Messali Hadj était-il un traître?
Publié par Candide le 7 janvier 2015 dans « Islam et Occident », Actualités, Algérie, Colonialisme, Dictature, Etoile Nord Africaine, France, Libération, Résistance
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L’arbre se juge à ses fruits…
Dr. Lydia, Bouras, AIT SAADI
A la question posée par Daho Djerbal, de savoir si Messali Hadj était un traître, je répondrai en revenant à ma thèse de doctorat, soutenue en janvier 2010, à l’INALCO, Paris, Lydia Ait Saadi, et portant sur « L’émergence de la nation algérienne à travers les manuels scolaires d’histoire algériens », vol. 1.
Bien entendu, je ne m’embarrasserai pas des opinions affichées par les rédacteurs des manuels d’histoire algériens, du fait qu’ils expriment la doctrine officielle des dirigeants post-indépendance, et je me contenterai de revenir aux textes et documents d’archives, que j’avais compulsés et cités dans ma thèse, pour discussions, car, au-delà de toute prise de position partisane, ils nous éclairent sur le parcours militant et novateur de Messali Hadj, et surtout, ils le replacent dans son contexte historique, par simple mesure de rigueur dialectique, d’une part, et surtout, par devoir de mémoire et de respect dû à toute son œuvre au profit de l’Algérie.
Je vous en donne quelques extraits qui permettront, à ceux qui ne veulent pas s’embarrasser de la rigueur de l’histoire documentée, à laquelle ils préfèrent la propagande et les ragots ou les articles de presse orientés, de prendre la mesure réelle de la contribution de feu Messali Hadj, au recouvrement de l’indépendance, d’une part, et à expliquer pourquoi, il a été ostracisé, par ceux-là mêmes qu’il a initiés au mouvement national, avant qu’ils n’entrent en conflit avec lui, pour des motivations subjectives et de pouvoir, d’autre part.
Si nous remontons, dans le temps, pour revoir la génèse du mouvement national, nous dirions déjà que durant l’entre-deux-guerres […] et après l’échec des révoltes populaires, du XIXe siècle, à repousser l’occupant français, le peuple algérien poursuivit son combat, mais cette fois-ci, sous une forme politique, et cela malgré sa situation économique, sociale et culturelle, catastrophiques. […] La résistance politique consistait au départ en quelques associations religieuses réformistes et des partis politiques, dont l’activité principale consistait en la publication de journaux en langue française mais également en arabe, ainsi qu’en l’organisation de manifestations. Ces mouvements nationalistes alliaient des aspirations politiques et culturelles et cela par la constitution d’Instituts d’enseignement et d’organismes de formation pour les jeunes « qui les préparaient à la révolution, à l’exemple des Scouts musulmans ».
Dans le chapitre IX, page 336, de ma thèse, relatif à la reconstruction de l’entité algérienne, après la déstructuration de la société à travers la tribu, l’enseignement, les mœurs et les coutumes, je démontre que les partis vont jouer un rôle dans la reconstruction de l’entité algérienne durant la domination française, et […] préparer l’émergence de la nation, et dans quelles conditions.
A son arrivée, la France avait, en effet, pour volonté de reconstruire ses finances, et une fois prise la décision de s’implanter définitivement en Algérie, elle poursuivra une politique de peuplement européen, de christianisation et d’éradication de l’identité algérienne, pour briser la résistance du peuple algérien.
Dès la première guerre mondiale, la résistance des Algériens à la loi de conscription militaire de 1912, va leur permettre de ne plus craindre la puissance militaire française, et la guerre leur permit de rencontrer d’autres colonisés (africains et asiatiques), également exploités par la France. Cela éveilla des idées nationalistes chez les soldats, alors que les travailleurs algériens apprirent les méthodes de luttes syndicales (manifestations, tracts…).
Toutefois, à la fin de la première guerre mondiale, les Algériens revendiquèrent leur droit à l’autodétermination qui leur fut refusé. Cependant, en réponse aux revendications algériennes, par rapport aux promesses de Poincaré, d’accorder des compensations, suite à la charge de la conscription militaire, la France proposa la réforme du 04 février 1919. Celle-ci visait à faciliter la naturalisation de certaines catégories d’algériens sous certaines conditions, mais également l’augmentation ou l’octroi de droits politiques aux « indigènes », ainsi que le droit de vote et la participation d’élus algériens à toutes les assemblées, sans toutefois leur donner la parité. Les manuels réservent une large place aux réactions des intellectuels algériens à cette réforme qui partagea les Algériens. Une partie des intellectuels l’accepta en y voyant un moyen d’arriver à l’égalité, et un autre courant s’opposa à cette loi, considérant que l’égalité n’était possible qu’avec le respect du statut personnel musulman; l’émir Khaled fut de ceux là. Il fut le véritable père de la lutte politique moderne. Sa lutte visait à court terme à obtenir le droit de vote qui consacrerait l’égalité entre colons et algériens d’origine arabe. A long terme l’émir visait déjà l’indépendance de l’Algérie. Sa lutte prit ainsi un aspect révolutionnaire qui se développera et mûrira jusqu’à aboutir à l’insurrection du 1er novembre 1954. Il accordera son appui total à la résistance de l’Emir Abdel Krim Al Khettabi, qui combattait le colonialisme espagnol au Riff. Cet activisme et cette dimension maghrébine lui valurent d’être expulsé en 1926, vers la Syrie où il mourut en 1936.
« Si l’homme disparut de la scène politique, ses idées lui survécurent et elles continuèrent à inspirer la lutte politique ».
A l’opposé, le courant des « assimilationnistes » représenté par le docteur Bentami, accepta la naturalisation en se défaisant du statut personnel musulman en échange de l’obtention des mêmes droits que les colons européens en Algérie. Ferhat Abbas, pour narguer ces naïfs, disait à propos de la réforme du 04 février 1919 :
« Il ne modifia pas notre statut de sujets et esclaves de la France, les Français et les Algériens demeurèrent séparés au regard de la loi, et le problème de nationalité et de l’égalité resta le même ».
Néanmoins, en droite ligne de la doctrine de l’Emir Khaled, petit fils d’Abdelkader Al Jaza’iri, la résistance va ressurgir sous une forme moderne avec la création de mouvements politiques dès la « Première Guerre mondiale ». C’est l’émir Khaled, qui a initié cette nouvelle voie en devenant président de « l’Étoile Nord Africaine », à sa création en 1926, quand ce mouvement regroupait des dirigeants maghrébins. Dès qu’il fut expulsé vers la Syrie, il sera remplacé par El Hadj Ali Abdel Kader militant du parti communiste français, mais celui-ci se retirera très vite, car il était opposé à l’idée d’indépendance. Lorsque ce dernier se retira de l’ENA, Messali Hadj prit la relève, et révèla ses idées indépendantistes, ce qui provoquera la dissolution du parti en 1929. Un événement considérable occupait alors, l’horizon du Maghreb : la lutte de l’émir Abdelkrim, « Notre précurseur », diront Ho Chi Minh et Mao Tsé Toung. Abdelkrim qui remporta une victoire écrasante sur les Espagnols à Anoual, faisant 10.000 prisonniers, parvient à faire chanceler la présence française au Maroc. Ce n’est qu’en alliant leurs forces, que l’Espagne et la France parviendront péniblement à endiguer l’élan impétueux des moudjahidines d’Abdelkrim. « L’Étoile Nord Africaine », tout d’abord proche du parti Communiste, s’en démarquera, affirmant plus nettement ses thèses indépendantistes, alors qu’à l’origine elle avait été créée pour « la défense des intérêts matériels, moraux et sociaux des musulmans nord africains ». Dissoute en 1929, parce qu’elle revendiquait l’indépendance pour l’Afrique du Nord, elle reprit son activité en 1935, pour être à nouveau dissoute le 26 janvier 1937.
« L’Étoile, dira Charles André Julien, se distingua des autres partis indigènes par une doctrine à base essentiellement religieuse […] qu’elle propagea par son journal publié en français El Ouma […] L’assemblée générale du 18 mai 1933, précisa son programme. Sur le plan religieux, elle proclama la fraternité et l’unité de l’Islam, affirmée par ses délégués au Congrès Islamo-Européen de Genève du 12 septembre 1935[…] Sur le plan national, elle revendiqua la reconnaissance de la langue arabe comme langue officielle […] ».
Parallèlement à l’Étoile, va naitre en 1931, « L’Association des Uléma », présidée par Abdel Hamid Ibn Badis, mouvement salafiste et réformateur, qui luttait contre l’assimilationnisme, la naturalisation et le charlatanisme empreint de mysticisme religieux, ainsi que contre les fléaux sociaux réprouvés par la morale. La principale activité des Uléma était l’éducation des masses par l’enseignement du Coran et de l’arabe, à travers les écoles libres, ils prônaient un Islam pur, leurs mots d’ordre étaient :
« Allah est notre Dieu, Mohammed notre prophète, l’Islam notre religion, le Coran notre constitution, l’Algérie notre patrie, l’arabe notre langue ».
L’association des Ulémas n’était pas à proprement dire, un parti politique et n’était pas non plus, très proche du courant indépendantiste du mouvement national algérien.
Durant ce temps, on verra que même le courant assimilationniste, évoluera sous la présidence du Dr. Benjelloun qui dira en 1937 :
« La France a refusé l’assimilation des Algériens pour des raisons racistes et religieuses uniquement, de ce fait il est de notre droit de revendiquer à l’avenir, l’indépendance de notre pays par tous les moyens possible ».
Cette déclaration pour le moins inattendue, de la part d’un « assimilationniste », résume à elle seule, la nature des revendications de tous les mouvements, et le silence sur le contenu de cette « indépendance », que les colons vont revendiquer de même, mais pour lui donner un autre sens, celui de l’Afrique du Sud, et pour certains, celui de l’Australie.
La situation qui se développait en Afrique du Nord va conduire « l’Étoile Nord Africaine », à redoubler d’efforts dès 1933. Des manifestations se déroulèrent en Tunisie contre les naturalisés français tout comme à Rabat et à Fez contre la promulgation du « Dahir berbère » qui tenta de soustraire les berbères à la législation islamique. L’Algérie ne fut pas en reste avec des manifestations à la suite d’une interdiction aux oulémas de prêcher dans les mosquées. A l’Assemblée générale qui se tint en mai 1933, des statuts furent élaborés, et un programme adopté, il fut retenu pour ce qui est de la section algérienne :
« Notre programme […] doit être considéré par nous comme un pacte national liant l’ensemble de la population musulmane algérienne, travaillant avec dévouement et abnégation pour la défense de nos intérêts, nos revendications immédiates et l’indépendance de notre pays […] Pour notre salut, pour notre avenir, pour occuper une place digne de notre race dans le monde, jurons tous sur le Coran et par l’Islam de travailler avec acharnement pour sa réalisation et pour son triomphe final. ».
Ce programme politique pour l’Algérie est à peu près le même que celui du Maroc et de la Tunisie, évidemment, en tenant compte de la position générale de ces deux pays et de leur constitution politique. En 1934, lors d’un meeting organisé à Paris, « l’Étoile Nord-Africaine » a fait voter une motion qui dit en particulier :
« Les musulmans nord-africains, au nombre de 3.500, le 19 août 1934, à 14 h 30[..] Après avoir entendu l’exposé des divers orateurs, approuvant sans réserve l’action de l’Étoile Nord Africaine et se déclarant prêts à la soutenir par tous les moyens. Ils stigmatisent avec force la provocation de l’impérialisme français laquelle a engendré à Constantine un drame sanglant. Ils affirment leur solidarité effective et agissante avec les victimes de la répression. Ils déclarent approuver entièrement la fière attitude de nos coreligionnaires qui ont relevé le défi et répondu à la profanation de la mosquée musulmane, à l’insulte des fidèles et de notre vénéré Prophète. Ils s’élèvent hautement contre l’incarcération de plusieurs centaines de nos coreligionnaires innocents et réclament avec force leur libération immédiate, la levée de l’état de siège et se séparent aux cris de : »A bas le code infâme de l’indigénat ! A bas les lois d’exception ! A bas la commune mixte du mouchardage de la rue Le Comte ! Vive la lutte émancipatrice des musulmans nord africains ! Vive l’indépendance de l’Afrique du Nord ! Vive l’Islam ! » ».
L’action de l’Étoile, initiée en France, va se transplanter sur le territoire nord-africain en éclatant sous la forme de « Néo-Destour » en Tunisie, de « l’Action Marocaine » au Maroc et du « Parti du Peuple algérien » (P.P.A.), crée le 11 mars 1937. Le P.P.A. sera d’ailleurs presque aussitôt dissout et ses dirigeants, dont Messali, arrêtés. La coloration arabo-islamique plus prononcée du P.P.A. et de « l’Association des oulémas » qui est créée en 1931 est, pour une grande part, due à l’influence de Chekib Arslan qui entretenait des rapports suivis avec les mouvements nationalistes et religieux en Afrique du Nord. Réfugié à Genève après des déboires avec l’impérialisme français, il fut formé à l’école de Djamal Eddine El Afghani, d’Abdou et de Cheikh Reda. Cet homme nommé le « prince de l’éloquence » et qui fut à la tête de la délégation permanente à Genève du « Comité syro-palestinien », fondé au Caire en 1921, va jouer un rôle prépondérant dans les événements qui se dérouleront en Afrique du Nord.
Charles-André Julien dit de lui :
« En servant d’arbitre dans les confits musulmans, en adressant aux chefs de partis des directives permanentes ou des solutions de cas litigieux en multipliant les articles et les correspondances particulières; en publiant une revue en français « La Nation Arabe » largement diffusée de Java au Maroc parmi les élites à qui elle fournit des documents commentés et des bases doctrinales, Chekib Arslan fit de la maison de l’avenue Ernst Hentsch, où il avait installé son bureau d’information, l’ombilic du monde musulman.[…] Singulière personnalité que celle de ce féodal libanais, qui, de son bureau de Genève, distribua dix-huit ans durant, les mots d’ordre à l’Islam méditerranéen et dont influence survit à toutes les compromissions […] Nul, plus que lui, ne contribua à répandre l’idée que l’Algérie, la Tunisie et le Maroc sont des éléments de la communauté musulmane à laquelle l’unissent la religion, la langue et la culture ».
En vérité, Chekib Arslan, qui fut grand à bien des égards, ne répandit point cette idée. Il ne fit qu’œuvrer spectaculairement, à sa résurgence. En effet, de l’émir Abdelkader à El Mokrani et Cheikh El Haddad, de Bouziane des Zaatchas à Boumaza du Dahra, à Bouamama et les Ouled Sidi Cheikh, à tant et tant d’autres pour finir à Messali et cheikh Ben Badis, cette idée même était la semence enfouie aux tréfonds de nous-mêmes, elle impulse nos flux vitaux, détermine l’axiologie de nos mouvements essentiels, nous habite littéralement.
La tendance égalitariste (intégrationnistes) :
Prôné par un groupe d’Algériens férus de culture française, ils différèrent de l’émir Khaled à propos de l’intégration et de la citoyenneté sans condition. Les réformes de 1919, constitueront un tournant pour eux, avec la participation aux élections, ils fondèrent « la Fédération des Députés Musulmans Algériens », pour défendre les droits des Indigènes et demander l’égalité totale avec les Français. En Juin 1927, ils fondèrent « l’Union des Elus Musulmans Algériens », qui unit les députés des trois départements, mais ils ne purent avoir d’impact politique vu que les autorités coloniales refusèrent l’idée d’égalité. Les Algériens ne les suivirent pas non plus, car, leurs idées exprimaient une orientation culturelle occidentale. Ferhat Abbas, sera réputé faisant partie initialement de cette tendance, prisonnier qu’il était de son milieu social et culturel, et s’il n’anticipait pas les évènements, il savait s’y adapter, et il passa de la colonie au département, pour enfin, oser « La France, c’est moi!»
(Ferhat Abbas, le Jeune algérien, op. Cit. « L’Algérie est une terre française et nous sommes français avec un état civil musulman […] nous espérons qu’elle évolue de colonie à département. Il n’existe rien dans le Coran, qui empêcherait un Algérien d’être un bon français du point de vue national mais l’obstacle est le colonialisme… ».
Ferhat Abbas, journal « Alwifaq » 23.02.1936 : « La France, c’est moi ! La patrie est une affection qui pousse un peuple parmi les peuples à vivre ensemble au sein de frontières définies et c’est elle qui a conduit à la mise en place de la suite des nations actuelles. Si j’avais découvert l’existence d’une nation algérienne, je serai patriote. Les patriotes sont honorés parce qu’ils meurent pour une idée patriotique. Mais je ne suis pas prêt pour mourir pour une patrie algérienne. En effet, cette patrie n’a pas d’existence et je ne suis pas en mesure de le découvrir; j’ai questionné les vivants et les morts et j’ai visité les cimetières et personne ne m’a parlé de cette patrie et il n’est pas dans la possibilité d’une personne de construire sur du vent […] »).
Je ne vais pas m’étaler sur le parti communiste, dont le rôle fut somme toutes marginal : Il fut concerné par la défense des intérêts des travailleurs et fut plus, un mouvement à caractère syndical. Il fut pour l’intégration, du fait de sa liaison avec le parti communiste français. La branche algérienne fut fondée en France en 1936, sous la présidence d’Amar Ouzegane, il transféra son activité en Juillet 1936, à Alger, où il tint son congrès fondateur. La plupart de ses membres étaient Européens, et ses demandes tournaient autour de l’égalité des droits entre Algériens et Français, dans le cadre de l’Union française provisoire en attendant l’Etat socialiste. Ils demandaient la double nationalité Algérienne et Française, et la constitution d’un gouvernement élu qui aurait un représentant en France. Le parti a été l’un des fronts qui ont connu le militantisme d’Algériens qui y pensaient trouver une amélioration de leurs conditions économique, sociale et politique.
Le Congrès musulman, 7 Juin 1936 :
Organisé à la demande des chantres de l’assimilation à la tête desquels le Dr. Salah Ben Djelloul, Abdel Hamid Ben Badis, l’accueillit avec bienveillance pour défendre les composantes arabe et française, Ferhat Abbas y fut très actif, le parti communiste y participa. Il eut pour objet, la discussion du projet Blum Violette, de tenter de trouver des points d’accords entre les tendances nationales et de distinguer les conditions pour cela. L’ENA n’y participa pas, arguant que sa demande d’indépendance totale exclut l’assimilation contenue dans le projet. Le « Congrès » fut tenu à Alger, salle Majestic, (Atlas), à Bâb El Oued, durant un jour, il approuva les résolutions suivantes :
– Abolition des humiliantes lois de l’indigénat.
– Reconnaissance officielle de la langue arabe.
– Conservation du statut personnel pour les musulmans algériens.
– Elections communes dans les mêmes urnes entre Algériens et Français.
– Epuration générale dans l’administration algérienne.
– Représentation des Algériens au parlement français.
Les demandes ont été présentées au chef du gouvernement français, (23.07.1936), qui promit de les étudier et les supporter, mais les colons ayant considéré que l’assimilation mettait en danger leur présence future, le projet fut enterré. Après cela, l’idée de naturalisation recula et ses protagonistes se divisèrent. En 1938, ils furent convaincus des mensonges des promesses du « Front populaire », ce qui augmenta la diffusion des idées du « Parti du Peuple Algérien» et contribua à l’élargissement de sa base militante.
Messali Hadj leur dit refuser ce qui est dans la « Charte » concernant l’annexion à la France (Ahmed Mahsas : Le mouvement révolutionnaire en Algérie.
Tiré du discours de Messali Hadj au Congrès islamique.
« Je prends ici l’engagement, au nom de mon mouvement et devant le vénérable cheikh Ben Badis, de déployer tout ce que pourrait déployer un homme pour supporter ces revendications et travailler pour la noble mission qui est notre affaire à tous. Cependant, je déclare clairement notre strict refus pour ce qui est énoncé dans la Charte concernant l’annexion de notre pays à la France et la représentation de ses habitants dans son parlement »).
Il confirme à Ferhat Abbas que seule, la force peut arracher des droits.
«Moi, je n’au aucune confiance dans la France, la France ne te donnera rien. Elle ne plie que devant la force, et elle ne donne que ce que tu peux lui arracher ».
Situation politique au début du déclenchement de la deuxième guerre mondiale :
Après que la France eut rejeté les demandes du « Congrès islamique », elle emprisonna les dirigeants du PPA, dont Messali Hadj, en Octobre 1939, mit en résidence surveillée le Président des « Oulémas », Bachir Ibrahimi à Aflou (Laghouat), et interdit la parution des titres de presse nationaliste ou des Oulémas, comme « Achihab », « Al Bassaïr », « Al Ouma », et « Albarlouman ». Dans le même temps, elle tenta d’attirer vers elle, quelques Algériens comme le groupe des élites, des élus et des bourgeois, pour s’assurer de leur soutien puisqu’elle leur fit des promesses pour l’autodétermination et quelques autres réformes, comme la reconnaissance pour les soldats qui reviendraient du front, mais elle exécuta d’autres qui penchaient pour les « pays de l’Axe », comme Mohamed Bouras, (le fondateur des scouts musulmans), en Mai 1941.
Manifeste de Février 1943 :
Le « Manifeste de février1943 » ou « Manifeste du peuple », était une charte des mouvements nationaux, pour transcender l’autorité coloniale et assurer un substitut. Il décrit la triste réalité des Algériens tout comme il exprime le développement de la prise de conscience, ainsi que le début de l’initiative nationale.
Ce « Manifeste » a été préparé lors de l’Assemblée des tendances du mouvement national représentées par le « PPA », l’Assemblée des « Oulémas Musulmans Algériens », et les « Elus », entre les 02 et 10.02.1943, il englobe les demandes fondamentales du peuple algérien. (Moumen Lamari, « Le mouvement révolutionnaire algérien ».
« La période de la guerre fut propice pour faire connaître la situation politique algérienne, avec le débarquement des alliés en Algérie, le 08 novembre 1942. Le général Giraud, commandant le débarquement réunira les notables politiques algériens. La réunion se termina avec leur engagement à participer à la défense, aux côtés des Alliés contre l’Axe, en contrepartie d’un engagement clair d’une rétribution après la fin de la guerre. A la suite de cela, les militants du PPA dissous reprirent leur activité avec un groupe de députés et en particulier avec Ferhat Abbas, ce qui eut pour résultat la parution du Manifeste algérien, le 10 février 1943.»)
« Le Manifeste » a été rédigé par Ferhat Abbas, il en envoya des copies, pour le sortir du cercle local et lui donner un retentissement international, au gouverneur général, le 31.03.1943, au général De Gaulle, aux « Alliés », et au gouvernement égyptien.
Extraits du Manifeste
Le Manifeste condamne l’intégration et dénonce le colonialisme.
« 1.- Condamnation de l’intégration, dénonciation du colonialisme et demande à ce qu’il y soit mis fin.
2.- Application du droit à l’autodétermination pour tous peuples, petits ou grands
3.- Octroi à l’Algérie d’une Constitution spéciale qui assurerait les points suivants :
– La liberté et l’égalité pour tous les habitants sans distinction de race ou de religion, Abolir les domaines agricoles et assurer la réforme agraire,
– Rendre la langue arabe officielle, sur le même pied d’égalité que le français, – Liberté de presse et de réunions,
– Enseignement gratuit et obligatoire pour tous les enfants, garçons et filles,
– Liberté de culte, et séparation de la religion et de l’Etat,
– Participation des musulmans algériens dans le gouvernement et l’administration de leur pays, Libération des détenus politiques».
Annexe au Manifeste de février (26 mai 1943) : Il détaille les réformes politiques, économiques et sociales apparues dans le « Manifeste de février 1943 », à la demande des autorités françaises.
Manifestations du 8 mai 1945 : Avant d’être une fête pour la fin du système global de dictature, elle fut une réaction populaire consciente, pour protester contre le revirement français à propos des engagements pris. C’était une action politique civile, pour exprimer une opinion, localement et internationalement. Ils voulaient attirer l’attention du Monde sur la question algérienne et sur leurs efforts pour la liberté et l’indépendance. Elles ont été organisées par les « Amis du Manifeste et de la liberté », qui avaient obtenu une autorisation de l’administration française.
Causes : La maturité du mouvement national et sa durée, dans la pratique du militantisme politique ont eu un grand effet sur le développement de la conscience du peuple algérien et sa demande pour le principe d’autodétermination. C’est ce qui a permis de rappeler à la communauté internationale ses thèses politiques durant la 2ième guerre mondiale, en particulier le « Pacte atlantique de 1941 », et ce qui en a découlé avec le « Congrès de San Francisco (1945) », qui avait proclamé le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et le respect des droits de l’homme, la justice et l’égalité », tout comme la « Charte de la ligue arabe » qui supporte l’indépendance des pays arabes.
Résultats : Les manifestations du 8 mai 1945, ont débouché sur 45.000 martyrs, des milliers de disparus, d’handicapés et d’incarcérés, et elles ont ouvert un fossé impossible à combler entre le peuple algérien et l’administration française. La haine s’est développée entre lui et les communautés française et européenne. En effet, les boucheries qui en ont résulté ont détruit toutes idées d’intégration et de coexistence ; tout comme, la dissolution des partis et la persécution de leurs dirigeants ont confirmé l’inefficacité du militantisme politique et la nécessité de la lutte armée. A partir de là, ces massacres ont constitué une base solide pour l’activité révolutionnaire. C’est la crainte de ce qui pourrait se préparer dans la clandestinité qui a conduit la France à édicter une amnistie générale, en mars 1946, pour certains condamnés. L’activité politique fut autorisée et les partis nationalistes furent reconstitués sous d’autres noms. Elle a entamé des réformes de forme dont la plus importante fut, le « Statut de l’Algérie, en 1947 ».
Nous conclurons ces rappels consacrés à l’un des évènements charnières, qui vont décider du passage de la lutte politique à la lutte armée, en consacrant l’idée que finalement, les partis adhéreront à la conviction de Messali Hadj qui la fit partager à Ferhat Abbas, quand il lui demanda d’ajouter un amendement au « Manifeste », car « la France ne donnera rien si elle n’y est pas forcée ».
De fait, le colonialisme raciste a prouvé que la lutte politique est stérile. A ce propos, il est utile de méditer la boutade de Cheikh Bachir Taleb Ibrahimi, incarcéré tout comme Ferhat Abbas et le Dr Saadane, alors que le parti des « Amis du Manifeste et de la liberté » sera dissous le 14 mai 1945, car elle se révélera grosse du sens de la nature intrinsèque de la colonisation française et de ses conséquences :
« Si l’histoire de France était écrite avec des plumes de lumière et qu’ensuite à sa fin, on écrivait ce chapitre néfaste avec pour titre Sétif, Guelma, Kherrata, ce chapitre aurait souillé toute cette histoire ».
Pourquoi et comment en viendra-t-on à la nécessité de la Guerre ?
Reconstruction du mouvement national, lendemain du 8 mai 1945
Après les évènements du 8 mai 1945, force est de constater que la répression qu’a connue le mouvement national ne l’a pas affaibli, bien au contraire, elle l’a renforcé et radicalisé. Les Ulémas ont repris leurs activités en l’absence de leur leader Bachir Ibrahimi qui avait été incarcéré suite aux manifestations du 8 mai 1945. Quant au PPA, qui s’est reformé en 1946, sous le nom du « Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques », MTLD, il a mûri ses projets d’indépendance. Ferhat Abbas reconstitua également son parti sous le nom de « l’Union Démocratique du Manifeste Algérien », UDMA. Le parti communiste a également modifié son appellation pour devenir Les « Amis des Libertés Démocratiques », ALD, et il est entré désormais, sous l’orientation « sociale ». Le mouvement national algérien ne s’est pas éteint en 1945, et ce fut bien au contraire, un nouveau point de départ pour les différents partis qui poursuivirent leurs discussions et débats au sujet de l’avenir du pays ; ce qui renforça les sentiments nationalistes des Algériens et leur foi en un avenir meilleur.
C’est ce débat qui va occuper « les masses populaires » qui font face au racisme, à la tyrannie coloniale et à la répression policière des colons qui appliquent la devise des « anciens sanguinaires Rovigo et Saint Arnaud, »Mort aux arabes »». Les élections organisées par l’administration coloniale en Juillet 1945, ont été boycottées par le PPA, les AML, ainsi que par le peuple, ce qui représentait une grande victoire politique pour le mouvement national algérien, car elle marquait une grande étape dans la maturité politique des »masses populaires ». Après l’échec de ces élections, les partis furent dissous une fois de plus.
Après la parution de la « Loi d’amnistie générale », le 09 mars 1946, et la libération des dirigeants du mouvement national, de nouveaux partis ont été fondés comme couverture légale, pour éviter tout dépassement des autorités coloniales ; mais en fait, pour la poursuite du militantisme dans le prolongement des anciens. La répression qu’a connue le mouvement national ne l’a pas affaibli, bien au contraire, elle l’a renforcé et radicalisé. Le mouvement des Ulémas a repris ses activités en l’absence de son leader Bachir Ibrahimi qui avait été incarcéré suite aux manifestations du 8 mai 1945. Quant au PPA, il s’est reformé en 1946, sous le nom du Mouvement pour le Triomphe des Liberté Démocratique, MTLD et il a mûri ses projets d’indépendance. Ferhat Abbas a reconstitué également son parti sous le nom d’ « Union Démocratique du Manifeste algérien, UDMA ». Le parti communiste a également modifié son appellation pour devenir « Les Amis des Libertés Démocratiques, ALD ».
L’Union Démocratique pour le Manifeste algérien :
Il a été fondé par Ferhat Abbas, après sa sortie de prison, il a regroupé des militants du groupe des militants du « Manifeste algérien de 1943 ». A sa fondation, il a émis un communiqué dénonçant la politique coloniale et les massacres sauvages, perpétrés. En contrepartie, il innocenta le mouvement national de toute violence durant les manifestations du 08.05.1945 qui furent celles de demandes pacifiques; il remplaça le nom du journal « L’Egalité » par celui de « La République algérienne », ce qui constitue une preuve spécifique du changement de ses opinions et de sa tendance. Il militera pour :
– « Assurer l’avenir de l’Algérie par la voie de réformes progressives sans couper le lien avec la France (autonomie), par la voie d’une Constitution algérienne, pour l’assurer, et ensuite, passer à l’indépendance totale ». (Ferhat Abbas : 07.05.1946,
– « L’opposition au crime colonial et à la tyrannie de l’administration », in journal « Albarid aljaza’iri » (le Courrier algérien). « Nous ne voulons ni intégration, ni un nouveau maître, ni séparation, mais notre but est qu’apparaisse un peuple vertueux (fatiy), formé démocratiquement et socialement […] qui s’associe à un Etat fort et libre, notre objectif est de construire un Etat vertueux (fatiya) dont les pas seront guidés par la démocratie française. C’est cela l’image à laquelle nous rêvons et c’est cela à quoi active précisément, notre mouvement qui vise la renaissance de l’Algérie »).
Le changement de nom du journal qui passe de « L’Egalité » à laquelle plus personne ne croit, y compris le Dr. Benjelloun, à celui de « République algérienne », est révélateur à la fois, du traumatisme laissé par le 8 mai 1945, de la réponse de l’administration aux demandes des hommes politiques, et enfin, de la volonté d’assurer d’abord, un minimum de droits, ensuite, la mise en place d’institutions algériennes, dont le futur déterminera la nature de leurs relations avec la France. Contrairement à ce qui a pu avoir été écrit, ça et là, contre Ferhat Abbas, cet article démontre que Ferhat Abbas, a définitivement opté pour l’indépendance, dès mai 1946, comme seul objectif du mouvement national, quitte à être accompagné vers sa réalisation par une association à la France, car, il fut pragmatique et réaliste, et pour le juger, il faut se remettre dans les conditions de l’époque, quand personne alors, ne pouvait envisager que les « pieds noirs », fuiraient aussi massivement l’Algérie.
L’Assemblée des Oulémas algériens :
Elle a repris ses activités après son Congrès tenu le 21 juillet 1946, elle a élargi ses programmes, mais elle continua de représenter le courant conservateur, éloigné du radicalisme ou de toute orientation révolutionnaire, elle appelait à, refuser l’intégration, faire de l’arabe une deuxième langue officielle, la liberté de croyance, la réouverture des écoles fermées après les massacres du huit 8 mai 1945.
Le mouvement du Triomphe des Libertés Démocratiques :
Il était le prolongement du « Parti du Peuple Algérien »; il a été fondé le 02 novembre 1946, après le retour de Messali Hadj de son exil à Brazzaville (Congo). Il a été reconnu comme parti légal visible qui a conservé une aile clandestine avec le PPA. Au nombre de ses revendications : Son programme demandait :
– « L’abrogation du système colonial, la mise en place d’une organisation et d’une souveraineté nationales, la tenue d’élections générales sans distinction de races ou de religion et la mise en place d’une »République Algérienne Indépendante, Démocratique et Sociale » ».
– La liquidation immédiate de la colonisation, l’indépendance par la voie d’une Assemblée Constituante après un référendum général.
C’étaient les mêmes revendications que par le passé mais, plus mûries et exprimées par l’utilisation d’un moyen plus clair, pour assurer l’alternative, en utilisant des méthodes pacifiques et légales et en participant aux élections comme bases pour un changement pacifique.
Les dénominateurs communs:
Ils montrent la complémentarité des efforts du mouvement national. Ce sont des partis nationaux, leur reformation a eu lieu en 1946, ils se sont constitués en Algérie et non à l’étranger. Leurs revendications étaient limitées et plus mûres, elles se sont rapprochées sur l’objectif de l’indépendance malgré la différence d’expression. Quand le mouvement national devint plus actif et orienté vers l’indépendance, la France tenta de le contenir avec le « Statut de l’Algérie », en 1947.
« Statut de l’Algérie, 1947 »:
Mais ce « Statut » n’inspirait plus aucune confiance après les « boucheries du 8 mai 1945 », d’autant plus qu’il considérait : « l’Algérie, »partie intégrante de la République française », avec des droits et obligations égaux pour tous ses habitants, sauf que « l’Assemblée Algérienne » avec 60 élus pour les Français et 60, pour les Algériens, rendait donc ce Statut « mort né ». Si les colons avaient pensé qu’ils peuvent l’utiliser en en utilisant certains articles et en refusant d’en appliquer d’autres, puisqu’ils détiennent le vrai pouvoir, le mouvement national, a considéré que « le colonialisme n’a pas tenu compte de ses demandes. ».
Les Français ont recouru au bourrage des urnes pour faire passer ce Statut organique. Ce Statut prévoyait en outre: la reconnaissance de l’arabe comme langue officielle avec le français, en Algérie, son enseignement dans toutes les écoles, la séparation du culte musulman, de l’Etat, l’ouverture de la fonction publique aux Algériens, l’abrogation du système des communes mixtes et la suppression du régime spécial des territoires du Sud. Ce Statut ne fut jamais appliqué.
Mesures prises:
Pour protester, contre l’imposture de ce Statut octroyé, les huit députés de l’UDMA vont démissionner de leur mandat à l’Assemblée nationale française, tandis qu’au MTLD, des jeunes militants vont demander la formation le 15 février 1947, de « l’Organisation spéciale », paramilitaire, qui va être créée, et dont Mohamed Belouizdad, assurera la présidence. Il y a eu un plus grand rapprochement entre les membres du mouvement national, avec la formation de « l’Organisation pour la Défense des Libertés », le 03.08.1951, pour faire face à la politique coloniale, mais elle échoua du fait des attitudes partisanes. Avec le recul du temps, il est à regretter que ce mouvement qui devait unir l’ensemble des tendances MTLD, UDMA, Parti communiste, les Oulémas et les indépendants, n’ait pas pu aboutir, à créer un mouvement rassembleur et unificateur commun. Dans leur programme, ils avaient demandé l’application de certaines clauses du « Statut de l’Algérie, de 1947 », comme l’officialisation de la langue arabe, la séparation du culte et de l’Etat, et la dissolution des assemblées factices. Cet organe n’a pas pu survivre du fait que, tous les partis n’avaient pas pu se défaire des théories qui affirmaient et espéraient obtenir les libertés sans effusion de sang.
– Congrès du MTLD, avril 1953, crise de pouvoirs
En avril 1953, le MTLD a organisé un congrès où a été élu un Conseil administratif, il y a été décidé que la direction du parti serait groupée, mais le président du parti, (Messali n’est toujours pas nommé) qui était en exil en France, s’y opposa et il demanda les pleins pouvoirs.
Le refus de la majorité des membres du Congrès, d’accéder à la demande de (Messali Hadj) provoqua une crise interne au MTLD qui aboutit à la scission du parti. Cependant, il est toujours difficile de s’expliquer les raisons et les circonstances de cette scission, sans que ne prévalent les arguments de ceux qui se sont opposés à Messali Hadj, et ont ensuite, réécrit l’histoire selon leur convenance, mettant à la trappe toute version non conforme à la leur. Ce dilemme transparait clairement, dans l’ouvrage de Harbi. (Mohammed Harbi, Une vie debout, Tome I, Editions La Découverte, 2001, p.93).
En effet, l’ouvrage de Ferhat Abbas, contredit la version proche des opposants à Messali Hadj.
Ainsi donc, le parti se divisera en trois tendances : Les « Messalistes » qui resteront fidèles à leur chef. (Ferhat Abbas, La Nuit Coloniale, p.214, Édition : anep (2005) :
« Lors d’une assemblée en 1954, l’octroi des pleins pouvoirs à Messali, ainsi que la présidence à vie seront votés à l’unanimité »).
– Les « Centralistes » (Ce sont les partisans du Comité Central qui prônaient la direction collective du parti et qui ont prononcé la déchéance de Messali Hadj, de toutes ses fonctions, en août 1954.).
– Les radicaux de l’OS, qui se regroupèrent autour du « Comité Révolutionnaire pour l’Union et l’Action » le CRUA., ces derniers prendront une position héroïque et révolutionnaire en choisissant de sortir du cadre politique stérile et entrer dans le combat armé.
Sur ce point, il est utile de se référer à un document qui prouve que Messali Hadj, a approuvé la constitution de la branche militaire qui devait prendre en charge l’entraînement militaire des militants et leur formation, pour libérer le pays par l’utilisation de « tous les moyens ».
(Mohamed Tayeb Alaoui: article « Le front de libération national et l’appel de Novembre », la chaîne de la voie vers Novembre comme la raconte les moudjahidines, Tome 1, 1ière partie).
Un tract du MTLD, en 1951, rapporté par Abdellah Cheriet, parle de « citoyenneté algérienne et d’un Etat national fondé par un peuple algérien souverain ». Mais nous demeurons sur notre faim, car les documents n’expliquent pas trop la crise à la tête du mouvement, sinon de façon subjective, quand les 5-6 avril 1953, place de Chartres à Alger, le Congrès se tint dans une atmosphère explosive marquée par la découverte de l’OS, la mauvaise attitude de la direction à l’encontre des membres de l’OS, et les rappels des divergences au sein de la direction envers les points soulevés, telles le renouvellement de l’organisation et de la représentation au sein du parti.
Si certains rappels semblent mettre en cause directement Ben Khedda et le « Comité Central », qui bloquaient les décisions de Messali Hadj, toutefois, c’est dans leur succès à obtenir un vote qui limiterait les pouvoirs du Président du Parti, que se trouve cachée l’énigme de la scission au sein de la direction, et qui n’est en fait, que le cumul de dissensions couvées depuis longtemps, du fait du charisme de Messali Hadj, face à ses contestataires, depuis Lamine Debaghine, après le 8 mai, 1945, quand celui-ci voulait déjà préparer des maquis, dans la région de Collo, selon Benjamin Stora. (Voir, « Le corps du leader » – Construction et représentation dans les pays du Sud, Omar Carlier, Raphaëlle Nollez-Goldbach, Nora Wang, Max-Jean Zins, Collectif, L’Harmattan, 2008, 396 p.).
La division des rangs et les Congrès de la division :
La division des rangs, va mettre en opposition les « Centralistes » et Benyoucef Benkhedda, face aux Messalistes qui tiendront leur Congrès à Hornu, Belgique, les 14, 15,16 juillet 1954, où il fut décidé la dissolution du « Comité Central » et l’exclusion de ses responsables. En réaction, les « Centralistes » tinrent eux aussi leur Congrès les 13, 14,15 août 1954 à Alger où ils décidèrent d’exclure Messali Hadj et ses partisans.
Face à eux, il y aura ceux qui voudront contenir ce morcellement et constitueront le CRUA.
Conclusions : Comme on vient de le voir, les partis ont définivement opté pour l’indépendance, et entre eux, ils ne diffèrent que sur la voie et les moyens à utiliser pour atteindre cet objectif consensuel. La forme de ce futur « Etat algérien » demeure toutefois, un point d’achoppement entre l’UDMA et le PPA-MTLD. En effet, si l’indépendance totale signifie pour le PPA-MTLD, la rupture définitive avec la France, pour l’UDMA, elle signifie une « association », tout en jouissant de la souveraineté, dans une « Union française », ou dans un « Etat fédéré » et « guidé par la démocratie française », proclamé par le « ni intégration, ni séparation ».
MESSALI HADJ est-il donc un traître ?
Ce qu’il est advenu comme conséquences, des relations exécrables et regrettables entre le président du MTLD, et les membres de la direction du parti créé par Messali Hadj, est pour tout historien honnête et scrupuleux de vérité, une affaire interne au parti, et ne peut intéresser que les historiens, mais en aucun fonder un jugement péremptoire partisan, subjectif et définitif, menant à une quelconque condamnation de Messali Hadj, le père incontestable «du mouvement national algérien ».
Cette conclusion est toute aussi valable, pour aussi bien le président Messali Hadj, que ses opposants dont certains furent de ceux qui ont désobéi et bloqué ses ordres de préparation de la lutte armée au « Comité Central ».
Toutefois, certains opposants à Messali Hadj, alors qu’ils ont pourtant, participé sous ses ordres et sa présidence à toute son œuvre nationale, au point qu’ils furent préparés et prêts à mettre en œuvre sa doctrine et son programme indépendantiste arrachée « indépendance arrachée par la force et non octroyée », se sont défiés de lui, en son absence. Ils ont agi sous le coup de l’émotion, en amateurs, et à son insu. Si leur action peut être qualifiée de précipitée, au niveau logistique et politique, est donc mal préparée et peu sage politiquement, à défaut de dire spontanée et à chaud, par réaction à la crise que vivait le Parti, force est de se rendre à l’évidence, que ces militants qui voyaient le danger dans les « luttes politiques », n’ont vu de salut que dans la « fuite en avant », et le passage en force immédiatement, vers la phase du passage à l’action armée.
Ceci est si vrai que les fondateurs du mouvement qui prendra le nom du « FLN », « 22 et CRUA », et prendra la décision de déclencher la Révolution, ne renieront point leur « ancien président Messali Hadj », et ils tenteront de négocier sa participation, de lui faire, pour certains, présider leur mouvement, et en tous cas, ils ne cesseront pas de lui demander de le bénir, contrairement à l’idée largement répandue par ses opposants et les médias, qu’il fut un « traitre », lui, qui a béni l’OS, « Organisation Spéciale », créée sous sa présidence et qui a bénéficié de sa bénédiction, et qui a été la matrice du FLN/ALN, et dont sont issues les idées qui ont été à l’origine et l’ossature de la Révolution du 1ier Novembre 1954, quoiqu’en disent ceux qui ne voient que le train qui roule, mais ne veulent pas savoir qui a confectionné et préparer le train, pour rouler !
Les vicissitudes et les zizanies, fussent-elles létales entre FLN et MNA, sont certes un épisode hautement regrettable, car il a occasionné des morts et des drames sans nombre, mais, tout de même, l’objectif indépendantiste était commun aux deux mouvements.
L’arbre se juge à ses fruits…
Dr. Lydia, Bouras, AIT SAADI, Université Paris VIII
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Bonjour, ce que vous racontez là c’est juste un élément de l’histoire contemporaine d’algérie récente, mais ce n’est en aucun cas l’histoire d el’algérie des otthman, arabe etc…bof massali el haj, a des haut et des bas comme d’ailleurs son compatriote l’emir abdelkader…ne sont pas la base voir une base, notre base sont les ulema il y 700ans a l’exemple d’ abou allaa el Maari, omar el khiam, ibn sina et j en passe, merci pour votre sujet me parait bénéfique.