Hakim Allouche
La cartographie des marches du mouvement Hirak (Tagrawla) en ce vendredi 119 ( 28 mai 2021) de mobilisation populaire montre 10 wilayas, représentant 33% en poids de population nationale, où il y a eu des marches. Cette observation indique que la mobilisation, illustrée sur les cartes, montre qu’il y a clairement un rebond, après un recul des marches dû principalement à la répression policière brutale les trois vendredi passés consécutifs (116(58%),117(23 %) et 118 (20%)).
En faisant la comparaison au vendredi 118 , on estime un accroissement 20% du poids de la population totale mobilisée en marches pour atteindre un seuil de 40% ce vendredi 119 (28 mai 2021).Il est intéressant d’observer la wilaya d’Alger avec un effet de loupe, où la commune d’Alger centre est entièrement quadrillée par la présence massive des forces de l’ordre: plus de 30000 policiers en tenue et en civil. En voyant de plus près des quartiers, on constate que les mesures répressives prises par le régime totalitaire sont vaines.
L’étouffement de l’expression populaire en empêchant les marches dans les places et les axes les plus connus en allant de la place 1er mai vers Bab El Oued a donné naissance avec un effet surprise à un élan reviviscent en manifestation dans 6 communes (Belcourt, Casbah, Bir Mourad Raïs, El Harrach, Aïn Benian) ayant le poids de population, évalué à 11% de la wilaya d’Alger. D’une semaine à une autre, le Hirak ne cesse de confirmer sa mobilisation pacifique avec une véritable résilience à l’échelle nationale. L’un des faits marquant laisse admettre un principe disant que peu importe le degré de répression, les trois wilayas de Kabylie( Tizi Ouzou, Bejaia et Bouira) font preuve de mobilisation grandiose comme une force résistante et pérenne due notamment à leurs longues expériences historiques traitant la question d’indignation politique, sociale et identitaire.
Hors des frontières, il y a lieu de mentionner que la diaspora algérienne en Europe s’est donnée le rendez-vous ce samedi 29 mai 2021 en réussissant à rassembler plus de 3000 personnes avec une diversité extraordinaire devant le Haut commissariat des Droits de l’Homme à Genève (ONU) . Les algériennes et les algériens se sont déplacés pour porter haut et fort les revendications du Hirak avec une démarche de faire un écho international.
En ce même jour, il y a eu également des manifestations à Paris devant l’ambassade d’Algérie et à Marseille devant le consulat où les slogans habituels du Hirak ont été scandés ( Dawla Madania Matchi Askaria !,…) et des affiches de la compagne des prochaines élections législatives sont arrachées dénonçant la politique méprisante des autorités algériennes annonçant 03 vols/semaine à partir du 01 juin 2021.
À titre de rappel, il a été annoncé officiellement à l’issu du conseil des ministres en date du 16 mai 2021: 35 vols/semaine entre la France et l’Algérie (05 vols quotidien dont 3 vols du/vers Alger, un vol du/vers Constantine et 1 vol du/vers Oran). Il est évidemment impossible avec cette offre insignifiante de répondre à une demande qui au moins 100 fois plus. En effet, avant la pandémie, il y a avait une offre près de 300 vols / semaine entre l’Algérie et la France. Aujourd’hui, celle-ci est évaluée à un centième, c’est-à-dire presque nulle. Dans les jours à venir, parmi les questions qui se posent aussi bien pour le Hirak de intérieur qu’à l’extérieur du pays sont:
1- L’élan des 06 communes mobilisées à Alger va-t-il se propager vers les autres en se disant que le succès du Hirak doit impérativement libérer la capitale de la répression policière ? En d’autres termes, marcher à Kouba a la même valeur de marcher à Didouche Mourad à l’image de ce qui se passe à Kherata dans la wilaya de Bejaia qui marche 02 fois/semaine.
2- La diaspora en plus des revendications politiques intérieures qu’il y a lieu d’internationaliser, saurait-elle prendre à cœur avec une convergence performante des luttes sociales et politiques la problématique des frontières fermées où des milliers d’algériens restent bloqués à l’étranger ?
Il est clair comme de l’eau de roche que désormais si la communauté algérienne souhaite rentrer dans des conditions normales, d’ici 2 à 3 ans, à l’instar des pays voisins (Tunisie et Maroc) doit rejoindre les rangs de la mobilisation en l’occurrence le rendez-vous important de la marche prévue en date du 06 juin prochain à Paris, allant de la place République vers Bastille. Le Peuple Algérien sait qu’il n’y a rien à attendre du pouvoir en place montrant ses limites avec incompétence dans tous les domaines. C’est vraiment le ras le bol ! La situation ne peut que s’empirer. Le vœu collectif est que les décideurs puissent sortir de leur bulle de déni. Tout le monde sait qu’ il est inutile de faire passer les législatives prochaines.
Dans la paix, le temps est venu pour la junte militaire de remettre les clefs du pouvoir aux civils légitimes en admettant tous les échecs cumulés depuis l’indépendance à ce jour en disant enfin : << Adieu ! >>