Une certaine idée de la dignité intrinsèque de l’action politique aurait pu inciter à un silence pudique sur la manœuvre peu glorieuse du 17 septembre. Comme on pourrait taire un honteux secret de famille. Il arrive que l’état de délabrement politique et moral d’un système de pouvoir fasse honte à tout un pays. Mais il se trouve que ce type de manœuvre constitue depuis de nombreuses années la substance même de la relation du pouvoir à la société et à la politique. En faisant supporter sa pérennité et son unité par le désordre et des déchirements en cascade à l’intérieur de la société. Le pouvoir opère en binaire. Occupant les deux pôles d’une scène caricaturée à l’extrême, le système de pouvoir s’agite et agite pareillement les deux. Cette façon de procéder en exploitant une situation préalable, ou crée de toutes pièces, pour manipuler, récupérer, faire avorter ou au contraire prolonger et gérer une crise, a déjà fait la preuve de son coût… pour le pays dans son ensemble.
Infiltrer, radicaliser et manipuler les groupes sur facebook, dans les journaux, dans les quartiers, les clubs de supporters, les mosquées, les bars, les milices et les groupes armés pour n’avoir pas à laisser se développer une vie politique saine régie par des lois et des règles applicables à tous, cela a un coût. Dans les quartiers, comme on a pu le constater lors des dernières opérations de relogement, cela signifie mettre ponctuellement le pouvoir entre les mains de délinquants violents pour rétablir l’ordre. Un ordre qui a d’abord été troublé par une corruption endémique au sein de l’administration. Et la neutralisation de toute contestation citoyenne organisée. Ceci est un mode de gestion que les citoyens ont dans leur majorité appris à décoder au prix que l’on sait.200.000 morts, des milliards de dollars et une régression globale sont le coût effectif du dernier exercice grandeur-nature effectué sur ce pays à l’occasion de la sale guerre des années90.
L’appel sur facebook à une manifestation pour faire tomber le régime algérien le 17 septembre suivi d’une campagne « patriotique » pour « iskat » « iskat ennidham », n’a globalement mobilisé que sur la toile. Il dessine, à contrario, l’enfermement dans les deux pôles selon lesquels la manipulation du pouvoir s’est « relookée » en « opposition compradore » et « nationaliste – patriote fascisante ». C’est aussi le scénario idéal pour un autre grand dérapage. La manipulation se limitant rarement à un exercice ou à un acteur unique, elle peut tout aussi bien fonctionner à la manière des poupées russes. L’une pouvant contenir l’autre. A ce jeu là plus d’un rêve de maitre- chanteur peut se glisser entre deux massacres, tel est pris qui croyait prendre…
Certains propos tenus par les « patriotes » sur facebook, outre qu’ils ressemblent étrangement aux « zenga zenga » et autres gracieusetés de Kadhafi rappellent également la tonalité des tracts islamistes et anti-islamistes de ces dernières années. Au matin du 18 on a pu lire et entendre que le pays venait d’infliger un cinglant démenti à ses ennemis. En vérité, il ya longtemps que de « laqad nadjahna » au « retour de la stabilité » le pays qui se décline ainsi n’est plus un pays pour son peuple, juste un champ de manœuvres pour les uns et les autres. Chacun alignant ses barbouzes, ses barbus et ses bars de référence pour continuer à entretenir la confusion. Et entre deux épisodes de grande frayeur nationale, la multiplication des émeutes, la répression brutale des manifestations publiques, le harcèlement des militants et la succession des bavures donnent la tonalité « côté cour » d’un dispositif de répartition de la rente « côté jardin ».
« Je me suis toujours demandé si l’on pouvait n’être qu’à moitié patriote…il n’ya pas plus misérable que l’amour à sens unique. En l’occurrence celui d’un être solitaire, citoyen brisé qui bafouille en prononçant le nom de son pays. L’amour ne suffit pas à faire une patrie… Nous n’avons jamais réussi à être aimés par nos pays comme nous l’aurions voulu. » Ces mots sont ceux de l’irakienne Alia Mamdouh qui publie un texte à lire dans le Monde diplomatique de ce mois, sous le titre de : Le degré zéro de la patrie. Au-delà des différences de styles entre oligarchies, la trame de fond qui unit tous ces régimes despotiques réside précisément dans cette pression qui met les peuples en demeure de choisir entre la continuité du pays dans l’asservissement ou l’éclatement dans le chaos.
Refuser ce chantage apparaît aujourd’hui comme le commencement de la résistance.
5 comments
« laqad nadjahna »………drôle de nadjah !
Si le nadjah, la réussite, c’est user de tous les stratagèmes pour éterniser au pouvoir et éterniser au pouvoir dans le seul but de jouir des privilèges du Koursi, ce n’est pas un nadjah, parce que ce nadjah partira avec la personne lorsqu’elle quittera ce monde et sera vite oubliée, mais le vrai nadjah est de régner en homme juste, honnête qui n’est la haut que pour travailler, veiller et suer pour servir ceux qui sont en bas dans le besoin, en détresse, les malades, les pauvres… ceux là, ont effectivement réussi parce qu’à tout instant ils sont cités par le peuple ( et même par DIEU !) en bien et à leur mort leur corps disparaitra, mais leur nom restera à jamais gravé dans les mémoires !
Quant aux notres, qui les cite en bien??? tous confondus(démocrates, islamistes, talibanistes, socialistes, laics, athées, citadins, les paysans, artisans, employés, chômeurs, hommes , femmes..) les maudissent? mais pour eux, individus sans scrupules, sans foi ni loi, sans honneur ni dignité, ils se fichent qu’on les maudisse ou pas, ce qui compte le plus pour eux, c’est qu’ils ont réussi, ils sont kafzine et c’est ça le plus important pour « un tube digestif » de leur genre…et encore c’est bien payé, un tube digestif au moins lieu est utile…et surtout indispensable !!
@ el forkan plaise a dieu que tes paroles atteigne des
oreilles qui veules entendre ,ton frere en islam abd el
allah el muslim.
Prudence et garde-à vous! porte-plume prêt à (ne) confondre son rôle avec celui des généraux,des nomenklatura et drsklatura.
Un piment ou deux,puis faire passer l’idée dominante celle d’un régime qui betonne; disqualifier tout opposant,toute dissidence.
@abd el allah el muslim
Mon cher frère, inchallah, je souhaite de tout cœur qu’ils entendront la voix de la raison et se repentissent, il n’est jamais trop tard de bien faire et se racheter ……mais honnêtement, je ne me fais pas trop d’illusions, ces types là sont de ceux qu’Allah dit à leur compte : »صم بكم عمي فهم لا يرجعون »
» Sourds, muets, aveugles, ils ne peuvent donc pas revenir (de leur égarement) » verset 18, el baqara.
Ils ne peuvent revenir de leur égarement, alors la solution : les contraindre à revenir…. ou à fuir( je pense sincèrement qu’au moindre bruit ils déguerpiront,nos braves et courageux généraux qui n’ont jamais senti l’odeur de la poudre !!
dans tous les pays dit- colonialistes, les militaires s’entrainent à la guérilla, avec tous les armes modernes, c’est que dans tout ça se cache un système futur d asservissement avec l’aide de ces polito-militaro-mafieux de nos pays visant le tiers monde et tous les peuples qui veulent se révolter. voilà ce que toute personne sensée doit mettre en évidence