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Algérie – Offres périphériques pour un ravalement de façade

by Redaction LQA

Ahmed Selmane. Mardi 27 Septembre 2011

Tout va bien en Algérie. Les caisses sont pleines de dollars et cela permet de voir venir. Une feuille de route du « changement » par les textes est fixée pour au moins deux ans. Pas besoin de se presser. Surtout que les « révolutionnaires » qui s’approprient le printemps ne lui font pas la vacherie de discuter du changement, de sa nature, de son but et des catégories concernées… Les actionnaires du régime sont à l’aise. Ils savent que le microsome périphérique sous contrôle, avec une marge d’expression concédée, ne veut de printemps que pour les happy few. L’inclusion des algériens n’étant pas de mise, la perpétuation du système de l’exclusion est leur horizon. Borné

Ciel, deux printemps en une semaine !

Alger, hors saison, ne craint pas le printemps arabe. Elle s’offre même deux rencontres internationales sur le thème des révoltes arabes dans la même semaine. Une belle performance. Qui est l’importun qui a prétendu que nous étions « en marge » du « printemps » ? Mais non, nous y sommes. En plein dedans. Et plutôt deux fois qu’une. Il est bien entendu très instructif d’écouter les interventions, au demeurant inégales, de ceux qui ont débarqué – et débarqueront demain – à Alger pour nous livrer leurs grilles de lectures de ce qui se passe chez nos voisins. Et, en réalité, dans un pays où l’on ne débat publiquement de rien ou presque, de telles rencontres ne peuvent pas faire de mal même si elles ne lèvent pas beaucoup les confusions. Nos confusions nationales, évidemment. Deux colloques sur le « printemps arabe » en quelques jours dont l’un est une initiative parapublique (l’Ecole supérieure des sciences politiques d’Alger, en partenariat avec le commissariat du Salon international du livre d’Alger (SILA) méritent bien une tentative de décryptage politique. Dans un contexte où la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme a eu de la peine à organiser des rencontres dans un hôtel, difficile de ne pas prendre acte de la soudaine libéralité de « ceux qui autorisent ». Il n’y a qu’une seule saison en Algérie, qui n’est assurément pas le printemps, mais on peut en causer. Et démontrer qu’on est quand même « dedans ». Et plus si affinités… Mais comme les codes n’en finissent pas de s’opacifier, il faudra juste se poser la question frontale : qui au sein du système va réussir à passer pour le porte-drapeau du printemps ? Et, of course, celui qui incarnera le «changement ». Car, au vu de «l’offre » qui existe sur le marché, très balisé, de la politique en Algérie, il s’agit bien « d’incarner » le changement et non d’assurer le « changement ». La mise en scène est élaborée dans les huis-clos du système. Nécessairement. C’est, au-delà de l’intérêt intellectuel pour les éclairages que des chercheurs ou militants peuvent apporter, le but de la tortueuse appropriation algérienne des révoltes arabes. C’est la question à mille balles dans un pays qui n’a pas l’habitude des printemps mais qui, pour évoquer Verlaine, décline parfaitement la monotonie des automnes, entre langueurs moroses et longs sanglots. Les colloques ne font pas le printemps…

De quoi le changement n’est pas le nom

Emeute en Algérie

Au printemps, de quoi rêvais-tu ? On connait la belle chanson de Ferrat. Mais ceux qui en Algérie causent, s’enthousiasment pour des printemps d’ailleurs qu’ils pensent glabres, bien qu’ils constatent qu’ils ne sont pas très « mixtes », ne veulent pas des questions embarrassantes. Changer ? Mais quoi ? Et comment ? Dans quel but ? Ce refus d’engager la discussion concrète sur le thème du changement n’est pas une faille analytique ou une béance intellectuelle, loin de là : c’est un positionnement politique. Engager le débat sur les modalités du changement, ses acteurs et la nature des alliances, c’est inéluctablement remettre à plat tout l’édifice en place, ses structures, ses appareils et ses apparences. C’est inévitablement discuter de la phobie du peuple profondément installée au Pouvoir et encore davantage dans sa périphérie microcosmique. Cette phobie qui a justifié depuis vingt ans et jusqu’à présent, la mise en place d’un système de neutralisation du suffrage universel et de la citoyenneté. L’enthousiasme pour le printemps chez les autres même s’il se drape de critiques dures voire violentes à l’égard du régime reste habité par l’idée, structurante, que pour exister, il faut exclure. Du coup, les oppositions bruyantes et très médiatiques ne rivalisent que dans l’implicite, évitent de nommer … Car en définitive, il ne s’agit pas de changer de système, il s’agit, encore une fois, de se positionner sur le marché très cadré pour ne pas dire assiégé de la politique en Algérie comme étant la meilleure image possible du système. Les « printaniers » d’Alger se présentent comme une alternative de ravalement de façade du système, non comme une rupture avec ses structures et son mode de fonctionnement. Et on peut comprendre que ce dernier ait décidé qu’il faut superviser le printemps pour en neutraliser toute floraison préjudiciable. Bien entendu, le paradoxe le plus frappant dans ces phraseurs printaniers est le mépris dans lequel ils tiennent une société qui refuse de marcher quand on la met en demeure de le faire les samedis pour faire « tomber le régime » ; comment peuvent-ils apprécier une société qui, à contrecourant de ceux qui se considèrent comme « l’élite » la plus moderne et la plus éclairée, a appréhendé, de manière instinctive, malgré Al Jazira et ses consœurs, ce qui se passe en Libye à l’aune de sa propre mémoire et de son réflexe anticolonial ? Au printemps, de quoi ne rêvent pas le gros des algériens ? On le sait désormais. Les algériens n’aiment pas beaucoup le CNT libyen même quand Bouteflika et Medelci lui découvrent, in extremis, des vertus insoupçonnées. Respecter une histoire dont la trame profonde a tenu malgré les instrumentalisations perverses postindépendance est rassurant. En faire une mémoire vivante aussi. Cela conduit à ne pas signer de chèques en blanc. A ne pas marcher les samedis sans avoir une idée des chemins à emprunter ni de la destination voulue par des guides inspirés… Faut-il s’étonner alors que les algériens regardent, de loin, une discussion hyper-codée sur le changement ?

La feuille de route du « changement » présumé

Commission Bensalah

Le régime a, de manière officielle, décidé que l’acteur du changement, ne pouvait être que lui-même. Et lui seul. C’est une affaire qui ne concerne que les seuls détenteurs d’actions de la SPA du pouvoir. La feuille de route « consensuelle » est donc fixée… On s’occupera de changer les textes, un vieil usage qui consiste à déplacer quelques mots, modifier quelques formulations, a n’en pas tenir le moindre compte et continuer à faire la même chose. Il s’agit donc de donner le change pour gagner du temps… Changer des lois, changer de devanture parlementaire en 2012 et puis changer encore une fois de Constitution… pour gommer le dernier changement qui a supprimé la limitation des mandats…. Voilà de quoi amuser la galerie. Et puis, entretemps, on offre l’os alléchant de l’ouverture de l’audiovisuel… Et comme on détient toujours l’argument décisif de l’autorisation, on élargit un peu l’accès à la rente en diversifiant les modes d’insertion des acteurs dans le système. L’opération permettra sans doute un léger toilettage. Et qui sait ? En 2013, l’usure aidant, on pourrait, au sein du pouvoir, s’offrir un arrangement général convenable et anticiper la présidentielle. Ceux qui ne parlent pas de changement de système, de citoyenneté, de la primauté de la loi, des contre-pouvoirs, du droit de « tous » les algériens à s’organiser et à défendre par les moyens légaux leurs intérêts et à se doter librement de vrais représentants, tous ceux-là, le centre et la périphérie du microcosme, seront conviés à la grande fête. A la petite redistribution que le système est prêt à concéder pour lui-même et pour sa seule banlieue. Mais peut-être qu’il faut rappeler à ceux-là que, si les algériens sont privés d’une scène politique digne, d’une économie qui fonctionne, d’une université qui forme au lieu d’infantiliser, ils ont fini par accumuler une expérience politique. Et ils s’informent. Et qu’ils ne seront pas dupes d’une reproduction à l’identique d’un système qui tarde à se rendre compte que les subterfuges ne sont plus opérants. Et qu’ils ne fonctionneront plus même avec dix chaines de télévisions qui démultiplieront l’unique comme les partis n’ont fait que démultiplier le parti unique.

Nos chers amis du CNT

Le gouvernement dans lequel M. Mourad Medelci est ministre des affaires étrangères est prêt à travailler « étroitement » avec les nouvelles autorités libyennes « afin d’asseoir une coopération bilatérale féconde au bénéfice des deux peuples frères ». La formule est d’une renversante originalité, mais surtout n’allez pas croire qu’à Alger, on ne fait que suivre… Non, on est au diapason de l’Union Africaine qui a fait le même pas…. Tout comme l’économie était « intelligemment » gérée, la diplomatie algérienne l’est aussi. Condamnée à courir derrière des paravents pour sauver la face car au moment qu’il faut, celui qu’on ne retrouve plus quand on le rate, le pouvoir à Alger n’a pas osé dire à Kadhafi qu’il faisait fausse route… Il ne reste plus au régime d’Alger que son déjà vieil et unique atout politique, celui d’être « l’avant-garde » du monde dans la lutte contre Aqmi. Et de la Kabylie à Jijel…. les arguments ne semblent pas manquer. Mais bien entendu, il ne sert à rien de rappeler à notre brillant ministre des affaires étrangères et à ceux qui nous gouvernent, que Kadhafi était aussi une avant-garde contre Aqmi. Et qu’il n’avait que des amis.

LA NATION

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6 comments

Nazim 6 octobre 2011 - 3h36

Que le système fasse dans le ravalement de façade est tout à fait compréhensible et normale. C’est comme cette ex-belle qui à coup de cosmétiques, de chirurgie esthétique et d’habits à la dernière mode, tente de se donner une nouvelle apparence. Se fabriquer un nouveau masque pour rester séduisante, du moins le pense-t-elle. Comme cette «fausse-rajeunie», le pouvoir fait semblant de lâcher du lest par-ci et jouer au bienfaiteur par-là, tout en maintenant son contrôle sur le terrain et en gardant l’essentiel pour lui.
En revanche ce qui me désole, c’est de voir toute ces oppositions dites officielles (et aussi celles qui ne le sont pas) procéder exactement de la même façon. En effet, il me semble que toutes ces prétendues oppositions axent l’ensemble de leurs propositions de «changement» sur un simple «ravalement de façade». Un peu plus de vert pour les uns, de rouge pour les autres ou de blanc pour certains, mais nulle part je ne trouve trace de remise en question du centralisme hérité de nos anciens colonisateurs ou du tribalisme autocratique que nous ont légués nos ancêtres plus lointains. «Croyez en notre parole et laissez-nous régner sur vous et vous diriger dans la bonne voie», selon les principes de «Dieu» pour les uns, du «nationalisme» pour les autres ou de la «démocratie» pour certains. Il est bien entendu que selon le cas, ce sont eux les porte-paroles de Dieu, la quintessence du nationalisme ou les chantres de la démocratie.
Pour ma part, avant de me prononcer, j’attends de voir l’improbable parti (ou mouvement) sans «Zouamas» autoproclamés, qui s’engagera à respecter et protéger les différences de chacun ainsi que les droits de tous. Je donnerais ma confiance à celui-là qui privilégiera la «citoyenneté», qui respectera la liberté de chacun et intégrera tout le monde dans la décision. Mais, en aucune façon, je ne suivrais celui-là qui prendra les décisions tout seul, tout en faisant hypocritement référence à un soi-disant « peuple» qui n’est pour lui, rien d’autre en réalité, qu’une figure de rhétorique servant à designer une foule bigarrée à qui on fait semblant de donner une charge symbolique forte pour mieux soumettre chaque individu.
Sortir du vieux jacobinisme et de l’étroit tribalisme (élargi depuis, au clanisme), promouvoir les spécificités de chaque groupe et remettre en main son destin à chaque «citoyen», voilà qui ne serait pas que du simple «ravalement de façade».
Mais pour l’instant, je ne vois rien. C’est pour ça que je reste sceptique et que je ne bouge pas. J’ai trop peur d’une nouvelle désillusion et le silence actuel des foules me laisse penser que beaucoup de mes concitoyens partagent les mêmes craintes et les mêmes réticences.

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W A H I D 6 octobre 2011 - 13h57

J’ai un idée pour élaborer un projet qui donnerait aux partisans du changement le MOYEN efficace pour faire barrage aux opportunistes lors des prochaines élections législatives, et obligerai le pouvoir a opter pour une assemblée constituante.

En d’autres terme c’est un contre projet du « Déforme Bolitic » de BensalahTouatiGhazi que les partisans du changement peuvent réaliser sans rentre en confrontation avec le pouvoir.

1
Ce projet remettrait en cause la coalition RND-FLN-MSP,

2
Ce projet mettre en avant de la scène la vraie opposition au dépend de la fausse opposition,

3
Ce projet remodèlerait la carte politique, pour plus de représentativité et de légitimité.

Pacifique et efficace sans que le peuple sort dans la rue, c’est un projet qui peut se faire entre Algériens pour changer le pouvoir et le système politique actuel.

Pour le faire il suffit des hommes et femmes déterminés, sérieux, sincères, sans aucune autres conditions.

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balak89 6 octobre 2011 - 17h15

@wahid, ……ajoute .dans tes conditions… il faut qu’ils soient bons, honnetes et integres, car il ne suffit pas d’ etre sincere pour etre honnete.Hitler etait sincere dans sa doctrine nazie,il etait tout serieux et determinés,que ces acolytes mussolini , staline,etc, Tous les predateurs eradicateurs fasciste algeriens sont sinceres et determinés dans leur ideologie predatrice .Mais ce dont nous avons besoin , nous,ce sont des gens honnetes , bons,vertueux,qui defendent les valeurs universelles, qui defendent le pauvre ,le faible .

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Adam 7 octobre 2011 - 1h30

En téléphonant à ma famille, j’ai eu la désagréable surprise d’apprendre que tout le monde en Algérie ou presque, s’est transformé en un troupeau obéissant et fidèle aux seigneurs des agneaux. Quel a été mon choc, en apprenant que mon propre frère, je dis bien mon propre frère, qui n’aimait pas trop le pouvoir à l’époque, mon frère en chair et en os, glorifiait Boutef et Cie comme des des dieux et s’en prenait aux Libyens et au CNT sans les connaitre, ceci rien qu,en se basant sur les médias diaboliques du pouvoir. Le nationalisme de la Boukhnouna a fini par contaminer tout le monde, on dirait. J’ai dû le sermonner et prier Dieu de le guider sur le droit chemin, car ce n’est pas Boutef ou un autre qui va l’aider ou le protéger dans sa tombe et au jour du jugement dernier. Mais dans ma discussion, je me suis mis à l’évidence que les Algériens sont perdus, ils sont devenus pires que des zombies et des automates qu’on mène où l’On veut par télécommande. Les Algériens ont perdu même leurs âmes et sont de ce fait des morts-vivants qui louent à longueur de journée leurs maitres, à cause d’un abus de crainte et une obsession maladive d’être traqués par le phantôme du DRS. Ce qui me chagrine, c’est que ce phénomène s’est tellement généralisé que nous en sommes devenus les parias du monde arabe. Cette discussion s’est donc terminée en queue de poissons, avec de grosses étincelles et je pense parfois à couper les ponts avec le pays natal qui m’a vu grandir, si ce n’était ma mère, que je ne pourrais quitter définitivement au risque de subir les foudres divines. C’est le seul lien qui me relie à ce peuple que je ne reconnais plus, tout en étant triste pour la mauvaise voie qu’ils ont prise.

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W A H I D 7 octobre 2011 - 2h21

@blak89

Je suis totalement d’accord, deux autres conditions Honnête et Intègre.

Sur LQA, vous ne risquez pas de rater la coche, j’ai fait l’expérience.

J’ai pu constaté la différence algériens et l’Algériens, quoi qu’ils fassent, ils vont pas aller loin une question de temps.

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IRIS SAMY 7 octobre 2011 - 19h52

e FFS dénonce la gestion de l’APC de Tizi-Ouzou
dans Opposition politique en Algerie
Encore une fois, le président de l’Assemblée populaire communale de Tizi-Ouzou et son exécutif viennent de prouver leur incapacité à se transcender pour opérer un saut qualitatif dans la gestion citoyenne et la bonne gouvernance et assurer le bien-être de la population, préférant et continuant à se vautrer dans la fange et la souillure”, a dénoncé la section du FFS de Tizi-Ouzou dans une déclaration rendue publique hier. “Après plus de vingt mois d’une gestion chaotique ponctuée de scandales de toutes natures, l’édile, loin de rechercher la stabilité nécessaire à toute assemblée en charge des préoccupations des citoyens, persiste dans une fuite en avant qui dénote, si besoin, une immaturité politique et une inconscience grave”.

“Le FFS relève plusieurs dysfonctionnements et autres lacunes qui influent négativement sur le quotidien de la population de la commune de Tizi-Ouzou. L’exemple le plus frappant de cette non-gestion est les chaînes, les bousculades, les empoignades et autres malversations qui persistent dans les services de l’état civil barricadés et transformés en bunker (…) La dégradation de la cité et des villages s’ajoutant aux maux quotidiens comme le gel de tous les POS, l’aménagement sélectif des quartiers de la ville, le non-respect des délais de réalisations des travaux d’aménagement par divers entreprises engagées…l’amoncellement d’immondices de toutes natures à tous les coins de rues, à des températures qui dépassent les 40° et l’exclusion des villages et des zones rurales des programmes de développement”.

“Désabusés, les citoyens sont amenés à occuper la rue pour tenter de se faire entendre comme c’est le cas des habitants des Bâtiments bleus, des villages de Betrouna, de la cité des Genêts ou encore celle des 2000″. Le FFS dénonce le leurre éhonté qui consiste à doter la commune d’une majorité de façades ou l’intérêt personnel est la valeur dominante et ou la prébende le dispute à l’aventurisme”.

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