Abdellah CHEBBAH. Juin, 2020
‘’C’est dans des moments de crise que s’amasse les grosses fortunes’’.
Cette citation décrit pleinement certaines situations vécues par les Algériens dans les moments les plus difficiles. Nous l’avons vu pendant l’indépendance, la période Chadli, pendant le terrorisme, la période Boutéflika, pendant le Ramadan, pendant la fête du mouton… à chaque occasion où un gain facile en argent ou en biens est possible. C’est à dire pendant toutes ces 58 années. C’est ainsi que l’on a ruiné le pays et le petit peuple.
La seule et unique raison qui expliquerait cela est bien entendu le système politique intronisé depuis l’indépendance, bâti sur des passes-droits, la corruption et l’escroquerie.
Ces personnes qui ont tout le temps été choisies au sommet de la pyramide de l’état pour gouverner le pays ne se sont jamais préoccupées de ce problème de surenchère de tous les biens et services nécessaires aux citoyens. Ils se sont uniquement contentés de subventionner les produits de première nécessité pour maintenir le citoyen loin de la famine. Pour le reste, impossible au citoyen lambda de prospérer honnêtement par la sueur de son front. Aujourd’hui, on peut compter des millionnaires, des milliardaires, suceurs de sang, qui n’ont pu amasser des fortunes que sur le dos de l’état et du petit peuple, à une vitesse vertigineuse.
On peut citer des exemples en masse au niveau de tous les secteurs.
En agriculture, le ‘’fellah’’ vend ses produits à un premier mandataire qui les revend à un autre et à un autre avant qu’elle arrive au marché de gros. Cette marchandise a été surestimée plusieurs fois son prix de départ. Idem en produits d’importation, taxés par la loi, retaxés par le douanier et retaxés encore une fois par le vendeur. Autant d’exemples à citer. Voilà comment se sont constituées les grosses fortunes. Je ne parlerai pas des contrats entre entreprises étatiques et privés qui se sont enrichis à coup de pots de vin pour finalement dépeaufiner le consommateur Algérien. La justice supposée appliquer les lois, les bafoue elle-même en ayant créé une lourdeur d’exécution qui, à coup d’interventions et de surenchères s’est elle-même impliquée dans la rapine. Ces avocats, ces juges, ces magistrats en toges noires ont pérennisé un système de bandits eu égard à leur profession. Les caisses du trésor public ont été dénuées de leur essence. L’argent a toujours circulé dans l’informel sans contreparties.
Ces incultes, ses ignorants, ses nouveaux arrivistes, ces voyous se sont érigés en professionnels, en spécialistes de produits venus d’ailleurs. Rien n’a été créé pour pouvoir prétendre à une plus-value.
Nous les voyons exhiber leurs richesses mal acquises. Ils se pavanent en belles voitures dernier cri. Construisent de somptueuses résidences, des palais, des châteaux, des forteresses, des buildings à plusieurs étages à leurs enfants et petits-enfants qui ne les occuperont jamais. Certains se sont même permis des jets.
Mais il y a une chose qui les distingue parfaitement des autres citoyens humbles et honnêtes: leur allure, leurs accoutrements, leur obésité, leur aura, leur mentalité, leur inculture, leur ignorance de la société qui est autour d’eux, leur obstination à cumuler le plus d’argent et leur manque de civisme et vulgarité affichés. Ils se sont introduits dans tous les secteurs de la société et de l’État pour imposer par la corruption, leur médiocrité, leurs mensonges, leur inculture, leur façon de vivre que le citoyen lambda réfute des yeux par étonnement. Ils les ont longtemps laissé envahir les grandes espaces pour avoir contaminé les générations futures. Un système de va-nu-pieds s’est mis en branle depuis que la compétence, le sérieux, le contrôle et la rigueur ont été bannis de l’agenda des autorités, elles-mêmes corrompues.
C’est le seul pays au monde où des ministres, des hauts gradés de l’armée, des juges occupent des professions d’hommes d’affaires simultanément à leur statut.
Ces suceurs de sang, ces vampires, ces Draculas, ces zombies sans scrupules ont contaminé toute une jeunesse qui a déserté l’école pour s’adonner au gain facile dans l’espoir de s’enrichir le plus facilement et le plus normalement du monde.
C’est ce que l’état a défini comme le libre marché.
Nous sommes à la veille de la fête du mouton. Cette année, elle sera exceptionnelle. Un problème sanitaire pandémique oblige à réfléchir. Va-t-on sacrifier le mouton ou le citoyen? En de telle circonstances insensées, ni l’un ni l’autre. Mais allez dire ça aux suceurs de sang de tout genre. L’état est fragile dans sa position. N’ose pas se prononcer. Les religieux se tiennent la tête et souhaite perpétuer la tradition. Le peuple est divisé. Mais les maquignons affûtent leurs couteaux. Ils viennent d’annoncer la couleur. Le prix du mouton se verra augmenté de plus de 50% en raison des aléas du Covid-19. Bon prétexte pour la surenchère.
Ils vont encore une fois sacrifier le mouton et saigner son propriétaire. Tant pis pour les pauvres. Ils ne mangeront pas de viande cette année, même pendant l’Aïd.
L’ALGÉRIE EST ENTRE LES MAINS DE FOSSOYEURS, DE DÉMONS, D’ALIÉNÉS MENTAUX.