Mort il y a vingt ans, l’écrivain Kateb Yacine connaît toujours une popularité certaine en Algérie, où un colloque international vient de lui être consacré. En France, les hommages n’ont guère été médiatisés. Ce « poète en trois langues », selon le titre du film que Stéphane Gatti lui a consacré, demeure un symbole de la révolte contre toutes les formes d’injustice, et l’emblème d’une conscience insoumise, déterminée à rêver, penser et agir debout.
par Marina Da Silva, novembre 2009
« Le vrai poète, même dans un courant progressiste, doit manifester ses désaccords. S’il ne s’exprime pas pleinement, il étouffe. Telle est sa fonction. Il fait sa révolution à l’intérieur de la révolution politique ; il est, au sein de la perturbation, l’éternel perturbateur. Son drame, c’est d’être mis au service d’une lutte révolutionnaire, lui qui ne peut ni ne doit composer avec les apparences d’un jour. Le poète, c’est la révolution à l’état nu, le mouvement même de la vie dans une incessante explosion (1). »
Romancier et dramaturge visionnaire, considéré grâce à son roman Nedjma comme le fondateur de la littérature algérienne moderne, Kateb Yacine était avant tout un poète rebelle. Vingt ans après sa disparition, il occupe en Algérie « la place du mythe ; comme dans toutes les sociétés, on ne connaît pas forcément son œuvre, mais il est inscrit dans les mentalités et le discours social (2) ». Il reste aussi l’une des figures les plus importantes et révélatrices de l’histoire franco-algérienne.
Kateb, qui signifie « écrivain » en arabe, était issu d’une famille de lettrés de la tribu des Keblout du Nadhor (Est algérien). Le 8 mai 1945 — il n’a pas encore 16 ans —, il participe aux soulèvements populaires du Constantinois pour l’indépendance. Arrêté à Sétif, il est incarcéré durant trois mois à la suite de la répression, qui fait quarante-cinq mille morts. Sa mère, à laquelle il est profondément attaché — c’est elle qui l’a initié à la tradition orale et à la poésie —, sombrera dans la folie. Cette date du 8 mai marquera l’existence, l’engagement et l’écriture de Kateb à tout jamais.
C’est en septembre de cette même année, à Annaba, qu’il tombe éperdument amoureux d’une de ses cousines, Zoulheikha, qui va inspirer Nedjma (« étoile »), rédigé en français, œuvre fondatrice qui a totalement bouleversé l’écriture maghrébine. Dans cette histoire métaphorique où quatre jeunes gens, Rachid, Lakhdar, Mourad et Mustapha, gravitent autour de Nedjma en quête d’un amour impossible et d’une réconciliation avec leur terre natale et les ancêtres, la jeune fille, belle et inaccessible, symbolise aussi l’Algérie résistant sans cesse à ses envahisseurs, depuis les Romains jusqu’aux Français. La question de l’identité, celle des personnages et d’une nation, est au cœur de l’œuvre, pluridimensionnelle, polyphonique.
Nedjma deviendra une référence permanente dans l’œuvre de Kateb, amplifiée en particulier dans Le Polygone étoilé, mais aussi dans son théâtre (Le Cercle des représailles) et sa poésie. Pour Moa Abaïd, comédien qui l’admirait, il était « un metteur en scène génial, proche de la réalité, qui a vraiment travaillé sur la construction du personnage pour parler au public, sans camouflage ni maquillage. Son utilisation de la métaphore et de l’allégorie n’est pas un évitement, puisqu’il a toujours dit haut et fort ce qu’il pensait, mais provient du patrimoine culturel arabo-musulman ».
Aussi libre et libertaire, insolente et provocante, indéchiffrable et éblouissante que son œuvre, fut la vie de Kateb. Militant de toute son âme pour l’indépendance, au sein du Parti populaire algérien, puis du Parti communiste, il s’engage avant tout avec les « damnés de la terre », dont il est avide de connaître et faire entendre les combats : « Pour atteindre l’horizon du monde, on doit parler de la Palestine, évoquer le Vietnam en passant par le Maghreb. »
Inventer un art qui se partage,
et « révolutionner la révolution »
Expatrié dès 1951, il vit dans une extrême précarité jusqu’à la fin de la guerre d’indépendance (1954-1962), principalement en France, harcelé par la direction de la surveillance du territoire (DST), et voyageant beaucoup. Dans le bouleversement terrible et euphorique de 1962, il rentre en Algérie, mais déchante rapidement. Il s’y sent « comme un Martien » et entamera une seconde période de voyages — Moscou, Hanoï, Damas, New York, Le Caire : « En fait, je n’ai jamais cru que l’indépendance serait la fin des difficultés, je savais bien que ça serait très dur. »
Lorsqu’il décide de rester plus durablement en Algérie, en 1970, il abandonne l’écriture en français et se lance dans une expérience théâtrale en langue dialectale dont Mohamed, prends ta valise, sa pièce culte, donnera le ton. Fondateur de l’Action culturelle des travailleurs (ACT), il joue dans les lieux les plus reculés et improbables, usines, casernes, hangars, stades, places publiques… avec des moyens très simples et minimalistes — les comédiens s’habillent sur scène et interprètent plusieurs personnages —, le chant et la musique constituant des éléments de rythme et de respiration.
« Lorsque j’écrivais des romans ou de la poésie, je me sentais frustré parce que je ne pouvais toucher que quelques dizaines de milliers de francophones, tandis qu’au théâtre nous avons touché en cinq ans près d’un million de spectateurs. (…) Je suis contre l’idée d’arriver en Algérie par l’arabe classique parce que ce n’est pas la langue du peuple ; je veux pouvoir m’adresser au peuple tout entier, même s’il n’est pas lettré, je veux avoir accès au grand public, pas seulement les jeunes, et le grand public comprend les analphabètes. Il faut faire une véritable révolution culturelle (3). »
L’engagement politique de Kateb détermina fondamentalement ses choix esthétiques : « Notre théâtre est un théâtre de combat ; dans la lutte des classes, on ne choisit pas son arme. Le théâtre est la nôtre. Il ne peut pas être discours, nous vivons devant le peuple ce qu’il a vécu, nous brassons mille expériences en une seule, nous poussons plus loin et c’est tout. Nous sommes des apprentis de la vie (4). » Pour lui, seule la poésie peut en rendre compte ; elle est le centre de toutes choses, il la juge « vraiment essentielle dans l’expression de l’homme ». Avec ses images et ses symboles, elle ouvre une autre dimension. « Ce n’est plus l’abstraction désespérante d’une poésie repliée sur elle-même, réduite à l’impuissance, mais tout à fait le contraire (…). J’ai en tous les cas confiance dans [son] pouvoir explosif, autant que dans les moyens conscients du théâtre, du langage contrôlé, bien manié (5). »
Un « pouvoir explosif » qu’il utilisera dans Le Cadavre encerclé, où la journée meurtrière du 8 mai 1945, avec le saccage des trois villes de l’Est algérien, Guelma, Kherrata et Sétif, par les forces coloniales, est au cœur du récit faisant le lien entre histoire personnelle et collective.
Kateb a fait le procès de la colonisation, du néocolonialisme mais aussi de la dictature post-indépendance qui n’a cessé de spolier le peuple. Dénonçant violemment le fanatisme arabo-islamiste, il luttait sur tous les fronts et disait qu’il fallait « révolutionner la révolution ».
S’il considérait le français comme un « butin de guerre », il s’est aussi élevé contre la politique d’arabisation et revendiquait l’arabe dialectal et le tamazight (berbère) comme langues nationales. Surnommant les islamo-conservateurs les « Frères monuments », il appelait à l’émancipation des femmes, pour lui actrices et porteuses de l’histoire : « La question des femmes algériennes dans l’histoire m’a toujours frappé. Depuis mon plus jeune âge, elle m’a semblé primordiale. Tout ce que j’ai vécu, tout ce que j’ai fait jusqu’à présent a toujours eu pour source première ma mère (…). S’agissant notamment de la langue, s’agissant de l’éveil d’une conscience, c’est la mère qui fait prononcer les premiers mots à l’enfant, c’est elle qui construit son monde (6). »
L’éventail et la radicalité de sa critique lui ont valu autant de passions que d’inimitiés. Aujourd’hui objet de toutes les appropriations, pour le meilleur comme pour le pire, il reste l’« éternel perturbateur » et, comme Nedjma, l’étoile inaccessible — en tout cas irréductible.
Marina Da Silva
Journaliste.
(1) Dialogue avec Jean-Marie Serreau, dans Le Poète comme un boxeur, Seuil, Paris, 1994.
(2) Benamar Mediene, professeur des universités, auteur de Kateb Yacine, le cœur entre les dents, préface de Gilles Perrault, Robert Laffont, Paris, 2006.
(3) Entretien avec Abdelkader Djeghloul, Actualité de l’immigration, n° 72, Paris, janvier 1987.
(4) Colette Godard, « Le théâtre algérien de Kateb Yacine », Le Monde, 11 septembre 1975.
(5) Kateb Yacine, « Pourquoi j’ai écrit Le Cadavre encerclé », France-Observateur, Paris, 1958.
(6) Entretien avec El Hassar Benali (1972), dans Parce que c’est une femme, Editions des Femmes – Antoinette Fouque, Paris, 2004.
36 comments
« demeure un symbole de la révolte contre toutes les formes d’injustice »!!!!!!!!!!!!!!
Qui veut combattre l’injustice, doit affronter les injustes, ne serait-ce que par une parole, quant à faire de l’opposition à 1000 km ou cacher dans un trou et passer son temps à écrire des bêtises « Mohamed (saws) prend ta valise « , « ces fusées qui ne décoleront jamais »… ma grand mère l’aurait fait !
Quant à Mohamed prend ta valise, ni lui , ni ses enfants, ni ses supporteurs, ni sa mère patrie la France n’arriveront à chasser Mohamed de notre terre Algérie et de nos cœurs….et lorsqu’il insultait à travers ses écrits, il prenait toujours soin de ne pas apparaitre en public ou déguisé en femme !
Je me souviens dans les années 82 ou 83,il a voulu passer sa pièce Mohamed prend ta valise, Alger était en ébullition…..la pièce par lâcheté des autorités de l’époque et la lâcheté de ses supporteurs qui n’osaient approcher le TNA, fut annulé à jamais!
Et je defis quiconque de remmettre cette piéce théatrale en scène ! qu’ils aient du courage ! il faut mourir pour ses idées, sinon on provoque pas !
Que mon post passe ou ne passe pas…..!!!
Ps/est-ce dans sa famille ou sa dechra quelqu’un a réussi à faire décoller une fusée ????
@El Forkan
Vous dites: « .et lorsqu’il insultait à travers ses écrits, il prenait toujours soin de ne pas apparaitre en public ou déguisé en femme ! »
Kateb Yassine, le lion des Kebloutis ne s’est jamais caché, encore moins déguisé en femme, pour dire ce qu’il avait à dire. D’où avez-vous sorti cette ignominie ? Kateb Yassine signait ses oeuvres de son nom, et de son prénom, et il n’a pas eu peur, au moment où l’Algérie toute entière était sous l’emprise de la redoutable SM, de qui que ce soit. Sa voix portait tellement que Boumediène, qui n’avait pas hésité à faire tuer des lions de la révolution, comme Krim Belkacem, avait préféré l’éloigner d’Alger, et il l’envoya à Sidi Bel Abbès, pour étouffer sa voix. Parce que Boumediène savait que Kateb Yassine aurait été plus dangereux mort que vivant. Parce qu’il est immortel, et que sa mémoire vivra toujours.
Quand à ses oeuvres, dont vous dites que même votre grand-mère pouvait les écrire, je vous pose une seule question: Avez-vous lu Nedjma ? Avez-vous lu seulement quoi que ce soit de Kateb Yassine ?
Je vous offre un de ses poèmes, chanté par son fils, peut-être y reconnaîtriez-vous les accents d’une Algérie plus fière, plus rebelle, plus authentique, et tellement plus belle que vous ne pourrez jamais l’imaginer, même en rêve.
http://www.youtube.com/watch?v=vM9ygPBU3YQ
@El Forkan
La pièce de Kateb Yacine « Mohamed prends ta valise » est une pièce qui traite de l’immigration nord africaine en France. La pièce dénonce le racisme envers les nord africains et Mohamed est le prénom générique que tous les racistes de France donnaient à tous les immigrés d’Afrique du nord,à l’exemple de « dupont » ou « Bobby » qui désigne le français ou l’anglais. La personne du prophète n’ a rien à y voir dans cette pièce. »Mohamed prends ta valise » c’est l’expression utilisée, dans les années 70, par une frange de la population française pour dire aux immigrés de rentrer dans leur pays.
Fraternellement
Eh oui Kateb a eu peur !
Tous les frères musulmans tremblait devant Boumediènne et lui il faisait son théâtre avec la jeunesse algérienne authentique. Son livre Nedjma, nous l’avions étudié em première et par un coopérant français. Même ses ennemis les colons le reconnaissent comme écrivain incontournable, mais bien sûr la culture de l’honnêteté est liée à l’histoire de chacun.
A el Forkan,
Il me semble qu’un peu de précaution doit guider le pas de toute communication sérieuse. Vous jugez d’une oeuvre que vous n’avez visiblement jamais lu et vous gardez de l’homme les seules images qu’impriment les détracteurs de Kateb yacine en l’occurrence les Baltaguia du système et leur corolaires supplétifs d’une frange Islamiste qui n’ont pas le poète en odeur de sainteté. Oui Kateb avait une relation bien particulière avec les tenants de l’ordre religieux, c’est un fait. Et il avait raison pour les motifs que tout le monde connaît aujourd’hui.
Non franchement, il ne faut pas tomber dans la grave erreur de ceux qui jugent d’une œuvre sans la lire. Lisez puis exprimez-vous, c’est mieux. Et votre avis ne peut qu’être respecté. De plus vous découvrirez combien l’homme aimait ce pays, vous comprendrez la profondeur de son combat.
Messieurs, j’ai une question pour vous: Pensez-vous que Kateb Yacine aurait été un éradicateur ?
Lire l’échange entre Kateb yacine et son cousin le colonel Cherif Cadi sur les origines de leur tribu:Les Keblout.Cherif Cadi proclamait haut et fort que les Keblout étaient des Arabes descendants des Béni-Hillals.Kateb a rejeté cette descendance en affirmant que les Keblout sont des Berbères, originaires du Maroc. »Identité et origine :Quand Kateb Yacine contredit son cousin, le colonel Chérif Cadi, serviteur de la france et de l’islam »(texte 14)sur le site:aristote-algeria.com (texte 14)
Lien:aristote-algeria.com-Texte 14
Toujours pas de réponse ?
Une autre question plus facile, enfin je l’espère.
Pourquoi Kateb n’a-t-il jamais considéré la langue arabe comme un butin de guerre ? Pourquoi, pour lui, cette préseance de la langue française ?
J’ai évidemment mon idée, mais je laisse le soin à ses admirateurs la volonté, ou pas, de nous éclairer.
Je voudrais juste souligner que le talent et les convictions politiques sont deux choses différentes. Camus, pour rester en Algérie, disait qu’entre choisir entre la justice (la lutte anti-coloniale) et sa mère (la france), la seconde avait ses faveurs !! À méditer…
@ MissTmourt:
Quand bien même Kateb était anti-islamiste (l’intégrisme islamiste existe c’est pas une vue de l’esprit!) il était de tout temps d’une lucidité frappante; quand on lui a demander de signer la pétition pour défendre Salman Ruchdi contre la fatwa intégriste, il n’a pas voulu le faire parce que il voyait venir la supercherie médiatique de l’utilisation de la carte islamiste (c’était en 1989 la carte du communisme comme prétexte de danger pour le monde dit « libre » était déjà épuisée!) c’est pour dire que Kateb était un vrai anti- islamiste sans aucun enjeux de pouvoir sauf celui de combattre l’intégrisme religieux.
maintenant revenant à cette histoire de langues: le vrai débat a MissTmourt n’est pas entre la langue française et la langue arabe (la polémique arabophone-francophone est stérile !) le vrai débat est entre les langues vivantes (langues que parle le peuple) qui sont Tamazight et Ddarja (arabe dialectal) et les langues élitistes qui sont le français et l’arabe classique voilà le vrai problème des langues en Algérie; problème de langues dominantes vs langues dominées, que au demeurant Kateb et Mammeri ont essayés de résoudre, eux qui avaient à un moment donné que la langue française comme moyen d’expression, ils y sont arrivés plus au moins; le dernier livre de Mammeri « Inna-as Ccix Muhend » écrit entièrement en tamazight (Kabyle) reste comme un pari gagné pour l’écrivain qui rêver toute sa vie de retourner à sa langue maternelle (langue de la vie), et le théâtre militant en arabe populaire de kateb est un autre retour réussi à la « mère-source » (Yacine disait de sa mère qu’elle était un théâtre vivant à elle seule!).
à mon avis y a que ces deux intellectuelles qui ont pu relever le défi au moment où il fallait d’un vrai débat sur un vrai projet de société, mais malheureusement tout a été dévoyé après 88 en manipulant les donnes !
l´écrivain kateb yassine se vit gratifier par le cheikh el ghazali dans le journal officiel al-chaab, en guise d´épitaphe au lendemain de sa mort en 1989, d´un anathéme prononcé contre l´algerie terre d´islam qui avait osé accueilli dans ses flancs la dépouille du kâfir (athée,) qui était peut-âtre bien pourtant son plus écrivain.le même journal avait quelques années auparavant accueilli un article vengeur de l´histoire officiel belkacem saadallah,pourfendant les historiens francais d´origines algerienne andré nouschi et benyamine stora au seul motif qu´ils étaient juifs,quand leur collégue algerien d´origine francaoui omar carlier étaient tout bonnement qualifié d´espion. et quand le FIS fut interdit, ce ne fut a coup sur pas pour ses idées. il le fut parce qu´il représentait une menace pour le pouvoir; parce que, a force de jouer avec les allumettes obscurantistes, le pouvoir s´était brûlé les doigts. l´integrisme violent devint l´argument délirant des enfants du peuple matraqués d´octobre 1988 a avril 2001.quand il ne fut pas manipulé délibérément par le pouvoir comme défroque a ses entreprises punitives sanglantes. merci
@ Jam
J’ignorais l’histoire de la pétition pour Rushdi et je suis d’accord avec ton constat concernant le problème des langues en algerie. Les élites ont toujours parlé une autre langue que celle du peuple, que cela soit le latin, l’arabe ou le français. Il me semble que Tassadit Yacine, antrophologue que tu dois certainement connaître à écrit sur ce sujet. C’est un problème complexe et l’une des sources de notre malheur, des élites qui snobent leur peuple !!!
La politique d’arabisation a été accomplie, comme pratiquement tout le reste, dans la vexation et surtout l’humiliation en voulant nier notre héritage berbere. Personnellement, je ne pense pas que cela ait été de la précipitation ou de l’amateurisme mais bien une politique diaboliquement calculée dans le but de créer de la fitna.
Et c’est là que je ne comprends pas Kateb. Il est tombé dans le piège. J’ai l’impression, p-e que je me trompe, qu’il était non seulement contre la façon dont était menée la politique d’arabisation, où je le rejoins, mais qu’il était également contre le principe même d’enseigner la langue arabe et d’en faire notre langue de travail à la place du français !! Et là je ne suis pas d’accord.
Pour moi, la langue arabe est 1000 fois plus légitime que la langue française, qui, encore une fois pour moi, est la branche armée de la culture francaise. Une culture, contrairement à ce que pensent certains, ne véhiculant aucune valeur universelle. Dans la culture française, il faut être BLANC pour être pris au sérieux (cf. le colonialisme et la france actuelle).
Je ne comprends donc pas le militantisme pour cette langue par Kateb. Je lui préfère 1000 fois Malek Haddad (comme par hasard peu mis en avant, mais c’est voulu et contrairement à Kateb un vrai kabyle) qui disait « Je suis moins séparé de ma patrie par la Méditerranée que par la langue française » ou encore « la langue francaise c’est la langue de l’exil ».
Alors est-ce que je me trompe ? Est-ce Kateb n’avait rien contre le fait de remplacer la langue française par la langue arabe ?
Merci de m’éclairer car cela a toujours été l’image que j’ai eu de Kateb.
Kateb Yacine est l’anti-these de tout ce qui est Arabe et/ou musulman en Algerie. Il ne reconnait meme pas a l’Algerie le nom El Djazair, trop arabe a son gout.
http://www.tamazgha.fr/Yacine-et-Tamazight,1042.html
Le testemment de Kateb Yacine: Debout y’a pas de Bon Dieu. Debout.
http://www.youtube.com/watch?v=HOnJ-L4hWzM
@Jam,
Votre classification de Tamazight et Darja comme etant langue du peuple, en face de l’arabe et du francais comme etant langues elitiste, n’est pas correct.
Le Tamazight dont vous parler n’est pas langue du peuple, c’est aussi une langue elitiste et qui plus est n’a meme pas encore ete cree mais en cours de creation. Les vieux kabyles ne comprennent pas grand chose a Tamazight, ils comprennent le kabyle et parlent kabyle.
On oppose La Langue arabe aux parlers, en omettant que le Tamazight est confrontee a une problematique de la langue unifiee et des dialectes:
http://matoub.kabylie.free.fr/culture-kabyle/tamazight-2.htm
je me demande pourquoi n´a jamais eu de probléme de langues ou de cultures chez les chaouias et mozabites ,eux aussi sont des bérbéres comme les kabyles!!!. uniquement en kabylie depuis la crise berbériste ou berbéro-matérialiste de 1949???. et puis mois je ne suis contre personne arabes ou kabyles simplement je veut savoir???.
@ MissTmourt
je pense que vous êtes un peu contradictoire dans votre écrit; d’un coté vous dites que c’est ce décalage entre nos élites et le peuple qui est notre source de malheur (ce qui est bien dit!) et d’un autre coté vous insistez sur la langue arabe comme étant plus légitime que la langue française!
pour moi c’est Moussa elhadj elhadj Moussa; en quoi la langue arabe des médias, des manuels scolaires et de l’administration est algérienne! à mon avis tout autant que la langue française cette langue (l’arabe officiel) n’a aucune profondeur culturelle dans le peuple, c’est une langue artificielle !
c’est là la limite intellectuelle des élites algérienne, au lieu de construire sur la réalité culturelle et linguistique de leur pays, elles préfèrent plutôt des schémas déjà préétablis par les autres (c’est vrai que c’est plus facile et ça demande moins d’effort!) au risque d’être complétement incompréhensible de leur peuple, ce qui est malheureusement le cas aujourd’hui!
le courage intellectuel @ MissTmourt c’est de rejeter toute aliénation d’où qu’elle vient, c’est pourquoi je trouve la position de Haddad à demi courageuse, d’accord il a rejeté la langue qui l’aliène mais il s’est tu définitivement (je m’exprime en français où je ne m’exprime pas du tout…!)!
si on revient à Yacine je pense que apparemment vous ne connaissez pas son œuvre ni ses positions et l’image que vous en avez est celle que ces détracteurs (les arabistes et les intégristes) malheureusement voulaient lui coller depuis toujours !
pour éclairer votre lanterne un peu je me permets de prendre un extrait de l’entretien publié en 1986 par « Voix Multiples » qui s’appelle (Kateb Yacine: un homme, une œuvre, un pays):
Voix Multiples: qui dit culture, dit aussi langue. chez toi, le
choix de l’arabe parlé est-il politique, ou bien dû à des limites
objectives parce que tu ne connais pas l’arabe classique ?
Kateb Yacine: ce sont des limites volontaires. je ne veux pas connaitre l’arabe
classique. si on prend la langue francaise par exemple, ce sont
des poètes comme François Villon qui l’on créée en la dégageant du
Latin. qu’est-ce qui est resté de tout le fatras des écrivains de
la Sorbonne qui écrivaient en Latin? rien! ce sont plutôt des
voyous comme Villon et Rabelais qui ont fait la littérature
française, la langue française même. ce n’est pas une question de
méconnaissance de la langue. aurais-je été Rimbaud, aurais-je fais
des vers latins, comme il l’a fait lui, que je n’en aurais pas
moins adopté la forme moderne qu’il a adoptée. parce que ça ne va
pas avec notre temps, c’est tout.
V.Multiples: sur le plan de l’écriture, pourquoi ne travaillerais-tu pas à
transformer, et donc enrichir, la langue arabe comme il est dit
que tu l’as fait pour le français, de l’intérieur?
K. Yacine: je n’ai pas transformé le français de l’intérieur autrement que pour
m’en servir personnellement, pour faire une œuvre algérienne, et pour un temps.
ce n’était pas une position définitive. maintenant je suis sorti de cela, c’est
fini. d’autre part, si j’ai été obligé de me couler dans la langue française une
première fois et si je suis conscient qu’il s’agit d’une aliénation, pourquoi
irais-je renouveler cette aliénation en arabe, parce que l’arabe n’est pas ma langue
non plus.
dans ce cas, il faudrait que j’apprenne carrément le berbère, mais il n’y pas
encore de littérature berbère.
je préfère les langues de la vie, parce que le littérature, pour moi, c’est la vie.
la force de Faulkner, c’est le jargon, l’argot des nègres des États-Unis.
les vrais écrivains vont chercher les choses comme elles sont dans la vie. la langue
on ne l’adore pas. il faut écrire la langue du peuple et de la vie.
je pense qu’il est très possible pour les Algériens qui écrivent en français de
franchir cette étape soit vers l’arabe, soit vers le berbère, en tout cas vers une
langue populaire…
voilà @ MissTmourt donc un petit extrait qui j’espère vous donnera envie de connaitre l’œuvre complète de Yacine pour pouvoir la juger objectivement.
merci
@Jam,
vous denoncer des schemas preetablis par les autres qui ne tiennent pas compte de la realite culturelle et linguistique de leur pays.
c’est exactement ce que vous faites. l’extrait que vous citez de Kateb Yacine en est la meilleure illustration: un schema preetablis francais qui n’a rien a voir avec la realite culturelle ou linguistique de l’Algerie.
La France n’est pas l’Algerie et l’Algerie n’est pas la France. Apparement Kateb Yacine ne l’a jamais compris.
@ Tazaghart
– concernant les langues, le minimum de connaissances linguistiques (la science) vous informera sur le gouffre qu’il y a entre les langues parlées par le peuple et les langues régnantes (français et arabe classique).
– j’ai dit Tamazight pour dire Taqbaylit, tacawit, tamzabit, tamajaght…etc
Tamazight c’est une famille de langues comme la famille sémitique ou la famille des langues romanes.
@Tazaghart et @BAMAKO TAHYA L´EMO
es-ce que vous pouvez m’explique en quoi ça vous pose problème le fait de déclarer son athéisme et le fait de revendiquer sa langue et sa culture ?
merci
@ JAM
Tout d’abord j’aimerais vous remercier pour votre cordialité. C’est un sujet tellement pationnel que les gens versent rapidement dans l’anathème et dans la haine. Vous évitez ces travers et c’est tout à votre honneur.
Maintenant, concernant le fond du débat et le cheval de bataille de Kateb tel que je le comprend: la dichotomie entre les langues parlée et écrite…j’ai plusieurs remarques.
1/ Je ne connais aucun pays au monde où l’écrit est l’équivalent du parlé. Aucun. Les lois, les ouvrages académiques, la signalisation, les annuaires, la presse écrite, etc…aucun pays n’utilisent le language parlé, souvent informel et remplie d’expression qui varient d’une région à une autre. Vous imaginez le journal Le Monde écrit en « chti », « verlan » ou en « marseillais » ? De même, qui est capable de lire et de comprendre le Code civil en France ? Très peu de gens…Pourtant, je n’ai jamais vu un intellectuel utiliser ce motif pour combattre la langue francaise et revendiquer son remplacement par de l’argot parisien…ce n’est pas sérieux. Même le berbere, que Kateb revendique tout à son honneur, comporte un language formel, d’érudit, que peu de gens maîtrisent à la perfection. Faut-il interdir à Ait-Menguellet son art au prétexte que tout le monde ne comprend son language recherchée et ses métaphores parce que trop élitiste ?
2/ Le language parlée comme je le disais, peut varier d’une région à une autre, d’une ville à l’autre, alors lequel choisir ? Comment unifier une Nation sans avoir une langue commune ? Un écrit standardisé permet de lutter contre le tribalisme et le régionalisme et édifier une Nation. La France moderne ne s’est pas construite autrement que sur le cadavre de toutes les langues régionales qu’elle a anihilé et elle a voulu faire la même chose avec l’arabe en algerie.
3/ La légitimité de l’arabe classique. Si le peuple à l’indépendance ne comprennait pas l’arabe classique c’est à cause de 130 ans d’aliénation qui nous a empêché de nous éduquer et non pas une haine des algeriens envers la langue du Coran. Ensuite, Kateb ne cesse de militer et de revendiquer les languages populaires….mais svp, qui (surtout à l’époque de Kateb) parle le français en algerie ?? Qui pense dans sa tête en français ? Qui ? Le peuple ? Laissez moi rire….en algerie il n’y a pas plus élitiste que cette langue. C’est l’arabe qui est populaire, pas le français qui est à 10 000 lieux de notre psyché…Aussi, je ne comprend pas que Kateb écrive en français tout en niant à l’arabe classique sa place en le distinguant fallacieusement de l’arabe populaire pour en faire un énnemi. Si Kateb était vivant et que je pouvais lui parler, je lui demanderais d’où vient l’arabe populaire qu’il aime tant ? De Mars ? Il n’y a pas d’opposition à faire entre le darja, le berbere et l’arabe classique. Kateb est tombé dans le piège de ce débat qui nous fait perdre notre temps et qui a été voulu par les ennemies de l’algerie authentique.
4/ L’erreur de Kateb est de confondre 2 choses:
a) l’artistique (literature, chant, etc) qui peut se faire avec toutes les langues populaires, au peuple d’en assurer le succes ou non, avec la construction d’un ETAT qui sort de 130 ans de déculturation forcée. Le français était utilisé à défaut mais ce n’est pas une raison pour le maintenir.
b) la langue et la culture. Beaucoup de nos problèmes viennent du fait que personne n’associent parler le français avec le fait d’être français, alors que nous n’avons pas le même réflexe avec l’arabe. Trop de malentendu ont été entretenus tant du côté des partisan de l’arabisation que de ses opposants comme Kateb. Les iraniens, les pakistanais et j’en passe ne sont pas arabe et utilisent l’alphabet arabe sans aucun problème.
La question est evidemment complexe et je suis loin d’être un spécialiste mais il ressort que le combat intellectuel, ou ce qu’il en reste, de Kateb s’est limité à nier à l’arabe classique sa place sous couvert de faux arguments (français butin de guerre, opposition berbere/arabe, darja/arabe)). C’est selon moi de la mauvaise foi pure….
Alors Jam à moins que tu me trouves un écrit de Kateb disant qu’il ne remet pas en cause l’arabe mais plutôt la façon dont cette arabisation a été menée, mon opinion ne devrait guère changé sur Kateb malgré son talent litérraire.
@Jam,
1. Je sais bien la difference qui existe entre la darja et l’arabe lettre. Je vous dis surtout que j’ai pas de probleme avec ca, parceque je ne suis pas dans vos schemas pre-etablis a vous, ou ceux de Kateb Yacine, ou ceux de la France.
Ce qui est une problematique pour vous, ne l’est pas necessairement pour moi, parceque vos schemas ne sont pas miens.
2. Vous parlez donc non pas d’une seule et unique langue berbere en Algerie mais d’une multitude de langues, pour justement faire correspondre le parler et la codification. Sinon vous vous retrouverez avec une langue de lettre ( a creer) face a une multitude de parlers.
3. Je n’ai pas de probleme avec le fait que Kateb Yacine revendique « sa langue » (qu’il ne parle pas) et sa culture. Je fais plutot le constat qu’il est surtout oppose a l’Islam et a l’Arabe. Ce qui nous place dans des projets diametralement opposes. Kateb Yacine c’est la continuite du projet colonial francais anti-arabe et anti-musulmans. Et moi j’en suis l’anti-these.
un proverbe dit: on doit la vérité aux gens intélligents, on doit le mensonge aux imbéciles???. allah yahdina djamyy3n ya rabi el-alamine.
les oulamas el moukhlissine!!!. comme le cheikh abdelhamid ben badis (rahimah allah) réside dans son Appel a l´union sous le signe de l´islam,de la nationalité, de l´arabisme. a côté de la formule, instruisez-vous, c´est celle d´unissez-vous que el imam cheikh abdelhamid ben badis rahimah allah emploie le plus???.
Au sujet des langues parlées et des langues écrites.
L’hébreux était et est toujours une langue écrite, mais le yiddish était une langue parlée imprégnée germanique, et actuellement, cette langue parlée dans la diaspora est devenue une seconde langue écrite dans l’état d’Israël.
Cela
Cela n’a rien avoir avec la langue ni avec la culture, mais une détermination politique pour souder un un même peuple, ainsi l’état a mis les moyens pour rendre le dialecte yiddish comme une langue écrite.
Kateb ne voulait pas opposer dardja/arabe ni bérbère/arabe mais il voulait rendre la lutte contre le colonialisme par sa position par rapport à la nouvelle citoyenneté juste et authentique issu d’un mélange arabo-berbère, en quelque sorte une synthèse des deux patrimoines.
Mais comme il se trouvait chez les rois fainéantis, au lieu de construire une nouvelle entité (mélange arabo-bérbère) pour l’éternité. Nous sommes toujours en train de se déchirer entre orientalisés et occidentalisées sans pouvoir assumer ces deux influences égales.
Quant à la langue Française, elle une synthèse du latin et du grec qui a fait le peuple de FRANCE où on enseigne à l’école ces deux langues anciennes. cette évolution historique n’a pas engendré aucun reniement par rapport à leur histoire ou leur appartenance.
Mais en « Orient », on veut rester dans l’arabe comme une langue sacrée non dérivative, le Coran étant son ultime ressort et ressource.
Il faudrait que l’en accepte ces évolutions anthropologiques de l’humanité et accepter les réformes qui s’y engendrent. Sinon nous tournerons en rond dans tous les domaines sociales, économiques et industriels.
Kateb Yacine opposait clairement dardja/arabe et arabe/berbere. J’ai mis plus haut son interview avec Tassaadit Yacine ou il l’affiche clairement et ou comme j’ai dit il va jusqu’a refuser que l’Algerie s’appelle El Djazair en disant que c’est un nom arabe, et qu’il doit etre remplace par le nom de Tamazight ( Tassaadit essaye de le reprendre en lui disant tu voulais dire Tamazgha, le mot que les berberistes en inventes pour designer le pays des imazighens, et non pas Tamazight qu’ils ont invente pour designer la langue ou les langues).
Sinon c’est pas question de rois feneants ou pas, mais c’est une question d’orientation ideologique. Il faut clairement afficher ces orientations ideologiques plutot que de faire dans la langue de bois en essayant de culpabiliser les autres pour les entrainer dans des orientations ideologiques qui ne sont pas les leurs.
Ce qui est determinant dans cette posture des uns et des autres, c’est le rapport a l’Islam et a l’Arabe.
Kateb Yacine et ses supporters sont dans la meme posture coloniale francaise vis a vis de l’Islam et de l’Arabe ( c’est d’ailleurs ce meme discours colonial qu’ils reprennent sur la dardja et le berbere pour l’oposer a la langue arabe),
et de l’autre cote on s’identifie totalement a l’Islam et a la langue Arabe et qui ont ete les elements identitaires de la lutte contre le colonialisme francais.
Et il n’est nullement question d’evolutions anthropologiques inevitables ou autres, il est plutot question de chercher a couper la nation algerienne de ses assises musulmanes pour la construire a l’image de la nation francaise. c’est d’ailleurs pour cela qu’on evoque la france en exemple. On n’evoque par exemple nullement le decalage qui existe entre l’allemand standardise et les differents parlers allemanique.
Ce qui se degage de tout cela c’est qu’il n’est nullement question de defendre le berbere ou autre ( quelqu’un comme Kateb Yacine ne le parlait meme pas), mais plutot de l’instrumentaliser et d’instrumentalise darja contre l’Islam et la Langue Arabe, et contre la Nation Algerienne tel qu’elle s’est dessine dans le mouvement national a savoir articule sur ses deux piliers.
@Tazaghart
malheureusement avec ce genre de discours exclusivisite (qui regne de surcroit depuis l’independance !) j’ai peur qu’un avenir meilleur ne soit pas pour demain.
avec tout ce qu’on a vecu jusque là, on arrive même pas à en tirer la moindre leçon… !
c’est hallucinant comment le pouvoir algerien nous a formaté dans l’uniformisme, l’integrisme et la haine de la difference.
au moment même où on voit tout s’effondrer autour de nous à cause de ce genre d’idéologie…,on persiste on signe et on continue dans le même aveuglement.
ecxusez moi @Tazaghart de vous le dire mais votre discours est vieillot (la recette on l’a deja experimenté et on connait bien le resultat) moi l’Algerie dont je reve est tout simplement une Algerie plurielle (multilingue et multiculturelle comme elle l’est dans la realité), democratique et sociale, point à la ligne. autre chose c’est de la polemique sterile comme on sait bien en confectionner nous les algeriens.
cordialement.
@Tazaghart
1°/ Une langue qui s’impose exclusivement dans un territoire donné en occultant les autres langues, de fait, existantes dans ce même territoire depuis l’apparition de l’homme, et accepter cet exclusion, cela dépasse l’entendement : On se situe dans le déni et la mauvaise foi.
2°/ Au moment où, la situation signalé en 1/ est instaurée, il faudrait s’attendre à toutes les réactions de la part des individus qui occupe ce même territoire
3°/J’insiste Kateb voulait une synthèse, comme beaucoup d’algériens qui tiennent compte de l’histoire de notre pays,sans exclusive et sans parti pris : on ne juge pas un homme sur ce qu’il est mais sur ce qu’il fait.
4°/ Un algérien qui ne parle pas berbère ou qui ne parle pas arabe, du moment qu’il est algérien, il a le le droit et le devoir de réfléchir sur tous les problèmes qui altéreraient la paix dans son pays, il n’a pas besoin d’appartenir à une chapelle pour être interloquer.
Pour en finir, la synthèse que voulait Kateb, n’est pas une idée, mais l’ordre historique de notre pays, empêcher cela, c’est empêcher l’histoire de se faire.
Ce qui nous amène à la démonstration : le retard accumulé déjà et le tourne en rond par nos claustrations métaphysiques nous empêchent de réunir notre génie pour servir l’humanité, comme si nous étions seul l’humanité et la vérité.
@Tazaghart
Il me semble que le nationalisme algérien est imprégné de toutes les composantes du peuple algérien. Il y a des historiens qui ont étudié ses phénomène et le cas de l’Algérie n’est pas un phénomène singulier :
» Un cas particulier, non un phénomène singulier
Ces caractères particuliers du mouvement national algérien ne suffisent pas à en faire une exception singulière par rapport à ceux des pays maghrébins voisins, et de tous les pays qui se sont émancipés d’une domination étrangère. En Algérie comme ailleurs, le nationalisme n’est pas issu par une génération spontanée des masses populaires gardiennes de l’identité nationale : il a d’abord été élaboré par des minorités instruites et organisées, en contact avec la culture étrangère dominante. Comme l’a démontré l’anthropologue Ernest Gellner, dans son livre Nations et nationalismes, « c’est le nationalisme qui crée les nations et non pas le contraire ». Son idéologie inverse la réalité : « elle prétend défendre la culture populaire alors qu’en fait elle forge une haute culture ; elle prétend protéger une société populaire ancienne alors qu’elle contribue à construire une société de masse anonyme » [16]. L’historien tchèque Miroslav Hroch a proposé un schéma du développement des mouvements nationaux d’Europe centrale et orientale, à la validité beaucoup plus générale : « Dans la phase A, un groupe d’intellectuels se consacre à l’étude de la langue, de l’histoire, sans avoir d’influence réelle sur la société. Lors de la phase B, qui constitue vraiment la période de l’éveil du mouvement national, les patriotes répandent leurs idées et leurs plans d’action dans un cercle plus large, pour en faire un mouvement de masse. C’est seulement dans la phase C que cet objectif est atteint » [17]. À part le faible rôle des intellectuels francophones (remplacés par des couches moins défavorisées) dans la phase A, ce schéma convient à l’Algérie. Mais dans tous les cas, seule la fondation d’un État permet au mouvement national de parachever l’unité nationale là où l’État ne préexiste pas. Comme l’a dit le maréchal Pilsudski, libérateur de la Pologne, « c’est l’État qui fait les nations et non pas les nations qui font l’État » [18].
La représentativité du FLN et l’existence d’une nation algérienne ont été contestées par les partisans de l’Algérie française jusqu’en 1960, voire jusqu’en 1962. De même, la représentativité des mouvements nationalistes séparatistes a pu être contestée jusqu’à la fin de la Grande Guerre en Irlande, et dans les nationalités dominées de l’Empire austro-hongrois et de l’Empire russe. La violence extrême qui a caractérisé le nationalisme algérien n’est pas non plus sans équivalent, dans le reste du monde arabo-musulman, dans l’Europe balkanique, et en Irlande (qui est sans doute le cas le plus proche du cas algérien malgré l’absence de tout lien historique entre les deux pays). Non, le cas algérien n’est pas unique en son genre.
En fin de compte, la politique française d’assimilation culturelle et politique a échoué en Algérie, mais elle y a produit involontairement un phénomène d’acculturation incontrôlée dont résultent en grande partie le nationalisme, l’État et la nation. En cela, le mouvement national algérien ne se distingue pas fondamentalement de la plupart des mouvements nationaux du Sud et du Nord de la Méditerranée, qui se sont formés en dehors du cadre des États existants et en réaction contre eux. C’est plutôt la nation française, mûrie en plusieurs siècles à l’intérieur d’un État monarchique préétabli, qui pourrait faire figure d’exception. Ainsi l’histoire comparative nous permet de dépasser les faux problèmes idéologiques. »
Guy Pervillé
[1] « La France, c’est moi ! », dans La Défense, n° 95, 28-02-1936.
[2] Voir les graphiques élaborés à partir des archives militaires par le général Maurice Faivre dans ses livres : Un village de harkis, Paris, L’Harmattan, 1994, p. 250, et Les combattants musulmans de la guerre d’Algérie, mêmes éditions, 1995, p. 258.
[3] Cf. ma communication sur « La politique algérienne de la France (1830-1962) », in Juger en Algérie (1944-1962), revue Le genre humain n° 32 (sept. 1997) Paris, Le Seuil.
[4] Voir ma thèse, Les étudiants algériens de l’Université française, 1880-1962, Paris, Editions du CNRS, 1984, et Alger, Casbah Editions, 1997, chap. I.
[5] Voir les thèses de Charles-Robert Ageron, Les Algériens musulmans et la France (1871-1919), Paris, PUF, 1968, Gilbert Meynier, L’Algérie révélée, Genève et Paris, Droz, 1981 (sur la Grande Guerre), et de Belkacem Recham, Les musulmans algériens dans l’armée française (1919-1945), Paris, L’Harmattan, 1997.
[6] Tableau des effectifs et des pertes du FLN-ALN reproduit par Djamila Amrane, Les femmes algériennes dans la guerre, Paris, Plon, 1991, p. 232.
[7] Les estimations citées varient de 10 000 à 150 000 morts, en fonction des opinions, mais aucune n’est fondée sur un recensement précis.
[8] Tract reproduit par Mouloud Feraoun dans son Journal, 1955-1962, Paris, Le Seuil, 1962, p. 50-51.
[9] Les Mémoires de Messali Hadj, Paris, J.-C. Lattès, 1982, p. 167.
[10] Cité par Abed Charef, Octobre, Alger, Laphomic, 1990, pp. 258-259.
[11] Cité par Le Monde, 14-10-1994, p. 1.
[12] Sur le thème du « parti de la France », voir ma thèse, complétée par mes articles : « L’élite intellectuelle, l’avant-garde militante et le peuple algérien », in XXème siècle. Revue d’histoire, n° 12, oct. déc. 1986, pp. 51-58, et « The Francisation of Algerian intellectuals : history of a failure ? » in Franco-Arab encounters, edited by L. Carl Brown and Matthew Gordon, Beyrouth, AUB, 1996, pp. 415-445.
[13] « L’Islam est ma religion, l’arabe est ma langue, l’Algérie est ma patrie ». Voir les déclarations du cheikh Ben Badis reproduites par Ali Merad, Le réformisme musulman en Algérie de 1925 à 1940, Paris, Mouton, 1967, pp. 382-383 et 398-399.
[14] Benjamin Stora, « Faiblesse paysanne du mouvement nationaliste algérien avant 1954 », XXème siècle, n° 12, pp. 59-72.
[15] Voir mon article : « Les principes de 1789 et le mouvement national algérien », Revue française d’histoire d’Outre-mer n° 282-283 (1989), pp. 231-237.
[16] Ernest Gellner, Nations et nationalismes, Paris, Payot, 1983, p. 86 sq et p. 177.
[17] Bernard Michel, Nations et nationalismes en Europe centrale, Paris, Aubier, 1995, p. 133.
[18] Cité par Éric Hobsbawm, Nations et nationalismes depuis 1780, Paris, Gallimard-NRF, 1992. p. 62.
@Tazaghart
malheureusement avec ce genre de discours exclusivisite (qui regne de surcroit depuis l’independance !) j’ai peur qu’un avenir meilleur ne soit pas pour demain.
avec tout ce qu’on a vecu jusque là, on arrive même pas à en tirer la moindre leçon… !
c’est hallucinant comment le pouvoir algerien nous a formaté dans l’uniformisme, l’integrisme et la haine de la difference.
au moment même où on voit tout s’effondrer autour de nous à cause de ce genre d’idéologie…,on persiste on signe et on continue dans le même aveuglement.
ecxusez moi @Tazaghart de vous le dire mais votre discours est vieillot (la recette on l’a deja experimenté et on connait bien le resultat) moi l’Algerie dont je reve est tout simplement une Algerie plurielle (multilingue et multiculturelle comme elle l’est dans la realité), democratique et sociale, point à la ligne. autre chose c’est de la polemique sterile comme on sait bien en confectionner nous les algeriens.
cordialement.
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@Jam,
Je trouve qu’il y’a un inversement des roles. Le discours de la haine, de l’integrisme, de l’exclusivite et de l’uniformisme, et qui plus est vient d’une minorite ideologique extremement minoritaire sur le plan social, c’est plutot le discours de Kateb Yacine et que vous defendez vous meme ici.
J’ai mis plus haut une video et une interview a ce propos et n’importe que musulman et arabe algerien recevera cette haine en pleine gueule en visionnant cela.
Comme deja dit il deni meme aux algeriens leur droit a appeller leur pays El Djazair, et lorsque la journaliste lui dit peut on revenir sur des acquis de ce type, il lui repond absolument on doit s’elever contre ce mensonge.
Vous voulez chasses la langue arabe de l’Algerie et la rendre comme langue etrangere et avancant comme par avant la darja et le berbere. Un referendum sur l’Islam et La Langue Arabe en Algerie donnera un raz de maree qui n’a de semblable que celui de l’independance. Vous voulez exclure tout cela de l’Algerie et exclure les algeriens avec au nom de quoi? Au nom d’une ideologie haineuse qui croit etre en mesure de refaire l’histoire et de revenir 14 siecles en arriere pour effacer l’ame de ce peuple et de cette nation.
Comme deja dit s’il n’est question que d’une revendication linguistique berbere et a faire une place a une langue tamazight( a creer encore une fois et qui n’a pas de trace en tant que tel dans toute l’histoire) je n’ai pas de probleme avec ca, ou avec le fait que Kateb yacine lutte pour cela.
Mais ce qu’on voit plutot dans le discours et qui est revendique plutot c’est une compagne pour exclure l’Islam et l’Arabe de l’Algerie.
@Mouloud Y,
Ma reponse est identique a ce que j’ai repondu a Jam.
Quand la france est arrive en Algerie, la seule langue lettre que pratiquaient les algeriens, arabophones ou berberophones c’est La langue Arabe.
C’est tout naturellement que le mouvement national n’a evoque que cette langue parceque ce fut la seule langue lettre de algeriens. Le berbere n’a jamais depasse le stade de l’oralite dans les regions berberophones qui eux meme ecrivaient en Langue Arabe et non en berbere.
Maintenant qu’un Kateb Yacine ( qui n’etait meme pas un berberophone et ne parlait pas berbere) veulent oeuvrer a promouvoir une nouvelle langue appelle Tamazight a partir de ces parlers, c’est une chose.
Mais s’en prendre a La Langue arabe en pretextant le berbere et la darja s’en est une autre.
C’est tout simplement une instrumentalisation du fait berbere pour regler des problemes ideologiques avec L’Islam et La Langue arabe.
Et c’est cela qu’a fait le mouvement berberiste depuis le debut et qui a ete a l’origine de la crise au sein du PPA en 1949. Les marxistes ont simplement repris le meme discours colonial contre l’Islam et l’Arabe et la meme instrumentalisation du fait berbere contre ces deux composantes qui etaient au fondement du mouvement national.
Un autre point que j’ai omis de souligner. On cite le cas francais en exemple, alors que la France c’est l’exemple par excellence de l’uniformite linguistique.
Il y’a une bonne dizaines de langues en france qui etaient pratiquaient dans divers regions de france et qui n’ont strictement aucun statut.
A Tazagharth,
Décidément, on s’entête, et pourtant je l’ai écrit plus haut :
« …le nationalisme n’est pas issu par une génération spontanée des masses populaires gardiennes de l’identité nationale : il a d’abord été élaboré par des minorités instruites et organisées, en contact avec la culture étrangère dominante…elle prétend défendre la culture populaire alors qu’en fait elle forge une haute culture ; elle prétend protéger une société populaire ancienne alors qu’elle contribue à construire une société de masse anonyme………
C’est plutôt la nation française, mûrie en plusieurs siècles à l’intérieur d’un État monarchique préétabli, qui pourrait faire figure d’exception. Ainsi l’histoire comparative nous permet de dépasser les faux problèmes idéologiques. »
En effet, avant la colonisation française, il y avait une minorité d’imams berbères lettrés du coran qui utilisaient déjà les lettres arabes pour communiquer en berbère avec les berbères musulmans qui ne comprenait pas l’arabe. Mais cette minorité était équivalente à la même minorité lettré arabe, qui utilisait les lettres arabes pour communique en dardja avec les autres arabes, l’islam étant le véhicule et qui n’avait pas fini son expansion dans les villages et les Mechtas. N’importe qui ne pouvait pas aller à Damas ou à la zitouna ou à al azhar. Ni d’ailleurs dans les Zaouias, ce n’était pas permis à tous les algériens.
A la colonisation, quand la Jules Ferry a rendu l’école obligatoire et gratuite, que les colons d’Algérie ont bénéficié, ainsi qu’une minorité d’algériens, plutard Ben Badis avait vu son projet orientaliste concurrencé par l’école française qu’il a interdit les Zaouias populaires.
Quant à l’uniformité linguistique de la France, c’était une synthèse du latin et du grec à partir du 9ème siècle avec Charlemagne. En effet, nous avons du retard ! et cela fait peur !
Quand aux langues régionales en France, voir ceci : « « Après la reconnaissance par notre constitution des langues régionales, rien ne justifierait aujourd’hui que l’on ignore la diversité de nos langues de France, leurs beautés, leurs histoires, leurs spécificités, ni les superbes textes qu’elles ont produits et qu’elles produisent.
On n’est pas pleinement cultivé quand, vivant sur un territoire, on ignore tout ou presque des réalités linguistiques de ce territoire, parce que justement la langue est source de culture. »
Christian Philip,
Recteur de l’académie de Montpellier.
Notre objectif se doit, de construire une nation ALGÉRIENNE ouverte avec aucune prédominance culturelle pour le vivre ensemble. Nous en avons les moyens. IL reste la volonté.
Quand au référendum sur l’arabe et l’islam, il faut d’abord respecter la liberté de chaque algérien, pour pouvoir prétendre donner un raz de marré sur n’importe quel référendum.
@ TAZAGHARTH
Sur tamazighth, elle est parmi les premières langues de l’histoire. Comment dire qu’elle n’a pas dépassé l’oralité, alors que IBN TOUMERT réalisa la traduction du coran en langue berbère, et son livre « aazou ma youtlab » !
Aux avocats de Kateb,
Arrêtez de philosopher deux minutes et dites nous si Kateb était contre la langue arabe ? Oui ou non ? Une réponse toute simple merci.
PS: qui a dit « c’est un devoir pour les races supérieures de civiliser les races inférieures »…?
Réponse: Jules Ferry…je vous laisse deviner qui sont les supérieures et les inférieures…
Le problème des langues en Algérie.
Nous nous trouvons avec trois langues parlées et écrites, les avancées de l’une sur l’autre est manifeste. Ceci, étant le poids de l’histoire.
Une langue parmi ces trois est considérée comme langue de l’occupant battu, en l’occurrence le Français, mais elle demeure, après 50 années d’indépendance, la langue qui crée le plus dans tous les domaines et c’est un constat.
Trois questions se posent :
1°/ On supprime le français, langue de l’agresseur, même si elle a plus de corpus pour la création, et on édifie les deux autres langues ?
2°/ On supprime les deux langues, Français et Tamazighth, l’une étant rejetée par l’histoire coloniale et l’autre ayant beaucoup de retard sur la création par rapport à l’arabe ?
3°/ On supprime les deux langues des conquérants arabe et français, et on édifie la langue souche Tamazighth ?
Mon point de vue, c’était la réponse à ces questions que voulait nous éluder Kateb Yacine en prônant les langues populaires.
@MissTmourt?
vous n’avez qu’à lire l’œuvre de Yacine et vous aurez le réponse.
mais je vois que y a trop d’ a-aprioris et trop d’amalgames sur cette question ce qui fait que les gens se complaisent dans leur ignorance et n’essayent pas d’avancer. ça polémique dans le vide et c’est tout !
QUESTION:
es ce que la politique linguistique de l’État Algérien vous convient comme elle est pratiquée jusque là ?
dans le cas contraire qu’est ce que vous proposez comme politique linguistique dans une future Algérie?
merci