ALGÉRIE20/10/2019 10h:02 CET
- Rédaction du HuffPost Algérie
Le collectif national des défenseurs des détenus d’opinion a décidé de boycotter les instructions au niveau des tribunaux d’Alger (Sidi M’hamed et Bab El Oued) ainsi que les audiences de la chambre d’accusation de la Cour d’Alger. La décision a été prise jeudi à l’issue d’une réunion d’une réunion du Collectif national de défense des détenus d’opinion, organisée au siège du bâtonnat de Tizi Ouzou.
Les avocats, venus de différentes wilayas du pays, ont justifié leur refus de plaider devant la chambre d’accusation par le fait qu’elle approuve de manière “automatique les décisions des juges d’instruction que ce soit pour les mises en détention ou pour le refus de la mise en liberté”. Le Collectif national de défense des détenus d’opinion souligne que les lenteurs du traitement des dossiers des détenus d’opinion sont “voulues par les juges instructeurs des tribunaux de Sidi M’hamed et de Bab El-Oued”.
Des placements en détention injustifiés
La décision était dans l’air depuis plusieurs semaines, les avocats ayant fait le constat que le placement en détention provisoire était systématique à Alger contrairement aux autres juridictions où ces affaires ont été jugées et ont donné lieu à des acquittements. Certains avocats n’ont pas hésité à dire que ces lenteurs “délibérées” de la justice à Alger font des détenus d’opinion des “otages”.
Lors d’une conférence de presse au siège de SOS Disparus, des avocats avaient souligné ce fonctionnement spécial des tribunaux d’Alger. Me Mustapha Bouchachi, avait relevé que les accusations pour lesquelles les détenus étaient poursuivis – détention de drapeau amazigh, publication sur les réseaux sociaux – ne nécessitent pas d’enquêtes et devaient être traitées en comparution directe au lieu de faire l’objet de placement en détention provisoire.
Marche nationale de protestation des avocats
Me Nabila Smail avait relevé que des juges en arrivaient à dire ““Allah Ghaleb, maître” pour expliquer les placements en détention. Me Noureddine Ahmine avait de son côté estimé que la tendance à la mise en détention systématique à Alger des militants et des manifestants du Hirak comportait un message politique. “Comme si le message qu’on envoie est que l’on peut marcher ailleurs sauf à Alger. Leur but est d’interdire les marches à Alger. Ils arrêtent les activistes et ils pensent que c’est la seule manière d’arrêter le hirak…. ”.
Pour rappel, l’union nationale des ordres des avocats (UNOA) a appelé à une marche nationale à Alger, jeudi 24 octobre 2019. L’ordre national des avocats avait dénoncé dans un communiqué les arrestations de militants et de manifestants les qualifiant de “violation des droits et libertés constitutionnelles et des conventions internationales que l’Algérie a ratifié”. Il a également fustigé les “entraves faites aux avocats dans leur mission de défense des détenus” et a demandé aux “juges de se conformer aux lois et à leur conscience”.