Salim METREF
Nous relations dans un article datant d’il y a quelques années (1) et qui n’avait pas la prétention d’être dépositaire de l’analyse exhaustive que tout comme cette génération en or qui a conduit l’éveil de novembre 54 et obtenu l’indépendance de l’Algérie, l’Age d’or des élites algériennes que l’on ne retrouvera peut-être jamais plus ferait partie lui aussi du passé.
Une analyse pertinente et sans concessions de Larbi Zouaimia qui dans une récente analyse a fait part de son sentiment que l’abrutissement général de la société algérienne était désormais acté et devenait insidieusement le substitut à l’Elite et l’un de ses marqueurs majeurs nous incite à donner notre sentiment à ce propos.
Contrairement aux apparences, l’Algérie continuerait donc de payer lourdement la lente et inexorable désertion de l’intelligence et de la compétence du domaine public, de la politique, de secteurs divers et de ce qui généralement en constitue la quintessence et l’émanation, les medias sous toutes leurs formes et dans toute leur diversité.
Ce constat foudroyant de la régression est imparable. A la marginalisation, l’appauvrissement et aussi, il faut bien le dire, la répression des élites s’est substituée leur quasi disparition.
L’Algérie fonctionnerait donc sans ses élites et pire sans élites du tout. Dur de l’imaginer. Le discours politique entendu ici et là et dans son expression la plus primitive et la plus archaïque sonne comme une sérieuse alerte et ce premier signal alarmant d’un futur choc frontal qui serait comme pour le franchissement de la vitesse du son celui de la barrière du vide. Un choc qui aurait au moins le mérite de secouer les cloches aux adeptes de l’autosatisfaction récurrente d’un statu quo mortifère porteur de lendemains qui déchantent.
Pauvres de nous-mêmes qui continuerions donc de jubiler sur les décombres de notre échec ! L’échec serait-il donc si évident ? Probablement. Et tous les indicateurs de ce pays seraient-ils comme le prétendent les quelques rares observateurs crédibles de notre vécu quotidien et de notre économie qui nous restent, tous au rouge ? L’absence de vision à long terme et pire de visibilité à court terme compliqueraient-elles l’équation et provoqueraient-elles le désarroi de ceux qui continuent d’avoir l’Algérie au cœur ? L’Algérie serait-elle donc devenue comme ce chausseur mal chaussé ? Difficile d’y répondre. Les partis politiques semblent absents, inexistants et réduits à des appareils qui ne captent plus, l’ont-ils fait seulement un jour ?, l’adhésion. Et même ceux qui ont prospéré dans le sillon creusé par les valeureux combattants de la liberté et de l’indépendance ne séduisent désormais plus personne et sont même récusés par la jeunesse. Et puis il y’a les autres, qui se croient beaux comme des soleils, cette galaxie d’illusionnistes qui a réussi à essaimer dans le corps social et qui voudrait même désormais servir d’exemple et même de modèle. Oui, il faut bien enfoncer des portes déjà ouvertes, ramer à contrecourant de l’histoire et déclamer à tout vent et froidement avoir réussi et être arrivé.
Oui, le décor ne serait-il plus beau à voir ? La décrépitude et surtout la désillusion seraient-elles ainsi devenues générales et viendraient-elles à bout des plus optimistes ? De ce carré d’irréductibles qui croit encore en une issue positive et qui continue de penser comme ce célèbre cinéaste que les véritables élites même humiliées, marginalisées, éliminées, réprimées seraient comme cette marge qui tient toujours le cahier !
- (1) Ces élites que l’on ne retrouvera jamais plus