Abdellah CHEBBAH Mars, 2020
Cela fait presque 60 ans que l’Algérie vit dans des confinements. Depuis l’indépendance, l ’Algérien naît et meurt confiné. Un virus vient de décider la continuité. Désormais, en plus de ne pas disposer de ces droits et de ces libertés, celui-ci lui interdit tout simplement de vivre, de respirer.
Est-il condamné a être éternellement confiné ?
En 1962, une horde sauvage sortie des frontières est venue imposer le confinement du peuple Algérien. Il lui ordonna de se taire et de se terrer sur toutes les questions du pays, y compris son destin. Deux décennies plus tard on le confina dans un paganisme médiéval religieux qui sombra le pays dans un carnage inhumain. Vint ensuite, deux autres décennies de confinement aveuglé par l ’outrance, la corruption, le non sens, l’arbitraire, l’obscurantisme, l’injustice, la hogra, le privilège, la médiocrité, l’inculte, le vomis.
Le citoyen regarde et médite encore sans pouvoir agir, ni manifester ses malheurs. Il s’auto- confine lui-même pour éviter le pire.
Y a t-il plus pire que le confinement corporel, verbal et moral?
De longue date, le confinement de l’Algérie était programmé. Même pendant les moments d’aisance financière, il ne fallait point s’ouvrir au monde qui nous entoure. Des vacances à l’étranger nécessitait une autorisation, un visa. Disposer de son argent au moment voulu et de son montant était un parcours du combattant. Investir dans un projet bénéfique au pays sans glisser la patte était quasiment impossible. Prétendre à un logement et un travail, fallait courir. Aspirer a vivre suivant ses convictions était un rêve. Même le dinar, le tourisme, le Sahara ont été confinés. Le confinement est devenu étouffant.
Voilà qu’un 22 février 2019, l’algérien ne pouvant plus, inonda l’espace public en milliers pour exploser et dire ‘’Barakat’’. It’s enough.
56 marches hebdomadaires ont mis à nu nos ‘’confineurs’’. Parmi eux des psychopathes dans l’ombre, à la tête de l’armée, progénitures de harkas et de vendus, ont reculé devant ce peuple de jeunes qui refusent la prison à vie.
Acharnés à rester au pouvoir, ces débiles n’ont d’autres choix que de passer à des châtiments de colonisateur : Bastonnades, internements, emprisonnements, injustices, morts inexpliquées.
Un virus du type Coronna est venu à point nommé pour les sauver du cataclysme qui allait les propulser en enfer. Par la force de la nature, l’intelligence et la lucidité, le peuple, pour des raisons évidentes, devait forcément se confiner.
Que faire devant deux virus invisibles et mortels ? Le temps nous le dira.
En attendant, continuons notre confinement malgré nous.