Abdallah CHEBBAH. Sept. 2019
Quelle mouche a piqué le ‘’Grand Chef’’ pour annoncer la tenue d’une élection présidentielle dans trois mois pile? Il faut vraiment avoir le culot et l’audace de prendre une telle décision inattendue, en envoyant tout un peuple aux antipodes. Chapeau! Mayna! Il faut le faire.
Pourquoi cet empressement à vouloir faire passer, comme à l’accoutumée, une élection, cette fois-ci de très grande importance, puisque le peuple n’arrête pas de manifester et de dire, depuis plus de six mois, haut et fort : un pouvoir civil et non militaire?
Un pays c’est d’abord un peuple et non une armée.
Le temps que veut se donner le peuple est d’une grande importance. Il ne veut plus qu’on décide à sa place. Il ne veut plus se subordonner à une quelconque institution ou à un quelconque corps de l’état. Dorénavant, ces entités doivent être à son service, fût-elle l’armée.
Organiser une élection présidentielle en un laps de temps très restreint, sans candidats, sans programmes, sans campagnes, sans partis, relève de la psychopathie. Le bricolage dans lequel vous avez mené le pays pendant plus de trente ans est révolu. La clientèle est différente. Elle est jeune, instruite, éclairée, ouverte au monde et sans bagages historiques illégitimes. Elle veut prendre tout son temps pour envisager son avenir. Vous avez brisé celui de ses parents. Jamais plus vous ne le refairez, vous dit-elle. Vous représentez un sérieux danger pour ce peuple. Elle veut prendre tout son temps pour le faire d’une façon correcte, réfléchie, digne et honnête, sans entourloupettes, ni cauchemars.
Vous avez la montre, ces jeunes ont le temps Rien ne les presse
Les raisons qui vous ont poussées à faire cette annonce ne concerne que vous et vos acolytes. Régler vos problèmes vous-mêmes, entre vous. Vous êtes assez grands pour le faire. Cela ne concerne nullement le peuple. Cette décision vous revient. Vous avez mené le bateau pendant soixante ans dans des eaux calmes à pécher le mal, aujourd’hui il faudrait amarrer seuls dans des eaux agitées.
Votre décision, telle que prise, n’est pas recevable et ne pourra aboutir, car cela nous rappelle une supercherie qui a dépossédé un peuple civil par un autre dit militaire, consacrée par la baïonnette.
Vous avez fait un très grand gâchis, impardonnable.
Revoyez votre histoire.