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« L’Algérie est une société du refus »

by Redaction LQA

Entretien 

Le Hirak, le mouvement de contestation qui secoue l’Algérie depuis onze mois, a profondément changé la société algérienne estime l’historien Benjamin Stora qui publie « Retours d’histoire, l’Algérie après Bouteflika » (1).

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  • Recueilli par Marie Verdier, 
  • le 30/01/2020 à 16:49
« L’Algérie est une société du refus »
Benjamin Stora, le 4 octobre 2019.ERIC DERVAUX/HANS LUCAS

La Croix : le Hirak, le mouvement de contestation en Algérie, peut-il être qualifié de révolution ?i Pourquoi lire La Croix ?+La Croix met en lumière la dimension spirituelle des hommes et des événements.

Benjamin Stora : Le Hirak constitue un moment de rupture. Pour la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie, un président en exercice est contraint de quitter le pouvoir par un mouvement populaire. Des personnages clés du système, deux anciens premiers ministres, des oligarques et surtout les chefs des services de sécurité, le général Médiène dit Toufik et Athmane Tartag son successeur, ont été arrêtés et incarcérés.À lire aussiAlgérie : une révision cosmétique de la Constitution

Il était inimaginable, au vu de leur prestige et de la peur qu’ils inspiraient, que de tels puissants personnages finissent un jour derrière les barreaux. Toufik était si craint qu’on ne prononçait même pas son nom. Et pourtant tout ce système s’est effondré très vite à la grande surprise des manifestants.

Comment l’expliquer ?

B. S. : La France pose un regard d’immobilisme absolu sur l’Algérie. De sorte que lorsque la révolution éclate le 22 février on n’y croit pas. Combien l’ont jugée impossible, y ont vu un complot ou une manœuvre de l’appareil d’État ?

Or le mouvement était d’une extraordinaire profondeur, nourri par un mouvement social, chronique, depuis des années. Pour paraphraser la situation française, il y a eu convergence des luttes. Des millions de personnes sont sorties dans la rue, et continuent à le faire, et le président a été chassé. Si cela ne s’appelle pas une révolution, alors comment l’appeler même si le centre du pouvoir, l’armée, peut paraître identique ?

Vous soulignez la tradition révolutionnaire de l’Algérie…

B. S. : La révolution française, la révolution kémaliste, la révolution nassérienne constituent la matrice idéologique de l’Algérie. Les leaders politiques ont baigné dans un imaginaire révolutionnaire. Depuis l’indépendance, et même avant, l’histoire du pays est une succession de soulèvements, de répressions sauvages, de manifestations, de radicalités. La conquête coloniale française a été une guerre de trente ans de 1832 à 1871 avec des résistances ininterrompues ! En 1916 encore, la révolte des Aurès a été réprimée dans le sang. Non le pays n’était pas pacifié comme le croient tant de Français. L’Algérie est une société du refus.

Les Algériens n’ont pas connu l’état de droit, ni à l’époque coloniale, ni après l’indépendance. Cette conquête de l’état de droit, ancienne, ne peut exister que par des démarches de rupture. D’où cette radicalité de la société que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Mais la médaille a un revers : comment, dans cette culture révolutionnaire, installer une stabilité politique démocratique, comment accepter la pluralité ? Dès que quelqu’un manifeste un désaccord, il est qualifié de traitre, il est mis à l’index.

Onze mois après son déclenchement, le Hirak est-il un échec ou une réussite ?

B. S. : En l’espace d’un an de combat politique, ce mouvement n’a pas pu désigner de représentants ni se structurer pour apparaître comme un contre-pouvoir crédible. Pourtant c’est une réussite si l’on mesure combien il a bouleversé la société. Face à l’extrême opacité du pouvoir, le Hirak est une demande de transparence, une volonté de déchirer le rideau pour mettre à nu les réels acteurs du théâtre politique cachés derrière. La peur a disparu. La liberté de parole existe. L’armée n’a pas tiré sur la foule. Après des années d’humiliation, affublés d’un président invisible représenté par un portrait auquel on offrait des cadeaux, les Algériens ont renoué avec la fierté d’être algérien. Un seuil a été franchi sur lequel il sera très difficile de revenir en arrière.

Vous évoquez néanmoins une unanimité de façade pour le « dégagisme » qui cache de profondes fractures au sein de la société algérienne…

B. S. : Parmi les nombreuses fractures, deux me semblent déterminantes. Tout d’abord la hantise de la « congolisation », cette peur très forte de la partition de cet immense pays. Ce n’est pas un hasard si les Algériens arborent le drapeau national dans leurs manifestations, comme le ciment qui leur permet de se sentir ensemble, pour braver la peur de la dislocation du pays. Les tentations de séparatisme, de régionalisme perdurent car, il n’y a jamais eu de volonté de définir, sur la base d’une nation centralisée, le respect des minorités. Cette demande de pluralité toujours refusée s’exprime dans la révolution. Pourquoi celui qui brandit l’emblème amazigh irait-il en prison s’il revendique son « algérianité » ?

→ INFOGRAPHIE. 2019 : une année de soulèvements populaires

Ensuite l’énorme fracture sociale, le chômage endémique. Les jeunes si nombreux – plus de la moitié de la population a moins de 30 ans – se sentent mis à l’écart de la société. Alors qu’une classe sociale supérieure s’est fortement enrichie avec les hydrocarbures et la corruption sans se soucier de développer l’économie.

Les trois nouveaux dirigeants, le président Tebboune, le premier ministre Djerad et le chef d’état-major Chengriha ne sont-ils pas des hommes du système peu prometteurs de changement ?

B. S. : On ne peut pas se lancer dans le jeu des pronostics. À l’intérieur du sérail, de l’armée, il y a aussi des tensions. Bien malin celui qui pourrait dire ce sont toujours les mêmes hommes, rien n’a changé. Il y a un an, on était persuadé que tout continuerait à l’identique. Mais il est vrai que, si aucun contre-pouvoir s’organise, le risque de déboucher sur un système à l’égyptienne, avec une armée pleinement aux commandes, arguant de la menace aux frontières avec la Libye, le Mali et le Niger, ne peut être exclu.

(1) Bayard, 163 p., 16,90 €

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1 comment

Dria 1 février 2020 - 16h52

L’après « scrutin de la honte » nous sommes en plein dedans. Un mois et demi après le passage en force du « gang des généraux » et l’intronisation forcé de Tebboune contre la volonté populaire. Les prémices du changement sont hélas absent, par contre les signes de la continuité sont abbérants. Pour ceux qui en doutais et qui avait un espoir de voir le changement s’installer, avec un retrait des militaires de la vie politique. Ils n’ont plus aucune excuses de ne pas voir la réalité amer devant la constance de la même politique, des mêmes pratiques.

Au contraire, en plus du mensonge et du déni, c’est la recrudescence des menaces ,des incarcérations arbitraires, avec un redéploiement de la machine répressive et de la justice du téléphone. Faut-il se résigner et consentir ? C’est ce que nous le propose une certaine élite servile et des médias au service des généraux. Il n’y a plus aucun doute sur les dessins du  » gang « , de ses appareilles et de ses services.

Il est temps d’en découdre définitivement avec la poignée de généraux. A partir de demain les grèves doivent reprendre dans tous les secteurs, des appels doivent fuser dans toutes les corporations, des actions qui iront crescendo pour devenir quotidienne lors de la « semaine de l’indépendance » qui s’etallera du Samedi 15 au samedi 22 février ou disons le « Vendredi géant » qui reliera le 52 ème vendredi au 53 vendredi par une mobilisation interrompue YAHNA YANTOUMZ ياحنا يا انتما prendra son sens réelle. Le peuple va marcher une fois pour toute et ne s’arrêtera qu’après le départ « des généraux séniles »

Ce peuple sans représentants exige depuis des mois et réitère ces demande non negociable et hors de tous dialogue:

– le départ en retraite de tous les militaires ayant dépasser l’âge légal.
– la libération immédiates et inconditionnels de tout les détenus.
– le départs des magistrats juges et procureurs incriminés dans les procès de la honte.
– la poursuite judiciaire des gendarmes et policiers ayant fait l’objet de dépassement et dont les actes sont répertoriés et archives.
– la poursuite judiciaire des journalistes et des médias écrits et télévisuels ayant prôner le mensonge, la diffamation, et menacer l’unité nationale et/ou appeller a la violence.
– la poursuites des citoyens ayant prôner ouvertement le mensonge et la diffamation , menacer l’unité nationale et/ou ayant appeller à la violence.

Une fois de plus la balle est dans notre camps, celle du peuple. Sachant la main mise du « gang des généraux » sur le monde militaire qu’ils ont tétaniser et inhiber de tout mouvement émancipateur. C’est au peuple en parti libéré, de libérer le reste de la société et de libérer par ricochet son armée.

Le peuple c’est vous, c’est moi avec ou sans képi. Nous souleverons le monde si nous croyons en la justesse de notre cause et la cause des Algériens est juste …Osons avant le 22 février pour fêter la vraie indépendance. Ou raisons nous a jamais.

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