Il y a 55 ans, le 19 juin 65, le colonel Mohamed Boukharouba, chef d’Etat-Major de l’armée des frontières, complétait son Coup d’Etat préparé en 61 à Ghardimaou et exécuté en partie le 09 septembre 62 à Alger. Il destituait Ahmed Ben Bella qu’il avait intronisé provisoirement durant l’automne 62 à la tête du pays après une « élection » à la Naegelen. Il avait à l’époque besoin d’une façade politique pour préparer sa prise de pouvoir, lui qui était inconnu au bataillon durant la guerre de libération.
Son « œuvre » de prise du pouvoir avait commencé en réalité en 61, lorsqu’il avait envoyé Bouteflika au Château d’Aulnoy pour sonder certains des 5 détenus du FLN (Ait Ahmed, Khider, Boudiaf, Ben Bella et Bitat). Remballé par Boudiaf, il trouva une oreille réceptive auprès du malheureux Benbella qui se voyait déjà le grand Zaïm de la future Algérie indépendante.
Pour l’anecdote, comment Bouteflika a-t-il pu rencontrer aussi facilement les responsables du FLN emprisonnés en France ? Même avec de faux documents au nom de Mohamed Boukharta, fonctionnaire du ministère marocain des affaires africaines (du temps du Dr Abdelkrim El Khatib), comment a-t-il pu passer entre les mailles du SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage). Les services secrets français ignoraient-ils vraiment la qualité du visiteur (capitaine, faisant fonction de secrétaire à l’Etat-Major de l’armée des frontières) ? Ont-ils laissé faire pour approfondir les divisions entre l’EM des frontières et le GPRA ?
Pour revenir au grenouillage boulitique de 62, après avoir intronisé Ben Bella comme « président », Boukharouba plaça ses hommes de confiance au sein du gouvernement et des institutions en formation. Il occupera le poste stratégique de la Défense nationale. Le malheureux Khemisti, ministre des affaires étrangères sera éliminé par un « fou » et Bouteflika occupera le poste. Medeghri occupera le ministère de l’Intérieur. Les régions militaires et les services de sécurité seront pour la plupart prises en main par les officiers de l’armée des frontières.
Une fois ce maillage réalisé, Boukharouba pouvait terminer son complément de Coup d’Etat commencé en septembre 62. Et c’est ainsi que le 19 juin 65, il signifia la fin de mission à Ben Bella qui sera privé de liberté durant 14 ans.
Et l’Algérie subit à ce jour les retombées de ces aventuriers militaristes des frontières.
Salah-Eddine SIDHOUM.
Le complément de Coup d’Etat du 19 juin 1965
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