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Redressement du système éducatif

by Redaction LQA

Prof. Abdelhamid Charif

Basé sur l’éthique et le mérite, un système éducatif peut devenir performant jusqu’à constituer la dynamo motrice d’une nation avec un développement durablement fondé sur l’économie du savoir ; faute de quoi il risque de se transformer en un fâcheux frein moteur, entravant sérieusement tout processus de réforme et ruinant profondément tout espoir de redressement. Il s’agit donc d’une arme à double tranchant, devant être gérée et manipulée avec responsabilité, perspicacité, et autant de sagesse que de courage.

Sans compter les multiples dommages collatéraux, chaque diplôme immérité grille directement deux compétences, en livrant un mauvais cadre ne pouvant que parasiter la profession et l’employeur, et gâchant, du coup, le bon artisan qu’il aurait pu devenir. Il en est de même pour les rangs et titres immérités. On ralentit ainsi la machine en alourdissant sa charge avec un nouveau chômeur, ou en grippant sa mécanique avec un énième imposteur.

Se nourrissant de lui-même, le système éducatif encaisse de plein fouet les effets dévastateurs directs d’une mauvaise gouvernance, et ce retour de manivelle persistant peut causer une descente aux abîmes difficilement réversible.

Arrivé à un stade avancé d’effritement, et en assumant favorablement que le train est enfin remis sur les rails et que le gouvernail est désormais entre de bonnes mains, le redressement d’un système éducatif boiteux constitue le plus grand défi que doit relever une nouvelle direction politique, résolue à rompre définitivement avec la déliquescence.

Le défi est d’autant plus délicat qu’il doit être relevé en composant avec l’encadrement existant, qu’il faut absolument remobiliser en évacuant les mauvaises habitudes, tout en bravant le désengagement et le scepticisme, sans refuser de faire face à l’éventuelle hostilité des malintentionnés et autres défenseurs du statu quo.

C’est un parcours long et hargneux, avec un passage incontournable à travers des stations et mesures stratégiques, telles la sélection adéquate du leadership, la réhabilitation du mérite et de l’éthique, ainsi que la rupture avec le favoritisme et les passe-droits.

L’activité syndicale, enseignants et étudiants, doit courageusement faire son mea-culpa et entamer sa mue, l’école et l’université étant par excellence les lieux où la revendication des droits ne doit pas occulter le sens du devoir et des obligations. Le laxisme chronique a fini par générer des dérives comportementales aux antipodes des formes légitimes et civilisées de la revendication universitaire.

Si la réhabilitation de la qualité de la formation prendra forcément du temps, certaines mesures doivent toutefois être immédiatement implémentées. C’est le cas notamment de la rupture définitive avec la permissivité à l’égard du plagiat et autres atteintes à la déontologie scientifique.

Pour mener ces réformes, le nouveau ministre de l’enseignement supérieur a insisté sur la priorité de réhabiliter l’éthique pédagogique et scientifique. Il n’a nullement fait allusion à une quelconque charte de l’excellence, ni d’élitisme exclusiviste ou méprisant, comme semblent l’accuser certains cercles, sans doute indûment favorisés par le statu quo. Tout enseignant universitaire, sérieux et intègre, fait partie de l’élite scientifique, et non moins patriotique, concernée par le redressement du système éducatif. En évoquant courageusement la faiblesse du secteur de l’enseignement supérieur, qui n’est qu’un affligeant secret de polichinelle, le professeur Chitour ne nie pas du tout sa part de responsabilité, comme tout autre responsable ou enseignant.

L’Algérie a traversé une récente et douloureuse parenthèse historique où l’intégrité intellectuelle ne pouvait que survivre en hibernation ou marginalisation, mais il est désormais permis d’espérer que le processus de sortie de cette éprouvante période est sérieusement amorcé.

Les sceptiques, les idéalistes, les pessimistes et autres nihilistes, ne manqueront pas de chercher et de trouver des arguments pour entretenir le doute et le désespoir ; mais les réalistes et les optimistes refuseront de fermer les yeux et reconnaitront que des opportunités réelles d’assainissement du système éducatif se présentent, et qu’elles doivent être impérativement soutenues. On ne peut pas désirer le changement et rejeter la métamorphose ou ne pas l’encourager, fût-elle lente et poussive.

Ouvrons donc grands les yeux, l’Algérie a bel et bien connu par le passé un système éducatif très performant, et l’ère de la descente aux abimes est définitivement révolue. Et osons le croire fermement afin de pouvoir le soutenir tout autant, cela prendra du temps mais le redressement du système éducatif est résolument en marche !

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6 comments

Salah-Eddine SIDHOUM 12 mars 2020 - 10h01

Ce ne sont pas les pantins et les larbins d’un régime illégitime, quelque soient leurs titres universitaires pompeux, qui changeront la situation de l’enseignement et des autres secteurs. La situation changera quand sera instauré un Etat de Droit et avec des compétences sincères et engagées, pas avec les adeptes de l’allégeance et de l’aplatventrisme.

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Abdelhamid Charif 12 mars 2020 - 13h12

Ne croyez pas que je suis en désaccord avec vous Si Salah Eddine
Mais en attendant le changement espéré, rien ne nous oblige à ne pas reconnaitre et encourager les pas dans la bonne direction. Ce serait même une obligation morale sinon une recommandation de la sagesse.
Encourager la métamorphose, c’est aussi œuvrer pour le changement.
Quant à la personne, le nouveau MES, que je défends dans ce billet, l’ayant connu de près, j’ai de solides raisons pour le faire. On verra s’il va faire long feu dans son poste, et je trancherai alors sur ma position.

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Salah-Eddine SIDHOUM 12 mars 2020 - 16h09

Cet individu, cher Si Abdelhamid, je l’ai peut-être connu avant vous, lorsqu’il était SG du ministère de l’enseignement dit supérieur. Et je connais ses méfaits. Je ne confonds pas l’enseignant compétent et le politicard opportuniste.

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Abdelhamid Charif 12 mars 2020 - 16h40

En 1979, Chitour était chef de département Génie Chimique à l’Ecole Nationale Polytechnique. C’est en 1986 (avec le défunt Brerhi), qu’il est devenu SG au MES, après avoir été directeur de l’ENP

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Salah-Eddine SIDHOUM 13 mars 2020 - 9h32

Désolé pour la coquille. Mais je persiste à dire que je ne confonds pas l’enseignant compétent et le politicard opportuniste. Les titres universitaires pompeux ne m’impressionnent nullement. Quand on vend dignité et honneur pour servir un régime corrompu et criminel, les titres n’ont aucune valeur. J’ai horreur du larbinisme des « alphabétes ». On ne se met pas au service d’un régime illégitime quand des millions d’Algériens clament depuis une année un changement radical du système politique et l’instauration d’un Etat de Droit !
Un petit rappel qui a son importance : Ce sont depuis 62, ces douctours et broufissours opportunistes qui ont défilé à la tête de ce ministère qui ont fait le plus de mal à notre Université.

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Salah-Eddine SIDHOUM 13 mars 2020 - 10h07

« Le plus souvent ce sont ceux qui n’ont aucun principe qui arrivent aux sommets »

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