser de ces militaires qui constituaient le cœur de la protection d’Omar Al-Bachir et qui veulent revenir à ce régime. »
La mobilisation populaire, liée à la pression internationale, avait déjà démontré aux militaires qu’ils ne maîtrisaient pas la situation : incapables de trouver un homme de paille acceptant le poste de premier ministre, les putschistes avaient, le 21 novembre, rétabli dans ses fonctions Abdallah Hamdok, arrêté le 25 octobre. La farce a duré 42 jours. Le 2 janvier, le premier ministre a jeté l’éponge et annoncé sa démission. Il n’aura pas pu arrêter le bain de sang.
Ni empêcher les généraux de continuer à reconstruire le régime d’Omar Al-Bachir. Le Conseil de souveraineté, présidence collégiale aujourd’hui entièrement à la main des généraux, a en effet passé son temps à humilier ce premier ministre devenu caution des putschistes : il avait à peine réinstallé Abdallah Hamdok dans ses fonctions qu’il nommait successivement le plus haut magistrat du pays, le nouveau procureur général et le nouveau chef des renseignements. Les trois sont d’anciens proches d’Omar Al-Bachir, membres éminents du Parti du Congrès national (NCP), colonne vertébrale du régime militaro-islamiste du dictateur.
« Les généraux procèdent avec méthode et dans les secteurs clés pour eux », nous affirmait début décembre à Khartoum un haut fonctionnaire. Pour des raisons de sécurité, il parle sous couvert d’anonymat : « Ils ont commencé par les banques publiques, puis la justice, le ministère de la santé, les affaires sociales, une partie du ministère de l’éducation. Le Conseil de souveraineté nomme des membres de l’ancien régime directeurs des administrations, et eux-mêmes purgent leurs secteurs. »
La justice et la sécurité sont les deux secteurs clés face à la résistance de la population : « Les putschistes veulent que tous ces services travaillent ensemble, explique Kholood Khair, codirectrice du think tank basé à Khartoum Insight Strategy Partners. Pour ça, ils font revenir des islamistes qui y occupaient des postes de cadres avant la transition démocratique et avaient été remerciés. C’est d’autant plus efficace que ces derniers veulent prendre leur revanche et récupérer leur pouvoir. »
Le 27 décembre, nouveau pas : dans le cadre de l’état d’urgence en vigueur depuis le coup d’État, le général Al-Bourhan accorde au Service des renseignements généraux (GIS) des pouvoirs d’arrestation, interrogation, fouille, gel des avoirs. Soit exactement ceux dont bénéficiait le Service national de renseignement et de sécurité (NISS) dissout en juillet 2019 et remplacé par le GIS. « Nous sommes de fait dans une phase de retour de la répression sécuritaire semblable à celle du régime d’Al-Bachir, avec les mêmes cadres recrutés à la hâte pour appliquer ce système », constate Suliman Baldo.
RETOUR DE L’ANCIEN RÉGIME
La confrontation est aussi idéologique. D’un côté — celui des putschistes —, le retour des islamistes et du régime de l’Inkaz (salut national) d’Omar Al-Bachir. De l’autre, un programme en construction. Depuis des mois, au niveau de chaque quartier, les comités de résistance ont recueilli les doléances des habitants. Ils en ont retiré les points communs, qu’ils ont fait approuver par vote. Le même processus a été reproduit au niveau local, puis national. Le 22 janvier, un « projet de déclaration politique » est rendu public et ouvert à la consultation nationale. Il couvre tous les champs d’un programme, depuis l’écriture d’une nouvelle constitution jusqu’à la justice sociale et criminelle, en passant par l’économie.
Les comités de résistance se bâtissent un statut d’interlocuteur incontournable. Les partis politiques, décrédibilisés par les jeux politiciens auxquels ils se sont livrés pendant les deux années de transition, sont à la traîne. La coalition syndicale de l’Association des professionnels soudanais (SPA), fer de lance de la mobilisation de la révolution de 2018-2019 suit les comités de résistance. De plus en plus de professions importantes pour les putschistes se rallient ouvertement à l’insurrection démocratique : 55 juges ont signé un communiqué fustigeant les exactions des forces de l’ordre, plus de 220 procureurs ont exigé la fin de l’état d’urgence, 100 militaires de haut rang retraités ont critiqué publiquement Al-Burhan.
La « communauté internationale » semble hors-sol. Après les fermes condamnations du coup d’État du 25 octobre et la suspension de toutes les aides, prêts et autres fonds promis au Soudan en transition, elle n’a cessé de plaider pour le retour à la Déclaration constitutionnelle d’août 2019. C’est-à-dire à un partenariat entre militaires et civils de plus en plus illusoire au fur et à mesure que la répression se durcit. Aujourd’hui, elle appuie, sans sembler vraiment y croire, une médiation des Nations unies. Les « amis du Soudan » vont jusqu’à participer à une réunion à… Riyad, qui soutient ouvertement les généraux. Mais qui ira discuter avec des généraux qui font tirer à balles réelles contre des manifestants pacifiques ?
« Les choses sont claires, maintenant. Personne, ni au Soudan ni à l’extérieur, ne peut ignorer qu’il s’agit d’un face-à-face entre nous et les militaires », a réagi le 2 janvier au soir un responsable d’un comité de résistance. Un avocat, joint le même jour, craint un accroissement de la répression. « Hamdok était un frein, qu’on le veuille ou non », ajoute-t-il. Les deux tiennent à garder l’anonymat pour des raisons de sécurité.
Jour après jour, la répression se durcit. À plusieurs reprises, les manifestants ont réussi à repousser les soldats et à atteindre les grilles du palais présidentiel. Depuis, les forces dites de l’ordre déploient une extrême violence. « Ils visent la tête, le cou et le tronc. Ils tirent à l’arme légère, mais aussi, maintenant, avec les mitrailleuses positionnées sur les pickups, témoigne un médecin d’un hôpital de Khartoum après la manifestation du 13 janvier. Nous avons reçu un jeune homme tué par un de ces tirs de Douchka [mitrailleuses lourdes] en pleine tête. Il y a aussi des projectiles qui déchirent les chairs. Les véhicules militaires poursuivent les jeunes dans les rues pour les écraser. De plus en plus, nous voyions aussi des blessures par arme blanche, car des hommes en civil infiltrent les manifestations. Ils espèrent semer la panique. »
Les hôpitaux sont attaqués au gaz lacrymogène et envahis, les blessés sortis de force. D’autres ont été enlevés devant l’hôpital international Royal Care le 15 janvier et embarqués dans des voitures sans plaque d’immatriculation, caractéristique des services de renseignement. « Des gens disparaissent, arrêtés la nuit et emmenés vers des lieux inconnus », poursuit le médecin. Lui-même a été menacé à plusieurs reprises et ne dort plus chez lui, pour sa propre sécurité et celle de sa famille. Tout le monde sait que les « maisons fantômes » du régime d’Omar Al-Bachir, lieux sans existence légale de détention arbitraire et de torture ont repris du service. Les locaux des télévisions subissent des raids, les journalistes sont tabassés et arrêtés. Les processions funéraires des victimes des tirs sont attaquées et violemment dispersées. À l’issue des manifestations, les soldats se livrent à des chasses à l’homme dans les rues, frappent et violent. « Si vous êtes contrôlé à un checkpoint et même si vous avez vos papiers, vous serez racketté, les soldats vous prendront votre téléphone et votre argent, reprend le médecin. Si vous êtes docteur, vous serez systématiquement soupçonné de soigner les manifestants, vous serez menacé, intimidé. »
« TOUT RETOUR EN ARRIÈRE EST IMPOSSIBLE »
Difficile de déterminer les responsabilités : les forces de la répression sont nombreuses et, disent tous les témoins, « changent parfois d’uniformes ». Aux côtés de la police se déploie la Force de soutien rapide (RSF) formée à l’origine de janjawid et dirigée par le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemetti., mais aussi la force de police anti-émeute, dite Abou Tayyar, l’armée et tous les services de renseignement, et des hommes de groupes armés ayant signé l’accord de paix d’octobre 2020 et ralliés aux putschistes. « Nous les reconnaissons à leur accent et à la façon dont ils se comportent », assure le médecin.
« À chaque assaut, les opposants au putsch sont plus résolus. Chaque mort leur donne plus d’énergie, constate Kholood Khair. À aucun moment ils n’ont donné le moindre signe de faiblesse. Ils refusent toujours de céder à la violence, alors que les militaires ne rêvent que de ça, pour décrédibiliser la mobilisation populaire. » Qui persiste, depuis le 25 octobre, dans son mot d’ordre : « Pas de dialogue, pas de négociation, pas de compromis » avec les putschistes. Dans les « marches du million », on chante « tout retour en arrière est impossible » et « le peuple est le plus fort ».
GWENAËLLE LENOIRJournaliste indépendante, spécialiste du monde arabe et de l’Afrique de l’Est.
بشير عمري
لاحظ الكثيرون على هامش الدورات الرياضية وفي كرة القدم تحديدا الخاصة بالمنتخبات الوطنية، تصاعد حدة التعصب القُطري بين شعوب المنطقة العربية وفي المغرب العربي تحديدا، حيث سعى كل لإعلاء من قيمة وجوده والحط من غيره، في مشهد كفيل وحده بتلخيص قصة الخيبة التي يعيشها وعي الاستقلال، وأفق التحرر المنشود للإنسان من بعد الذي قيل عن تحرر الأوطان.
أن يظل نشاط هذا التعصب في حدود غوغاء ولغط العامة على مواقع التواصل والاجتماعي، التي باتت له بالمسرح الأنسب والأرض الأخصب، فهذا مفهوم، لكن أن يصعَّد إلى علياء القوم ممن يسمون جزافا بالنخب، فتلك مصيبة المصائب التي تزيد من وقود نيران الفتنة وتعمق من شروخ الفرقة والاختلاف.
احد النقاد الرياضيين المغاربة يطلع في احدى الإذاعات الخاصة، ليتهجم لا على من أساء إليه من صحفيين جزائريين غير مسئولين، فيقحم التاريخ والجغرافية ويفتت ويبدد الصلات والسمات الثقافية المشتركة، بجملة بسيطة هينة في حجمها مهولة في خطورتها، كونها تتصل أساسا بكينونة الذات في فضاءاتها السياسية التاريخية والثقافية، وهو يرد على المعلق حفيظ دراجي جعل حاجزا مانعا حائلا بين السريان الطبيعي للمشترك العضوي الطبيعي بين الشعبين والبلدين، بالقول “أنا عمري (يقصد المغرب 12 قرنا، وهو (الجزائر 60 سنة)” في مسعى لتأكيد مزاعم الاستعمار الفرنسي للجزائر، بأن هذا البلد لم يكن موجدا لا تاريخا ولا جغرافية، فقط الاستعمار هو من أحدثه وأوجده.
هذا التلاقي في الخطاب بين ما تذكره بعض نخب المغرب، وجاء في كلام الناقد الرياضي المذكور، وما تسوقه وتسوِّقه الدعاية الاستعمارية، إنما يكشف عن حالة التلاقف والتثاقف في الفكر بين الاستعمار القديم ومستعمراته، وأن ذاتنا الخاصة لا نستقرأها من مصادرنا ومن رؤية للتاريخ والجغرافية والسياسة بل من مدارج ومدارس المعرفة الغربية التي يتمركز فيها الرجل الأبيض باعتباره سيد القرن والمهيمن على التاريخ اليوم، ثم نتبجح بعدها برفضنا للاستشراق والاستسراق التاريخي الذي نحن ضحاياه.
الجزائر التي لا يعرفها صاحبنا، كونه كما قال لم يزرها يوما، وإنما عرف عنها أن عمرها لا يتجاوز الـ60 سنة، والتي استعصى على شعبها عبر قرون الانتظام تحت سلطة دولة مركزية بعينها أو أسرة حاكمة بسلالتها، هي ذاتها الجزائر التي استعصى على كل سلطان استعماري أو استقلالي التفرد والاستفراد بشعبها واقتياده بقوة الحديد والنار، وإذلاله في غبش الليل ووضح النهار، لهذا ظلت أرضها عبر التاريخ مسرحا للحروب الطاحنة ومصرعا للغزاة والطغاة مهما كانت جنسياته وانتماءاتهم وأغراضهم.
هاته الخصيصة هي علامة على تاريخ وطبيعة وجود الأمة، ليست بالضرورة ما يحاول الاستعمار تصنيفه والتأكيد عليه وفق معاييره المعارفه الخاصة التي تتلقفها بعض النخب المغربية التي لا تزيد عن ترديد الخطاب العدائي للنظام الحاكم عندها للشعب وليس للنظام في الجزائر، على اعتبار أن الشعبين في البلدين لا يزلان يبحثان عن شكل حاضر معاصر لأمتيهما وكينونة غير تلك القديمة المتقادمة التي يؤجج بها الحكام وأزلامهم من مرتزقة النخب الحمية وسط القواعد الشعبية الكبرى.
في أرض المغرب العربي يتنوع التاريخ ليتكامل وليس ليتقاتل فيه الضمير الوطني والقطري، هذا التنوع الذي يتجاوز تضاريس المكان وسمات الشكل ولون البشرى وثقافة الأصول العريقة الممتدة إلى ما قبل الإسلام والمعززة والموطدة بظهوره وترسخه، عوض أن يُعاد استكشافه (التنوع) وتدارسه خارج السياجات والسياسات القطرية المغلفة بالمعرفة أحيانا، يتم تدنيسه بمسرود الخطاب الاستعماري وتقديمه للناس على أطباقه المسمومة من قبل من يزعمون أنهم يمثلون الصدر أو الصف الأول أو صفوة المجتمعات المغاربية اليوم.
وإذا كانت لعبة من مثل كرة القدم كفيلة بإثارة النعارات القطرية والاثنية بين شعووب منطقة المغرب العربي، فماذا يمكن القول حول المصالح الكبرى التي تعنى بمصائر هاته الشعوب؟
هي إذن خيبة المعرفة، خيبة السياسة، يعكسها العقل المأجور الذي يستبطن رؤوس بعض الناس ويستوطن مسارح السجال والجدال الشعوبي الشوفيني الفارغ، على مائدة الاستعمار ومخلفات غذائه ووليمته المسمومة.
فالاستشراق الذي في سواد منتوجه المعرفي الأعظم عمل على غسل التاريخ من أثر الشرق، عبر إعادة تصويره نمطيا بالشكل الذي يقصيه من قصة الحضارة والاسهام الكبير الذي قدمه فيها، باعتباره (الشرق) مهد الحضارة الإنسانية، فيتمركز الغرب فيها بطول التاريخ والجغرافيا وعرضهما، صار يظهر أبسط أثرا وفاعلية من الفكر والمعرفة الاستعماريتين للإنسان والمكان في المغرب العربي كما في المشرق، حتى تظهر أفواه تلوك كلاما غريبا يعبر عن مستوى جهلها أو تجاهلها بحقائق لوثها الاستعمار وطمس عناصرها الذاتية فقط ليشفي غليله ويحقق مراده الشوفيني الشعوبي المقيت.
شعوب المغرب العربي تكافح اليوم من أجل المستقبل لا الماضي، والمستقبل هو أصلا مستشكل بفعل ماض متلبس في طوايا المعرفة المُضببة بسبب غبار التراث وسموم الاستعمار والاستدمار، شعوب تريد أن تتحرر من كل سلطان يحول دون أن تعيش بكرامة الانسان وليس فقط بعنوان سلطة المكان ومكان السلطة سواء تقدمت أم تأخرت في الزمان ! أن تعيش بكرامة الانسان لا
كاتب جزائري
PAR AW · PUBLIÉ JANVIER 19, 2022 · MIS À JOUR JANVIER 19, 2022
Salima Mellah, 60 ans, Algeria-Watch, 19 janvier 2022
Je me souviens de la période foisonnante qui a précédé le putsch du 11 janvier 1992. J’avais quitté l’Algérie depuis quelques années, y retournant régulièrement pour rendre visite à la famille et aux amis et j’avoue que même si j’aimais ces retours au bercail, je trouvais l’atmosphère plutôt étouffante et monotone. Surgit alors « octobre 1988 », les jeunes dans la rue, l’ébranlement du régime, et rapidement j’ai voulu voir de mes propres yeux. Sur place, je suis de suite happée par la frénésie qui s’est emparée des gens et électrisée par leur enthousiasme. Les anciens retrouvent l’ambiance des lendemains d’indépendance. J’assiste partout à des discussions passionnées sur l’avenir, la démocratie, le pluralisme, la place de la religion, le rôle de la femme, les choix économiques, bref, quel projet de société pour cette Algérie enfin sortie de sa léthargie ? Tous refont le monde, même dans la rue, j’assiste à des échanges spontanés avec des inconnus. Tant de surprises, et en voici deux : dans de nombreuses familles, les femmes participent maintenant passionnément aux débats politiques alors que d’habitude elles n’en voyaient pas l’intérêt ; et, plus largement, ce besoin pressant d’union entre tous les Algériens, de recherche de solution pour tous. Le pluralisme dans l’union. Cette année 1989 fut la plus palpitante et inspirante. Celles qui suivront seront entachées de manipulations que je ne saisirai que bien plus tard.
Et puis, rapidement, l’annonce d’élections sonne le début de la fin de la récréation. Il s’agit maintenant de former des rangs, de choisir son camp pour se lancer dans l’affrontement des partis politiques tout juste constitués alors même que l’apprentissage du débat et de l’échange d’idées est nouveau. Avec cet empressement, d’autres logiques se mettent dès lors en place dans une impréparation qui sera lourde de conséquences. Les élections locales en juin 1990 sont remportées par le FIS et la crispation est palpable. Alors qu’une partie de la population jubile et se lance dans un activisme politique et social frénétique, une autre est inquiète à l’idée que le FIS puisse remporter les élections législatives prévues un an plus tard. Quant aux dirigeants du parti vainqueur, loin de vouloir rassurer, certains croient pouvoir défier le pouvoir en exigeant une élection présidentielle anticipée et appellent à la grève générale en mai 1991. Je suis à Alger et je vais me promener au centre-ville sur les places occupées par les militants du FIS. Je ne perçois pas d’agressivité, plutôt une confiance en la justesse de leur cause, la conviction de réaliser quelque chose de grand pour le bien de tous, de faire l’Histoire. Les grévistes déchanteront vite. Alors que leur nombre diminue fortement, les places sont évacuées de force et une répression féroce s’abat sur le parti. Les dirigeants sont emprisonnés et des milliers de ses membres sont internés.
Après la démission du chef de gouvernement Mouloud Hamrouche le 4 juin 1991, les élections législatives sont annulées. La magie de cette éclosion démocratique s’estompe un peu plus. Restent tout de même les partis, les journaux, les associations, mais après ce premier coup en juin, une épée de Damoclès plane sur la suite des événements. J’aurais préféré que les élections soient reportées non pas à décembre mais bien plus tard, le temps de faire un véritable bilan. Évidemment que je ne connais pas les manœuvres dans les coulisses, pourtant je suis convaincue que si le FIS sort vainqueur, l’armée interviendra encore une fois. J’espérais que la direction du parti appelle au boycott, mais ses troupes ne l’auraient accepté.
Le FIS remporte 188 sièges du Parlement au premier tour des élections le 26 décembre, il atteindra inévitablement la majorité absolue à l’issue du second tour prévu le 16 janvier. L’atmosphère est à la fois électrique et pesante. Les partis politiques mobilisent une dernière fois leurs troupes mais les militaires accepteront-ils le résultat ? Je suis tétanisée à l’idée d’un putsch, mais je ne veux l’imaginer. Et quand il a lieu le 11 janvier, je suis anéantie. L’ensemble de l’édifice constitutionnel est démoli et une répression implacable s’abat sur le FIS et toutes les structures affiliées. Des milliers de cadres et de sympathisants sont arrêtés et internés. Lorsque je retourne en Algérie quelques mois plus tard, je rencontre des positionnements antagoniques. L’un est imprégné de déception, de colère mais aussi d’inquiétude face à l’usurpation criminelle des premières élections libres, l’autre oscille entre soulagement hypocrite ou franc. Nous nous étripons autour de la justesse de l’intervention militaire et je me bats contre ceux qui soutiennent que si le FIS avait accédé aux manettes la situation aurait été pire. L’armée n’a pas seulement défait le FIS mais l’opposition n’est plus que l’ombre d’elle-même. Et pourtant, la vie reprend un semblant de normalité pour celles et ceux qui ne sont pas personnellement affectés par la répression. Plusieurs faits cependant augurent du jusqu’au-boutisme des « janviéristes », notamment l’assassinat en juin 1992 du Président Mohamed Boudiaf devant les caméras du monde entier. Je me suis dit que ceux qui commettent un tel acte sont capables de bien d’autres horreurs.
En octobre 1993, je décide de séjourner plusieurs mois en Algérie. Je peux enfin suivre les événements au jour le jour et rencontrer des journalistes et des militants pour mieux appréhender la situation. J’ai interrogé le président de l’Observatoire national des droits de l’homme, qui a prétendu qu’il n’y avait quasiment pas d’arrestations arbitraires ni d’exécutions sommaires, peut-être quelques cas de tortures. Tandis que des ratissages de l’armée font des centaines de victimes (mais nous n’en connaîtrons l’ampleur que plus tard), les assassinats d’intellectuels et de journalistes se multiplient. Tributaire de la presse éradicatrice, celle qui attribue tous les meurtres aux « islamistes », il est difficile d’avoir des informations précises. De plus en plus souvent, je me pose la question à qui profite le crime ?
Durant ce séjour, plusieurs moments clefs vont me marquer, je n’en évoque ici que deux. Fin octobre, trois agents consulaires français sont enlevés, prétendument par le GIA. À leur libération, ils portent un ultimatum pour tous les étrangers résidant en Algérie leur intimant de quitter le pays avant la fin novembre. Ma famille est concernée et je vivrai l’exil forcé d’un parent un an plus tard comme un arrachement. Il y en aura d’autres dans les années suivantes. Fin novembre, un autre crime m’intriguera : le cheikh Mohamed Bouslimani, président de l’association caritative El Irshad oual Islah, est kidnappé par une mystérieuse organisation, l’OJAL (Organisation des jeunes Algériens libres, un escadron de la mort anti-islamiste). Sa dépouille est retrouvée deux mois plus tard et le GIA revendique l’assassinat. Comment deux organisations d’obédiences diamétralement opposées peuvent-elles être impliquées dans le même crime ?
Ces questions s’intensifieront à partir de 1994 et dans les années suivantes lorsque je rencontrerai des jeunes réfugiés en quête de protection à l’étranger qui relateront les faux islamistes, les enrôlements forcés dans les milices armées par l’État, les enlèvements, les cadavres des sommairement exécutés jonchant les rues et autres crimes. Bientôt cependant, ce ne seront plus des récits individuels qui nous bouleverseront. Et comme beaucoup j’appréhenderai tous les matins l’annonce de nouveaux massacres commis dans la nuit précédente.
En raison de cette situation à la fois alarmante et difficile à décrypter et l’afflux constant de réfugiés en Allemagne, nous avons créé en 1997 l’association Algeria-Watch dans le but d’informer sur la situation en Algérie et de soutenir les demandeurs d’asile. Jamais nous aurions imaginé que 25 ans plus tard ce travail serait encore d’actualité.
Durant les trente ans qui nous séparent du putsch, deux moments d’espoir nous ont portés : la rencontre à Rome en 1994-1995 de l’opposition représentative proposant une sortie de crise que le commandement militaire a totalement rejetée ; et le Hirak, ce mouvement populaire qui en février 2019 a surpris tout le monde par son ampleur, sa fougue et sa maturité. Si la pandémie et la répression lui ont porté des coups durs, l’esprit du Hirak continue de nous inspirer…
PAR AW · PUBLIÉ JANVIER 11, 2022 · MIS À JOUR JANVIER 11, 2022
Rafik Lebdjaoui, 56 ans, journaliste et membre d’Algeria-Watch, Algeria-Watch, 11 janvier 2022
Tout a commencé ce fameux 5 octobre 1988. Le pays tout entier a changé d’époque du jour au lendemain. La veille, les rumeurs couraient dans tout Alger : « Demain, ça sera la grève générale et tout le monde sera dans la rue. » On n’a jamais su qui était à l’origine de ces rumeurs.
Pour ma génération, née après l’indépendance, qui avait l’impression à l’époque de vivre en noir et blanc, ce 5 octobre a été une immense bouffée d’air frais, ouvrant vers des perspectives inédites. Dans les quartiers transformés en agoras, chacun y allait de sa thèse. Les jeunes, pris d’un enthousiasme contagieux, ont vu dans cet événement qu’ils ne maîtrisaient pas une occasion inespérée pour changer leur vie. Mais les plus âgés étaient plus réservés, voire inquiets, comme si au fond d’eux-mêmes ils ne croyaient pas à la possibilité de changement. Le massacre de dizaines de jeunes le 10 octobre, ordonné par le général Khaled Nezzar, leur a donné raison. Nos aînés, contrairement à nous, connaissaient intimement la nature du régime et ce dont il était capable.
Nous avons aussi découvert la torture qui se pratiquait dans les commissariats et les casernes de la Sécurité militaire. Dans les quartiers, ce sont des gens que nous connaissions qui ont subi la barbarie dans les sous-sols des commissariats. Pour nous, la torture était une horrible pratique coloniale. On avait tous en tête les scènes des films sur la guerre de libération, où on voyait les combattants passés à la gégène ou exécutés par les paras français. Le lien s’est vite fait entre le passé et notre présent. Cela a été un choc brutal, mais la peur ne nous a pas vaincu. Nous avions fait des études, nous avions des rêves, des projets. Nous voulions vivre dignement dans notre pays. Nous étions convaincus d’avoir la capacité d’être les acteurs de nos vies.
Les deux années qui suivirent cette déflagration fondatrice ont été un immense chamboulement. Très vite, des mots nouveaux ont fait leur entrée dans le langage quotidien : démocratie, laïcité, islamisme, constituante, souveraineté, liberté d’expression, boycott et tant d’autres. En quelques semaines, tout est devenu politique. La télévision nationale y a grandement contribué en diffusant des émissions de débat de toutes sortes, où on découvrait des hommes politiques, des universitaires dont on n’avait jamais entendu parler auparavant. On découvrait certes aussi nos différences, nos contradictions et notre inexpérience, mais notre enthousiasme était omniprésent, palliant toutes nos insuffisances.
Cette atmosphère de libération a duré deux ans. C’était un gigantesque atelier d’apprentissage. On a découvert que le pays recelait des hommes compétents, des gens sincères, mais aussi des clowns, des imposteurs et des méga-opportunistes – nombre d’entre eux sont toujours actifs dans le régime, trente ans après le coup d’État.
Un élan stoppé net
En 1990, la victoire du Front islamique du salut (FIS) aux élections municipales a quelque peu crispé l’atmosphère dans certaines sphères, et on a bien senti qu’il y a eu des sueurs froides. Les médias ont entamé une campagne anxiogène bien orchestrée, préfigurant une autre campagne plus virulente une année plus tard lors des élections législatives.
Tandis que dans les quartiers, l’atmosphère était différente : beaucoup d’Algériens voyaient, peut-être naïvement, en cette victoire un début de changement d’autant que les municipalités pouvaient, à leurs yeux, répondre à leurs immenses besoins parmi lesquels celui du logement. Les jeunes comptaient aussi sur les nouveaux maires pour obtenir des locaux commerciaux et pouvoir ainsi travailler légalement et en finir avec le commerce informel, qui consistait à vendre tout et n’importe quoi sur les trottoirs de la ville.
Mais la gestion des municipalités par le FIS n’a pas été à la hauteur des attentes. Certes, l’incompétence ou l’inexpérience de ses élus n’étaient pas les seules raisons de la piètre performance du parti islamiste : de nombreux facteurs, politiques et juridiques, ont joué contre les nouveaux gestionnaires. Mais il est certain qu’aux yeux de beaucoup l’image du parti a été atteinte.
Des logements et des locaux commerciaux ont bien été distribués, mais cela relevait souvent de l’acte symbolique. Beaucoup d’Algériens se souviennent que le « fait d’arme » le plus spectaculaire des élus du FIS a été le remplacement de la devise « Par le peuple et pour le peuple » au fronton des mairies par « Municipalité islamique ». Cette séquence a fait perdre au parti islamiste quelques plumes, même si beaucoup y croyaient encore.
La nuit des généraux
Pendant que les Algériens découvraient les réalités de la politique, dans les hautes sphères du régime, les conspirations et conclaves battaient leur plein. Le sommet du régime se mobilisait pour la bataille électorale à venir. Début juin 1991, la tension est montée d’un cran, les militants du FIS occupant jour et nuit les places publiques à Alger, principalement la place du 1er mai et la place des Martyrs, pour protester contre la loi électorale qui, selon eux, les défavorisait.
Ce fut une séquence étrange. Deux mondes semblaient cohabiter : d’un côté, les partisans du FIS faisaient preuve d’un activisme intense ; de l’autre, le reste de la population observait leur comportement avec un sentiment mitigé, entre inquiétude et indifférence. Mais l’écrasante majorité n’adhérait pas à la désobéissance civile prônée par le FIS. Hormis quelques débrayages çà et là, la vie suivait son cours, les universités, les écoles, les hôpitaux, l’administration et les autres secteurs fonctionnaient normalement. Beaucoup se rendaient à la place du 1er mai par curiosité pour voir ce qui s’y passait. Des tentes étaient dressées et de temps en temps les chefs du FIS venaient haranguer la foule du haut de la passerelle pour piétons.
La nuit du 4 au 5 juin fut le choc. Les brigades de gendarmerie envahirent les places publiques avec une violence inouïe. Les arrestations se comptèrent par centaines, on rapportait aussi des morts et des blessés, mais personne ne savait au juste ce qui s’était passé. On apprendra le 5 juin que le gouvernement de Mouloud Hamrouche avait démissionné, remplacé par Sid-Ahmed Ghozali, l’homme au nœud papillon.
Au fil du mois de juin 1991, les Algériens ont réalisé que la violence faisait désormais partie de leur quotidien. Les élections législatives, prévues en juin 1991, furent reportées à décembre, l’incertitude s’installait. Les débats enflammés, les controverses politiques cédaient la place à la peur et à l’inquiétude. Au cours de cet été de l’angoisse, la direction du FIS a été arrêtée de manière spectaculaire. Et les Algériens ont découvert ceux qu’on appellera désormais les « ninjas », ces policiers cagoulés à la brutalité illimitée qui seront présents dans leur vie quotidienne au fil des dix années suivantes.
Les élections ont eu lieu le 25 décembre. Comme prévu, le FIS a remporté la mise de façon nette. On se souviendra longtemps du visage livide et de l’expression haineuse du général Larbi Belkheir, ministre de l’Intérieur à l’époque, annonçant la victoire du FIS à la salle Ibn Khaldoun à Alger…
Plongée dans l’horreur
Malgré cette atmosphère de lourde inquiétude, beaucoup gardaient espoir. À l’appel d’Hocine Aït-Ahmed, le chef du Front des forces socialistes (FFS) qui avait obtenu vingt-cinq sièges, des centaines de milliers d’Algériens de tous les horizons ont manifesté à Alger le 2 janvier pour la poursuite des élections. Une atmosphère étrange, mélange de peur, d’inquiétude, d’espoir et d’incertitude, régnait lors de cette marche spectaculaire. Mais au fond, beaucoup pressentaient que les jeux étaient faits. De façon stupéfiante, les images de cette gigantesque manifestation, restée dans les annales du combat démocratique, seront pourtant détournées plus tard par les relais civils de la police politique pour justifier a posteriori le coup d’État en gestation.
Sidérés, les Algériens suivront à la télévision, le soir du 11 janvier, l’annonce de la démission du président Chadli Bendjedid. Une scène étrange où on le voit remettre un document au président du Conseil constitutionnel, tétanisé. Tous deux sont assis sur un fauteuil, aucun d’eux ne s’adresse à la population. C’est une voix off qui annonce la démission. Point final. Le président Chadli Bendjedid disparaît à jamais de la scène politique algérienne,
C’est à l’issue de ces quelques minutes que l’Algérie bascule dans l’enfer des généraux. Des milliers d’hommes sont envoyés dans de sinistres camps d’internement dans le désert. De très nombreux Algériens sans activité politique s’y sont retrouvés, sans comprendre ce qui leur arrivait. Certains sont arrêtés parce qu’ils sortaient la poubelle au moment du passage d’une patrouille de ninjas. D’autres se trouvaient dans une mosquée au moment d’une rafle. Beaucoup avaient seulement le tort d’habiter dans un quartier populaire où ils avaient comme voisins ou amis des militants islamistes.
Dans ces années terribles, la mort devient rapidement une compagne familière, la disparition une visiteuse du soir, la torture et la prison forment la banalité du quotidien. Des milliers d’histoires d’horreur se sont imprimées dans les mémoires, traumatisant des générations entières. Je n’en citerai qu’une.
Une histoire d’arbitraire… parmi tant d’autres
Un jour, un jeune gars du quartier est embarqué dans la nuit par les ninjas. Il est mis dans le coffre d’une voiture. Les voisins ont vu la scène de leur fenêtre. C’était le couvre-feu, personne ne pouvait sortir, mais tout le monde a entendu le jeune homme crier à pleins poumons : « Je n’ai rien fait, je n’ai rien fait. » On ne le reverra jamais. Quelques jours plus tard, sa mère est convoquée par les flics pour reconnaître le cadavre de son fils. On lui dira que seul son frère est autorisé à l’enterrer. Le lendemain, un quotidien annoncera dans une brève en dernière page qu’un « dangereux terroriste » a été abattu par une patrouille de police au centre d’Alger. Stupéfaction dans le quartier.
Ce n’est que plus tard que nous avons appris ce qui s’était passé. Un après-midi, le jeune homme était avec ses copains et ses copines dans un bois en train de faire la fête. Une patrouille de ninjas passe par là, s’arrête, tâte le terrain, interroge pour finalement décider d’embarquer les filles. Les gars s’y opposent, une rixe s’en est suivie. Un des garçons fauche un flic, prend ses jambes à son cou puis se réfugie chez lui. C’est lui que les ninjas ont embarqué à la nuit tombée. Quelques jours plus tard, il est présenté comme un dangereux terroriste abattu par les forces de sécurité.
Depuis ce maudit 11 janvier 1992, des dizaines de milliers d’Algériens ont pris la route de l’exil dans tous les coins du monde. De la France aux États-Unis, du Canada en Grande-Bretagne, des communautés d’Algériens se sont constituées. Le pays s’est retrouvé orphelin de ses propres enfants. Ceux qui sont restés ont résisté tant qu’ils ont pu, plongeant très souvent dans le désespoir de voir leur pays dépérir à vue d’œil.
Désespérés par les suites tragiques du coup d’État, la plupart de ceux qui sont partis ont pris leurs distances avec la politique. Le combat était trop inégal. Il a fallu attendre l’explosion joyeuse du 22 février 2019 pour que ces Algériens de la diaspora, devenus des ombres, ressuscitent : ces exilés qui ne se voyaient jamais se sont retrouvés pour défendre une cause qu’ils avaient perdue en 1992.
Corruption et prédation dans l’exercice du pouvoir Le cas de l’Algérie et de l’Iraq.
Assafir al Arabi a mené, tout au long de 2020, une étude concernant la corruption comme étant un des piliers du pouvoir, au même titre que la répression, la paupérisation, ou l’installation du désespoir.
Nous avons choisi pour cet exercice les cas de l’Algérie et de l’Iraq, et espérons étendre notre recherche à d’autres pays.
Ce travail va paraitre dans « les livres de Assafir al Arabi », en trois langues, Arabe, Français et Anglais, ainsi qu’une version en ligne.2021-01-08
Nahla Chahal
https://assafirarabi.com/fr
Les études que nous publierons concernant les exemples de l’Algérie et de l’Iraq, abordent la corruption non pas comme recours au « pot-de-vin » ou vol des deniers publics, mais comme un des plus importants mécanismes du pouvoir, une part essentielle de sa structure et du rouage de son fonctionnement.
La corruption n’est pas un symptôme qui peut être traité par lui-même et par des mesures qui lui sont propres, mais plutôt un instrument qui permet au(x) dirigeant/dirigeants de se maintenir et de perpétuer leur pouvoir et leur hégémonie. Elle peut être plus efficace que l’oppression infligée à la société sous différentes formes et que l’asservissement des gens par leur domestication, leur réclusion dans le désespoir de tout changement et leur condamnation à l’appauvrissement. La corruption pénètre partout, elle implique un grand nombre de personnes à des degrés divers, les conduit à se compromettre, ou du moins à l’accepter pour se faciliter la vie. Il y a aussi des couches sociales qui en bénéficient plus particulièrement parce qu’elles collaborent avec les autorités existantes, parfois pour des considérations idéologiques, ou pour des affiliations tribales ou communautaires.
De nombreuses études traitent de la question de la corruption en tant qu’indicateur de mauvaise gouvernance, d’absence de transparence, de défaillance des systèmes de contrôle et de responsabilisation, ou encore en tant que signe de la faiblesse de l’autorité du droit. Cette approche est largement dominée par les visions et les analyses de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, ou même de l’organisation «Transparency International », etc. qui se sont concentrées sur le népotisme, le vol, et la manière dont les personnes influentes se remplissent les poches. Elles ont aussi proposé des mesures pour protéger les lanceurs d’alerte, améliorer l’accès à l’information, faciliter le rôle de la société civile et mettre en place des mécanismes permettant à la société de demander des comptes aux fauteurs… Tout cela a fourni une base de données importante et utile.
Mais se limiter à cela reste insuffisant, car toutes ces actions ne saisissent pas la dynamique de la corruption ni sa fonction. Il est certain que ces aspects de la corruption ont un lien entre eux, qui leur donne du sens et en fait un véritable « système ». Les recherches présentées ici tentent justement d’examiner cette hypothèse et d’identifier les circonstances qui font fleurir la corruption.
Il existe bien évidemment une relation directe aussi entre la propagation de ce fléau et la défaillance du projet de libération nationale – ou sa défaite – car se débarrasser du vieux colonialisme ne peut être considéré en soi comme la réalisation accomplie de ce projet. De même que les privatisations massives concomitantes à cette défaillance ont ouvert des nouveaux accès à la corruption.
On constate également que les véritables mécanismes de prise de décision ont été occultés en faveur d’un montage formel des décisions au sein des conseils de ministres ou des parlements, ou alors en faveur du recours aux décrets qui sont des couvertures légales pour les pratiques de la corruption.
Dans son étude sur l’Algérie, intitulée « La corruption comme système de pouvoir en Algérie », Daho Djerbal (1) affirme que « la corruption est dite institutionnalisée lorsqu’elle n’est pas seulement généralisée mais aussi organisée sur la base de réseaux socio-économiques de clientèle, installés dans les appareils d’Etat et la diffusant dans la société à travers des relais plus ou moins occultes ». Elle est fortement présente dans les pays qui ont mis en place une économie de monopole étatique, aussi bien dans le modèle capitaliste que socialiste.
Il s’agit, pour le chercheur, d’un système rentier qui apparait comme « un système de régulation politique et économique, au sein duquel les relations entre l’État et ses institutions, les entreprises et leurs partenaires, la société civile et ses organisations, sont soumises, de gré ou de force, à une logique de régulation rentière pour l’allocation de l’ensemble des ressources nationales (humaines, naturelles, financières, techniques, organisationnelles), leur valorisation et la répartition des revenus qui en découlent. » La corruption est devenue « un passage obligé » pour l’accessibilité à plusieurs services publics.Sur le même sujet
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Économie informelle et privatisation de l’État
Quant aux décrets, Djerbal y voit autant de moyens de faire échapper les choix majeurs à la discussion des assemblées élues et aux pouvoirs démocratiquement délégués. Ce sont des outils mis en place pour assurer la reproduction élargie de ce nouveau système de gain et de profit, pour permettre l’évaluation des questions économiques par le seul pouvoir exécutif et pour mettre en place un arbitrage entre les intérêts contradictoires afin de créer plus de rentes et d’en organiser la pré-répartition. Il considère qu’il y a aussi une relation entre corruption et démocratie. Ainsi l’émergence de « pratiques pragmatiques » de l’autorité repose sur « le système de prébendes et de distribution des largesses, la fragmentation des espaces, des lieux et des acteurs quant à la perception de ce qui est licite et de ce qui ne l’est pas, de ce qui est moral et de ce qui ne l’est pas, de ce qui est légitime et de ce qui ne l’est pas… ».
Le chercheur donne de nombreux exemples tirés de la réalité algérienne pour illustrer sa réflexion, et analyse les « scandales » qui avaient éclaté au grand jour, la logique des procès qu’ils avaient provoqués ainsi que les jugements rendus à l’encontre de leurs acteurs.
Dans son enquête sur la corruption en Algérie, Rachid Sidi Boumediene (2) s’interroge, de son côté, sur ce qui est considéré comme corruption et fait remarquer qu’il existe une différenciation culturelle entre corruption et « pot-de-vin », appelé communément « tchippa » ou « qahwa », et qui est l’argent payé par le simple citoyen afin d’accéder aux services (parfois très ordinaires) ou de satisfaire tout autre besoin que la loi lui accorde pourtant.
Cette caractéristique du système clientéliste apparait dans l’autorisation de transgression délivrée en cascade à partir des rangs les plus élevés de la hiérarchie, mettant par la même les couches inférieures de la population à la merci des cercles dirigeants qui peuvent les punir autant que de besoin pour transgression de la loi écrite.
Sidi Boumediene révèle également comment les réseaux de la rente fonctionnent « en interne » comme une parentèle (la famille, le village, la communauté d’appartenance) ; et comment ils instaurent des régimes codés de dons, contre-dons et autres largesses, « dont le caractère obligatoire et la prégnance sont la caractéristique », et construisent ainsi « un système de droits et de devoirs socialement appréciés ». Cet usage renforce, selon lui, la cohésion du système clientéliste en créant, en préservant et en faisant perdurer des obligations réciproques entre ses membres. Ce qui lui fait dire que le régime en Algérie est désormais un régime néo-patrimonial.
Il affirme en outre que le système de pillage et de corruption tire sa durabilité de son acceptation par la société, car il n’est pas considéré – en partie du moins – comme un vol aux dépens de la communauté.
Ainsi, le schéma idéologique – qui fait du pillage un acte légitime, parce qu’il est finalement dirigé contre un État inconnu, non défini, et que les gens détestent depuis longtemps – devient l’accès au nouveau modèle social. Sidi Boumediene donne à cet effet l’exemple des opérations périodiques de distribution de l’aide aux « nécessiteux », ou celles liées à l’affectation de logements sur la base de listes, toujours contestées parce qu’unanimement considérées comme ayant été établies selon des critères ambigus. Il souligne que toutes ces opérations contribuent cependant, à embourber les bénéficiaires dans l’acceptation d’un système clairement injuste, mais utile pour ceux qui savent entretenir de bonnes relations avec les agents du réseau, afin de s’assurer une présence sur ces listes de faveurs.
Concernant l’Iraq, les chercheurs Muhsen Ahmad Ali (3) et Abdurrahman al-Mashhadani (4) co-auteurs d’un même texte, revu et corrigé par l’écrivain Omar al-Jaffal (5) , estiment que l’occupation du pays par les forces américaines en 2003, la chute du régime politique et le démantèlement de la plupart des pivots de l’Etat iraquien, puis leur reconfiguration selon la vision de l’occupation américaine et l’administration de Paul Bremer, («administrateur civil américain de l’Iraq»), ont conduit à convertir la corruption d’un phénomène qui peut être combattu et contrôlé, en un système protégé par des lois et des dispositifs législatifs. Ce même système peut aussi bénéficier des pratiques quotidiennes, celles de la force des armes, des médias, des tribunes et des fatwas religieuses. Ils soutiennent, par ailleurs que la destruction du secteur public a fait de l’emploi à revenu garanti un monopole du pouvoir et de ses partis, expliquant que les emplois sont utilisés comme autant de cartes pour acheter les votes des gens aux législatives, puisque les partis promettent aux membres de leurs clans et à leurs partisans une embauche en échange de leur voix aux élections. Le nombre des employés de la fonction publique dépasse actuellement les 4,5 millions, contre 880 mille en 2003.
Les deux chercheurs affirment que la recrudescence de la corruption et sa mutation en un phénomène social « accepté » après 2003 ont coïncidé avec le glissement du système politique vers une économie de marché dirigée par des partis politiques survenus avec l’occupant et/ou apparus après 2003, et dont les agendas reposent sur des fondements communautaires et ethniques. Ces partis ont approuvé des règlements et des lois en leur faveur, comme les lois sur le « service djihadiste » prônant une compensation matérielle pour les personnes ayant créé des organisations armées contre le régime de Saddam Hussein et les « prisonniers politiques ». Par conséquent, soulignent M. Ahmad Ali et A. al-Mashhadani, nous ne traitons pas uniquement d’un type donné de corruption, qui se produit par l’octroi de « pot-de-vin », dans le cadre d’activités illégales, mais nous faisons face à des cas de corruption protégée par un cadre juridique et qui comprend un plus large éventail d’activités économiques diverses, ce qui a soumis les richesses de l’Iraq au pillage de la part d’acteurs influents qui le contrôlent aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur. Les irrégularités financières ont ainsi enregistré des chiffres sans précédent et la dilapidation financière, entre 2003 et 2018, est estimée à plus de 350 milliards de dollars.
Les deux chercheurs soulignent dans ce sens, qu’il existe une relation étroite entre, d’un côté, la propagation et la recrudescence de la corruption, et de l’autre, les facteurs extérieurs qui incitent à sa pratique et la soutiennent, car de nombreux cas de corruption sont liés à la réalisation d’objectifs stratégiques pour d’autres pays.
Leur texte traite donc des manifestations de corruption en Iraq dans divers secteurs, ainsi que des instruments utilisés par l’autorité pour assurer sa continuité à la tête du pays ainsi que ceux dont elle use pour tenter de satisfaire la société.
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Comment réaliser le changement, et autres questions inquiètes
La recherche sur la question de la corruption en particulier se heurte à diverses difficultés, dont certaines sont réellement contraignantes, notamment le manque de données publiées, les obstacles devant l’accès aux documents et surtout l’absence de documentation, la suspicion à l’égard de celui/celle qui fait une recherche et le préjudice qui pourrait lui être causé, même avant la publication de son travail. A cela s’ajoutent les difficultés liées aux chercheur.e.s eux-mêmes et qui vont de la tentation d’adopter une méthode et de s’en contenter juste parce qu’elle est connue, à la faiblesse ou au manque d’institutions qui encadrent les chercheur.e.s et les soutiennent, en passant par la concurrence autour du peu disponible, ou encore la régression du niveau culturel et des connaissances en général, etc.
En conclusion, la réflexion que nous présentons ici relève d’une « obsession » qui n’a pas encore eu son dû quant à la recherche et à l’effort et qui se résume dans la question : Comment les autorités en place gouvernent-elles nos pays ? Assafir al-Arabi et les chercheurs ayant participé à ce travail espèrent avoir réussi à aborder certains aspects de la réponse à cette question fondamentale.
Traduit de l’arabe par Saïda Charfeddine
La première édition des “Livres de Assafir al-Arabi” peut être téléchargée ici en format PDF
1- Daho Djerbal est historien, il enseigne l’Histoire contemporaine à l’Université d’Alger 2. En plus de ses nombreuses recherches en histoire économique et sociale, il travaille à la relation entre Histoire et Mémoire. Il est depuis 1993, directeur de la revue Naqd, d’études et de critique sociale.
2- Rachid Sidi Boumedine, a une double formation, de scientifique et de sociologue. Il a publié, au cours de sa carrière universitaire et de consultant en Algérie et à l’étranger, nombre d’ouvrages et d’articles.
3- Professeur d’économie politique à l’Université de Bassora.
4-Maître de conférence à Al-Iraqia University, spécialisé dans les relations économiques internationales.
5- Poète et écrivain irakien, a récemment travaillé sur un projet d’analyse du gouvernement local de Bassora –Iraq, dans le cadre du « programme des études sur les résolutions des conflits » de l’université LSE de Londres. A obtenu le prix Mostafa Husseini des jeunes journalistes en 2017.
بشير عمري
في خضم كل مظاهر هاته الاحتفالات بإنجازات كرة القدم التي عاشها الشارع الجزائر نهاية العام المنصرم (الكأس العربية) وبداية العام الحالي (الكأس الافريقية)، قفزت بالشعب ذاكرته عن محطات مهمة في تاريخه السياسي، شكلت بتداعياتها جزاء كبيرا من آلامه الصارخة اليوم وحطام آماله وأمانيه التي عصفت بها أمواج من عنف غير مسبوق تحركت رياحها من مناطق بعيدة من تاريخ قلقه الوطني ومشكلاته التاريخية والسياسية، كذكرى انتخابات 26 ديسمبر 1991 التي لا يزال الملاحظون يعتبرونها الوحيدة الأنظف والأنزه قبل أن تستحيل الأذبح والأسلخ، في تاريخ البلاد من بعد اقتراع تقرير المصير سنة 1962، ثم ما تلاها من وقف للمسار الانتخابي في 11 جانفي 1992 ودخول البلاد نفق مظلم لم تفلح كل المساعي الملتفة عن أسبابه الحقيقية في خطب السياسة والاعلام في محو أثاره السلبية إلى اليوم.
في ظل هذا كله ما الذي جعل الذاكرة تضيع وسط صخب كرة القدم ويسقط الماضي المشتعل الممتد بنيره ووهجه إلى الافاق البعيدة ممهدا السبيل لوعي جديد بمسائل الحكم والوطن والوطنية؟
لا جرم أن سلطة الاعلام وسطوته على الضمائر تبدو أكثر من بارزة، فرغم ما وفرته تكنولوجيا الاتصال والتواصل اليوم، من أسباب التحرر من ربقة الاقتياد الإعلامي الرسمي الذي كانت تعتمده النظم السياسية المُعلبة المتلاعبة بوعي الشعوب، إلا أن قوة وسائل التلهية ووفرة وقودها (المال) أصبح يشكل “اقتيادا نعاما” وشبه اخياري للضمائر وتعطيلا ذكيا لمجرى ومسرى الوعي في سبيل اكتماله.
في الجزائر كان الاعلام وأخصه ذكرا الصحافة السياسية الأقوى إقليميا في صدر الانفتاح والتعددية بعد أحداث أكتوبر 1988، يوم تحرر العقل الوطني من قيود واقتياد الخطاب الرسمي الأحادي وصار يبحث عن معنى آخر لوجوده الوطني، بحث وسعي حثيث جعله يرتد إلى أغوار السنين بل والقرون ليعرف مأتاه ويستشرف منتهاه، فأصبح التدافع على الأكشاك والمكتبات ونقاط بيع الصحف والمجلات ظاهرة مسجلة والمرصودة في كل المناحي والنواحي بالبلاد!
الأمر صار إذان، مبشرا بتوطيد وتوكيد القطيعة النهائية مع الوعي الخاطئ بالوطنية الأولى المفروضة والتي تشخصنت وتحزبت وتدنست بأقداس الزعامة المارقة عن الحقيقة، وبدأ العقل الوطني يعيد تركيب نفسه وفق معطيات الحقيقة الجديدة المتجلية، عبر إيقاع متسارع ولكن أخطاء ساسة جعل التعامل معه متسرع وهو ما حرف مسار العهد الجديد عن سكته بإعطاء الذريعة لأعداء التغيير والعهد الجديد بالانقلاب والنكوث على كل تعهدات تيار الإصلاح في السلطة!
كانت فعلا ثورة قلم قد بدأت بهدوء العقل ورزانة التجربة تشق طريقها نحو إعادة نمذجة الوعي السياسي والوطني وتفرز مواطنا جزائريا قابلا ومستعدا للمشاركة السياسة بخارطة إدراك سياسي صحيحة ومتحررة من كل اكراه وجبر أيديولوجي أو أمني.
كان الإنجاز كبيرا والتحدي أكبر، والتنوع والاختلاف مشتعلان في سجالاتهما وجدالاتهما ليس في الساحات ولا في الميادين أو الجبال بل على صدر الصحف بين كل التيارات والسلطة وبين السلطة ونفسها وبين التيارات المعارضة أيضا فيما بينها، ولا أمثل فضاء نتصوره من هذا كي يتربى ويتقوى الوعي الجديد بالمسألة الوطنية، إذ كان القارئ وقتها يرى كل البضاعة الأيديولوجية والسياسية معروضة أمامه على تلك صدر تلك الصحف منشورة والمنتشرة في كل مدن، قرى ومداشر البلاد.
وإذا بغيوم الشؤوم تلبد سماء الجزائر شتاء 1992 وترتكس التجربة عبر بادرة خطيرة تمثلت في وقف، ليس فقط المسار الانتخابي كما يشاع، بل كل مسارات استكمال نشوء الوعي الجديد الذي تحتمله المرحلة الجديدة الموسومة بالتعددية بعد أزيد من ثلاثة عقود من الأحادية الحادية عن منطق وصواب التاريخ، وتشوه المنقلب، إذ ألبست المرحلة الجديدة (التعددية) بلباس قديم (أحادية) فعاد الصوت الواحد يفرض نفسه فقط هاته المرة عبر أفواه عدة بعدما كان يصدر من فم واحد (السلطة)
كل الصحف صارت تتهاوي أمام وقود الاشهار الذي احتكرت محطات التزود به السلطة، وشيئا فشيئا صار الاعلام السياسي يتآكل ويتعاظم في مقابله الاعلام الرياضي الكروي الذي اهتم باغتسال العقل واعتقال الذاكرة وحبس الوطنية ومفهومها في مدرجات الملاعب بعنوان الصيحة الشهير وان، تو، ثري viva l’Agérie عنوان مأساوي دال على اغتراب شامل وكامل للذات وكسوف جزئي للوعي، وانتصار مؤقت في معركة المصير الكبرى للمجتمع بين ثورة القلم التي كانت للإحياء بعد أكتوبر 1988 وكرة القدم التي جاءت للإلهاء، وإذا كان الالهاء توجها منكرا في التاريخ وبالتالي مصيره ومآله الانتهاء، فإن الاحياء يظل متجذرا مهما داسته قوى الرفض للتغيير والتحرر.
كاتب جزائري
PAR AW · PUBLIÉ JANVIER 11, 2022 · MIS À JOUR JANVIER 12, 2022
المِعطاء , 60 سنة, اطار في الخزينة العمومية (1985-1995), Algeria-Watch, 11 jabnvier 2022
طلبت مني أخت فاضلة أن أدلي بشهادتي على انقلاب ١١ جانفي ١٩٩٢ بحكم معايشتي لهذا الحدث المفصلي في تاريخ الجزائر ما بعد الاستقلال٠
هذه الأخت التي منذ عرفتها وهي تحمل تلك الصبغة الجزائرية العميقة,هي التي لا تسكن الجزائر و لكن الجزائر تسكنها ٠كما يحلو للجزائريين القول في أمثالهم الشعبية إنها بنت كي الذهب لا تحول وتزول٠
لولا خوفي من أن اختزل جهدها و عطاءها الدؤوب للقبتها بأيقونة الجزائر للعطاء٠
لقد طلبت مني أن أدلي بشهادة من نوع خاص ليست بشهادة معاينة وسرد لحيثيات إنما الأمر أعمق من هذا بكثير لان الحدث لا يختزل في لحظة وقوعه و لا في التسلسل الكرونولوجي لِتطوراته إنما هناك أبعاد أخرى تتجلى في مآلاته التاريخية٠
إنه حدث الانقلاب المشؤوم الذي قامت به الطغمة الحاكمة في الجزائر جانفي ١٩٩٢ على ارادة شعب في أول انتخابات حرة و ديمقراطية عرفتها الجزائر و التي لم تكن لها ثانية إلى يوم الناس هذا٠
كما سبق وأن أشرت سوف لن أسرد عليكم احداث الانقلاب بِمؤشراته القبلية وما ترتب عليها من بعد,
إنما سأغوص بكم في بعد من أبعاد مرحلة زمنية ثمينة عاشتها الجزائر كانت ستكون انبعاث حضاري للأمة الجزائرية ٠
إن اعتبرت نفسي من صُناعها أو من صِناعتها , فالأمر الأهم من كليهما هو تلك الوقفة التاريخية الجوانية لتلك الحقبة في نفسية الفرد الجزائري
لم اكن اعرف معنى للحرمان إلا من حيث أن المرء لا يأخذ أو لا يتحصل على ما هو حق له، فاكتشفت أن الحرمان من العطاء هو أقسى و أمر من الاول٠
انا من ابناء جيل الثمانينات ,الجيل الذهبي للجزائر الاستقلال كما يلقب , و أنا أفضل تسميته الجيل الجسر الذي كان عليه أن يصل بين جيل التحرير و الجيل الحالي الذي أتى من بعدنا و المؤسف أن هذا الجسر ( الجيل) تم تدميره٠
إبن الطبقة الكادحة، كانت معايشتي اليومية للعوز في الحقوق الاجتماعية من مسكن وملبس ومأكل وكذلك في الحقوق المدنية حيث الحريات التي كان يحدها أنواع كثيرة من الخوف ٠
ترعرعت في هذا المحيط الذي كنت اعتبره محيطا خارجيا اما محيطي الداخلي فكان في الحقيقة ذلك الحي، تلك العائلة الكبيرة المتمثلة في المجتمع حيث مشاعر الاخوة المفعمة بالحب و التكافل و التآزر يجعل من الفرد يحس انه ابن الحي والمجتمع الذي هو متواجد فيه٠ كان لذلك المجتمع(الحي) أب واحد وأم واحدة حيث الأبوين لا يفرقان بين أولادهم٠
كنا نتقاسم كل شيء ،من الافراح و الاحزان الى المأكل و المشرب و الملبس٠تربينا في بيئة سِمتها حب العطاء والتسابق فيه محموم كل فيما استطاع إلى ذلك سبيلا، إبتداءً من الكلمة الطيبة التي تخرج من الفم الى الدورو (الدرهم) الذي يُستخرج من الجيب٠
لما اشتد عودي ووعيت الأمور كباقي أبناء جيلي حيث تحصلنا على رصيد من التعليم و الوعي سمح لنا بتطوير إدراكنا للأمور وخاصة مما يتعلق بحب الوطن و كان حب العطاء قد تجذر فينا فبهذا اقترن لدينا حبين لشيئ واحد، حب الوطن وحب العطاء للوطن
هذا الحب الذي تجسد في الانجازات المتعددة المجالات التي برع و تألق فيها جيل الثمانينات ٠
فكانت الجامعات الجزائرية تُخَرج آلاف الطلبة سنويا ذو المستوى العالمي ،رياضتنا أبهرت العالم في مجمل التخصصات ٠كان لصِناعتنا إسم على المستوى الدولي هذا ما جعل للجزائر مكانة مرموقة في المحافل الدولية٠
كان هذا الجيل يستحق بجدارة رفع المشعل ليواصل مسيرة العطاء التي بدأها شهداءنا بتقديم الأنفس فداءً لتحرير الوطن و جاء دورنا في التعمير لما تركه التدمير (الفرنسي)
كانت تلك الانتخابات بمثابة العقد الأخلاقي السياسي الذي كان بموجبه استلام جيلنا تلك المرحلة متعهدا بالاستمرار في العطاء ،فجاء إلغاء هذه الانتخابات جناية أخلاقية في حق حب التضحية و العطاء ٠
لم اكن اشعر في تلك اللحظة غير إحساس بالحرمان من فرصة العطاء تلك، رغم ما واكب ذلك الانقلاب المشؤوم من مآسي في لحظته والأيام التي تلته و كنت أنا أحد ضحاياها ٠
و هذا الشعور المر والمؤلم لازال يسكنني، أصبح كالجرح الذي لم يندمل ،و شاءت الأقدار أن أُهَجر من هذا الوطن منذ أكثر من عقدين من الزمن وأحل في بلد أرى فيه تناوب الأجيال على خدمة وطنها ، فتراني أخاطب نفسي كالمجنون ، لماذا حُرمنا من العطاء وكان عطاءنا بدون مقابل٠
لما فهمت السياسة و أقصد السياسة بمفهوم أبي الأمٌي ،ليست سياسة المقررات الجامعية ،حيث قال لي ذات يوم من أيام المحنة تلك يا بُني :إن مشكلة الجزائر أبسط مما تتصورون و أصعب مما تستطيعون فقلت كيف يا أبتي
فقال:وضع الجزائر يشبه قصة أولئك الخمسة من الرهط الذين اقتسموا خمسة خبزات( أرغفة) فأخذ واحد منهم اربعة خبزات بدون مقابل و اقتسم الأربع الباقون الخبزة الواحدة المتبقية بمقابل٠
فمِن ذلك اليوم فهمت ان الصراع في وطني هو بين أهل العطاء بدون مقابل و بين أهل الأخذ بدون مقابل ٠
لما صرت أبا بدوري، وقد مر على تلك اللحظة النصف التالي من وجودي في هذه الحياة فقمت بجولة في عالمي الخاص الى تلك الجلسة مع الوالد رحمه الله و عاودت الاستماع إليه من موقعي كأب أنا كذلك ٠فإذا بي كأني أسمعه يقول:
إن الظلم و الاستبداد هو الذي لم يسمح لي أن أوفر لك أدنى مستلزمات الحياة الكريمة كالخبز الذي تمثلته في عبرتي تلك٠
هذا شعور عميق وأصيل لأب تنطلق رؤيته لهذه الحياة من مبدأ الحفاظ على وجوده و وجود من كان سبب في وجوده٠
هذه كانت حسرة أبي و جيله ممن طالت أعمارهم الى ما بعد الاستقلال ظنا منهم قد أُعتقوا إلى وجود الحرية و عليهم بالحفاظ على وجود البقاء٠
والحقيقة أن حريتهم سلمها العدو الفرنسي للغدار الجزائري فقلب الاستقلال إلى احتقلال ، وهذا الذي من شيمته الغدر أعادها مع أبنائهم فكان انقلاب جانفي١٩٩٢ بمثابة الاحتلال بالنسبة لي وجيلي لتطابق صور و معاملات النظام الانقلابي التي عايشناها حينها مع ما رُوي لنا أو اطلعنا عليه من التصرفات والممارسات الوحشية و الهمجية للعدو الفرنسي
انقلاب جانفي ١٩٩٢ كان لحظة كل لحظة ،لم نفقد من جرائه كل شيء وإنما افقدونا الشيء كله٠
كأننا تنازلنا على وجود من أجل وجود أخر أفضل سيأتي بعد الانتخابات فإذا بنا حُرمنا منه و بذلك فقدنا وجودنا القبلي فأصبحنا موجودون في اللاوجود٠
تمر عليا لحظات وكأن الزمن توقف في يوم الإعلان عن وقف المسار الانتخابي ،اتمثل جسدي يسير و روحي تخلفت عنه بعدما انفصلت منه ،أَتمثلهما يختصمان في منتصف الطريق٠
لماذا أنت تائه الى بلاد الغربة ،يقول الروح للجسد
حملتك و تحملت محنك والآن استرحت منك، يرد الجسد
أنا هنا باقي (في الجزائر) عسى أن أجد من يحملني لنحمي الجزائر، يرد عليه الروح
فلكم أرواحنا يا شبابنا(شباب اليوم) إنها من مَسحة شهدائنا سِمتها العطاء ٠