PAR AW · MARS 6, 2021
Algeria-Watch, 6 mars 2021
Les instances internationales suivent de près la gestion policière du Hirak par les pouvoirs publics et les modes de répression mis en œuvre par les forces de sécurité algérienne.
Dans son point de presse le 5 mars 2021, le porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU « accuse les forces de sécurité algérienne d’un usage excessif de la force » et rappelle qu’en 2019 et 2020, « au moins 2500 personnes ont été arrêtées ou détenues dans le cadre de leur engagement pacifique » tandis que « près d’un millier de personnes ont été poursuivies pour avoir participé au mouvement du Hirak ou pour avoir publié des messages critiques à l’égard du gouvernement sur les réseaux sociaux ». Il rapporte également « des allégations de torture et de mauvais traitements en détention, y compris de violences sexuelles ». En conséquence le Bureau des droits de l’homme de l’ONU réclame des enquêtes « rapides, impartiales et rigoureuses » de la part du gouvernement algérien et la libération des détenus d’opinion.
La formulation et la tonalité du communique des Nations Unies sont sans équivoque : les autorités algériennes sont sous surveillance.
Sans surprise, la réponse du gouvernement algérien se situe sur le registre de l’atteinte à la souveraineté. Le régime condamne ce qu’il considère être une « ingérence étrangère » alors qu’il a souscrit aux traités internationaux qui permettent un droit de regard des instances de l’ONU sur les pratiques gouvernementales en matière de respect des droits humains.
Mais la réaction faussement indignée d’Alger est parfaitement déplacée. Car avant toute autre considération, l’intervention très explicite de la structure spécialisée des Nations-Unies dans la crise algérienne est directement imputable au régime lui-même par ses violations constantes de ces droits.
Le fait que les graves atteintes aux droits de l’homme et les inacceptables dépassements commis par des polices officielles ou secrètes soient dénoncées est certainement très appréciable. Il demeure que cette expression publique de l’ONU aujourd’hui pose question : que penser de ces instances qui se sont très souvent tues face aux atrocités perpétrées par le régime dans sa sale guerre des années 1990 du siècle dernier ?
Quels sont les raisons et les objectifs réels de ce soudain intérêt pour la situation du peuple algérien quand il est notoire que ces instances ont été jusqu’à couvrir le régime et à relativiser ses responsabilités écrasantes dans des crimes imprescriptibles ?
Au regard de l’histoire récente du pays, de ses relations internationales et du rôle parfois troublant, en Algérie et ailleurs, des Nations-Unies en la matière, ces questions sont plus que légitimes. Mais ce qui ressort sans conteste de la mise en garde du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU est que c’est bien le régime qui, par ses agissements intolérables sape activement la souveraineté de l’Algérie.
2 comments
L’ONU a bien parlé de hirak visant la DEMOCRATIE! Voilà la différence avec les années 90.
2387 dossiers contre l´Algérie sur le droit de l´homme dont les dossiers les réfugiés de tindouf.