Par Safia Ayache(Alger, correspondance)
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Rareté des vols, prix exorbitants des billets, manque de communication des autorités… Le ras-le-bol monte chez les clients d’Air Algérie, la compagnie aérienne nationale.
A deux pas de la place Maurice-Audin, en plein centre d’Alger, une dizaine de personnes patientent devant le siège de la compagnie Air Algérie. Ticket numéroté à la main, ceux qui sont à l’intérieur de l’agence prennent leur mal en patience dans l’attente d’un renseignement sur leur projet de voyage. Naïma malmène le bout de papier entre ses doigts. « Je suis venue ce matin et il y avait un monde fou. Je suis rentrée chez moi et là je tente de nouveau ma chance », explique cette quinquagénaire, arrivée début février pour rendre visite à sa mère âgée et qui souhaite rejoindre son domicile, dans le sud-ouest de la France.
Pour venir en Algérie, déjà, « c’était toute une mission », poursuit-elle. Il lui a fallu prendre le train et partir depuis Paris, car le nombre de vols en partance du sud de la France vers l’Algérie est très limité. Il y a deux ans, cette mère de famille était restée « coincée » quatre mois dans la capitale algérienne à la suite de la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes décidée en mars 2020 par les autorités pour endiguer la pandémie de Covid-19. Depuis, le trafic au départ et à destination de l’Algérie n’est jamais revenu à la normale.
Après la réouverture partielle du 1er juin 2021, les espoirs des voyageurs ont de nouveau été douchés avec le retrait, sans explication, d’un programme d’Air Algérie qui prévoyait une augmentation hebdomadaire de 108 vols. A partir du 15 mars, ceux-ci étaient supposés s’ajouter à la cinquantaine de vols déjà opérés. Le 10 mars, un jour après la publication de ce programme, le limogeage pour « faute grave » du ministre des transports, Aïssa Bekkaï, a ouvert la voie à de nombreuses spéculations.
Cacophonie
« Il n’y a pas de logique dans la prise de décision », résume laconiquement Abdelouahab Yagoubi, membre de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée populaire nationale (APN), qui appelle depuis plusieurs mois à la réouverture complète du ciel algérien. « On comprend qu’au début de la crise, c’était la panique. Il n’y avait pas les outils permettant de faire un contrôle des passagers. Mais maintenant, avec les tests de dépistage, c’est différent », poursuit ce député de la diaspora, très critique sur ce qu’il qualifie de « cacophonie ».
Jeudi 24 mars, un nouveau ministre des transports, Abdallah Moundji, a été nommé par le président Abdelmadjid Tebboune. Le même jour, le ministère a publié un nouveau programme faisant état de 64 vols supplémentaires opérés par la compagnie nationale dès le 27 mars. Sauf que celui-ci a de nouveau été supprimé des réseaux sociaux institutionnels sans raison donnée.
De quoi émettre les nerfs des voyageurs à rude épreuve. « C’est à en devenir fou », se plaint Nassim, un habitant de la région de Sétif, dans l’est du pays. « Plusieurs villes de l’intérieur ne figurent même pas au programme. On se retrouve dans l’obligation de partir depuis Alger, Constantine ou Oran », observe le jeune homme. Dur de planifier un voyage, qu’il soit professionnel ou personnel, dans ces circonstances. Car une fois sortis du pays, les voyageurs n’ont plus vraiment de visibilité sur les modalités de retour. Ainsi Soumia, une jeune Algéroise, est bloquée à Tunis depuis près d’un mois. « J’ai acheté un billet ouvert à Alger, mais jusqu’à récemment il n’y avait pas de plan de vol pour avril. Je vais devoir attendre le 7 avril pour rentrer », explique cette trentenaire partie en Tunisie pour rendre visite à des proches.
Envolée des prix
Le programme réduit et les autorisations de vols délivrées au compte-goutte par les autorités aux compagnies aériennes, algérienne ou étrangères, provoquent l’envolée des prix. Les tarifs n’ont jamais été aussi élevés – il faut ainsi compter un minimum de 600 euros pour un aller simple entre Paris et Alger, parfois sans bagage en soute, contre 250 à 300 euros avant la pandémie – et suscitent l’ire des internautes, qui comparent régulièrement le coût des billets entre l’Europe et l’Algérie à ceux pratiqués pour des longs-courriers.
Abdelouahab Yagoubi dénonce un véritable « racket ». Le 13 octobre 2021, le député, qui a obtenu l’adhésion de 44 autres élus, a soumis un projet de création d’une commission d’enquête parlementaire afin de « mettre en évidence les difficultés de voyager des concitoyens, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur du pays », explique-t-il. « On attend toujours que le bureau de l’APN mette notre projet à l’ordre du jour », regrette-t-il, soulignant qu’une autre enquête sur la cherté des billets, annoncée le 9 novembre par le premier ministre, Aïmen Benabderrahmane, n’a toujours pas publié ses conclusions.
Cette quasi-fermeture du ciel « pénalise aussi les entreprises qui ont besoin d’envoyer leurs employés en formation à l’étranger et a des conséquences sur tout un écosystème », ajoute Abdelouahab Yagoubi, qui fait référence aux destructions d’emplois directs et indirects provoquées par le ralentissement ou l’arrêt de l’activité de plusieurs aéroports du pays. Quant à Air Algérie, qui n’opère plus que 20 % des vols de son programme d’avant-crise, elle a enregistré des pertes financières considérables (plus de 40 milliards de dinars en 2020, soit environ 250 millions d’euros), sans pour autant bénéficier d’un soutien financier de la part de l’Etat. »
1 comment
Simple exemple d’un billet d’avion aller-retour. date aller 28 mai 2022, retour 11 juin 2022, prix en dollars canadien, sur les sites web des trois compagnies royal Maroc, Tunis air et air Algérie:
Montréal – Casablanca avec Royal Maroc, vol direct prix : 908 $
Montréal – Tunis avec air Tunis , vol direct prix : 1045 $
Montréal – Alger avec air Algérie, vol direct prix : 1616 $
Ajouter à cela, avec air Algérie, l’achat du billet doit se faire uniquement en personne à l’agence d’air Algérie à Montréal, faire la fille d’attente (encore!) souvent à l’extérieur sous le zéro degré Celsius, et finalement ils n’acceptent que les payements en cash !
Définitivement, ils sont pire que les colons.
Leurs haine envers le peuple Algérien n’a aucune limite.
Leur acharnement sur tous ce qui est positif pour Algérie n’a pas de pareil au monde.
….
inchallah, le prochain Hirak devrait rassembler tous les Algériens unis contre ce système pourris… simple citoyens, tous les corps de la fonctions public, l’armée aussi doit s’impliquer à coté du peuple et hirak, la police, la gendarmerie et même les vrais Algériens libres parmi les services de sécurité.
seul et unique objectif…changement de système politique pour bâtir une véritable Algérie moderne, prospère, de justice, et développement.