Le chapitre 2 du Hirak: garder le cap et éviter les écueils.

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Que le régime se le tienne pour dit : il n’y a pas eu d’élections présidentielles le 12 décembre. Il y a eu l’organisation d’un processus administratif par lequel le régime au pouvoir, la haute hiérarchie militaire, a désigné son nouveau représentant civil. Contre intuitivement, le véritable vainqueur du scrutin du 12 décembre, c’est le mouvement populaire. Les déferlantes humaines qui ont occupé les rues du pays le jour et le lendemain du scrutin en sont une preuve sans ambiguïté.

Le régime est aujourd’hui plus que jamais acculé, car le renouvellement de sa façade politique ne change en rien la dynamique révolutionnaire du 22 février, ni dans ses objectifs, ni dans sa méthode. Le commandement militaire a certes réussi à passer en force, mais il est très loin d’avoir condamné le Hirak ou affaibli la volonté des Algériens à en finir avec le régime au pouvoir.

Ainsi, le 13 décembre marque seulement l’entame du chapitre 2 de la révolution du 22 février. Les protagonistes de cette « bataille » sont les mêmes. Il y a d’un côté, l’immense majorité du peuple, engagée dans un mouvement pacifique qui aspire à construire la démocratie et l’État de droit. De l’autre, le régime, à sa tête le haut commandement militaire, qui espère se maintenir au pouvoir coûte que coûte.

En choisissant la voie du déni, le régime ne réussira pas à paralyser le Hirak. Bien au contraire, il conforte une conviction profonde, née dès les premiers jours du soulèvement, dans les rangs du Hirak : tout changement véritable exige la rupture avec le régime et ses représentants, et son remplacement par un régime qui ouvre la voie à une nouvelle ère politique ; celle de la souveraineté populaire. Pour atteindre cet objectif, le Hirak doit poursuivre les mêmes objectifs, muni des mêmes convictions que celles du 22 février.

De son côté, le régime tentera d’affaiblir, de diviser et d’étouffer, de criminaliser, de pervertir le mouvement populaire, par tous les moyens. Ce sera son principal objectif pour l’année à venir.

En partant des atouts et des risques encourus par le Hirak, nous proposons une série de recommandations afin de permettre au mouvement populaire de garder le cap et d’éviter les écueils que le régime va tenter de dresser sur son chemin.

1) Maintenir la « Sylmia » à tout prix

Le pacifisme est la clé de voûte du mouvement populaire. Sur le temps long, la lutte pacifique est la meilleure approche, car elle désarme un régime qui n’attend que la violence pour brutaliser les « hirakistes » et affaiblir le mouvement populaire. Aussi, la « Sylmia » maintient une mobilisation massive par le nombre, mixte, trans-générationnelle et inter-classes dans sa composition sociale. Nous devons préserver cet acquis comme un soldat en guerre veille sur ses munitions. La « Sylmia » est notre arme de « construction massive » pour mener le combat actuel et les luttes à venir.

2) S’adapter à un contexte de plus en plus répressif

La répression féroce qui a eu lieu dans plusieurs villes du pays lors du 43e vendredi du Hirak, particulièrement à Oran où plus de 400 personnes ont été violemment agressées ou interpellées, incluant des femmes et des enfants, est un signe inquiétant. Elle témoigne de la volonté du régime à criminaliser par la violence le Hirak. La massification de ce tournant répressif n’est pas à exclure.

Le souci premier du régime, c’est l’affaiblissement systématique, wilayas par wilayas, des rangs du Hirak. L’intimidation par la coercition violente, surtout en dehors de la capitale, vise à décourager les Algériens à exprimer librement leur rejet du régime, à intimider les jeunes leaders du Hirak et à récupérer le contrôle sur l’espace public. Les Algériens doivent trouver le modus operandi pacifique à même d’éviter un tel tournant. La dénonciation de la violence par les médias citoyens, l’appui sans failles de la société civile et politique, l’esprit de solidarité entre les Algériens des diverses régions et la récupération des espaces de mobilisation sont des moyens pacifiques pour le contrer.

3) Pas de représentation, ni de structuration du Hirak

Le Hirak doit demeurer un mouvement horizontal, sans structure et sans représentation officielle, pour éviter les écueils entreposés par un régime qui ne manquera pas d’appeler à « organiser » le mouvement au nom du « dialogue ». Pour ceux qui appellent à structurer le Hirak, celui-ci est mouvement révolutionnaire. Il n’est pas une organisation politique. Sa forme horizontale évite notamment la cooptation de potentiels représentants et les possibles dissensions propres à tout mouvement structuré. Cette forme d’organisation évite l’étouffement par le haut. Elle permet également à de simples citoyens, à des personnalités publiques, à des intellectuels, à des membres de la société civile, à la classe politique, à des artistes… de s’exprimer librement sans endosser la représentation du mouvement.

Une fois le départ du régime garanti et l’entrée dans une transition démocratique, la structuration du Hirak dans une institution officielle qui aura un rôle stratégique durant la transition sera nécessaire. Pas avant. Ce qui est souhaitable à ce jour, c’est une meilleure coordination entre les multiples forums, collectifs, associations et agoras citoyennes nés dans toutes les wilayas du pays pour maintenir la cadence de la mobilisation et réunir les forces pour faire tomber le régime.

4) Éviter le « piège du dialogue »

Comment un régime illégitime qui a refusé d’écouter la volonté populaire pendant des mois peut-il, alors que sa désignation officielle n’a pas été encore officialisée, appeler au dialogue avec le Hirak? N’est-ce pas là un énième subterfuge pour fragiliser le mouvement ? Le régime a déjà instrumentalisé l’artifice du dialogue, avec l’instance de médiation de Karim Younes, pour justifier l’organisation du scrutin contre la volonté du peuple. Il ne peut y avoir de dialogue avec un représentant illégitime, mais seulement une négociation politique sur les conditions de départ ordonné et pacifique du régime au pouvoir. La négociation est un moyen pour arriver à une fin (le départ du régime au pouvoir), et non la fin en soi.

Pour l’instant, le régime n’a aucune intention de le faire puisque le pouvoir réel est entre les mains de la hiérarchie militaire, et non son représentant civil. Le Hirak devra être attentif à tous les “pseudo-représentants” et à une frange de la classe politique actuelle, qui au nom de la nécessité politique et de la gravité de la crise, pourrait être tentée de jouer le jeu du régime. Pour le Hirak, rien ne peut se faire sans la libération immédiate de tous les détenus d’opinion, et la mise en retraite d’Ahmed Gaid Salah et les durs de l’État-major. Ceci est le vrai baromètre et un point de non-retour.

5) Construire une offre politique cohérente et consensuelle

En parallèle à la mobilisation, les forces vives du Hirak ainsi que la société civile et la classe politique doivent poursuivre la construction d’une offre politique cohérente et consensuelle, en dehors de l’agenda du régime. Plusieurs initiatives de qualité avaient émergé lors des six premiers mois du Hirak, mais ce travail a été perturbé par le passage en force de l’État-major et la convocation du corps électoral. Faire front commun autour d’une offre politique à laquelle adhère la majorité des Algériens est un travail cardinal pour l’année à venir.

La transition démocratique est inéluctable. Elle est la condition suffisante de l’édification d’un État de droit et de la démocratie. Elle n’est rien d’autres qu’un ensemble d’institutions et de mécanismes limités dans le temps pour réguler les pouvoirs publics et assainir la vie politique. Les Algériens ont la capacité de s’entendre sur les contours de la transition, et ce, par le dialogue entre force vive du Hirak et par l’approfondissement du travail accompli. Ceci est un devoir qui concerne tous les Algériens, et pas seulement la société civile.

6) Consolider l’appropriation de l’espace public

C’est un enjeu majeur de la phase 2 de la révolution du 22 février. Les Algériens doivent continuer à massivement occuper les rues des villes lors des mobilisations du vendredi et du mardi, mais aussi par les agoras et les forums citoyens. Ils ne peuvent céder cet espace à des forces de l’ordre au service du régime.

L’Algérie est devenue au fil des dernières décennies un pays urbain, et la rue algérienne est devenue un laboratoire de citoyenneté. C’est la récupération de l’espace public qui a permis une « repolitisation » accélérée depuis le 22 février, surtout parmi les jeunes. La perte du contrôle de l’espace public serait synonyme de la fin du mouvement populaire.

7) Innover dans les modes de contestation

Les marches populaires du vendredi et celles des étudiants doivent se poursuivre. C’est la voie par laquelle le mouvement populaire a choisi de mener la bataille sur le temps long. Ceci étant dit, cela n’empêche pas lors des prochaines semaines de nouveaux modes de contestation pacifiques d’émerger. Les exemples dans le monde sont multiples. Comme les Algériens ont usé du mortier pour dénoncer l’emprisonnement des détenus d’opinion, le génie populaire saura trouver les meilleurs modes d’expression pour renforcer le mouvement populaire et assurer sa pérennité.

Prochainement, je reviendrai sur chacun de ces points dans des textes séparés.

La lutte continue pour une Algérie libre et démocratique.

Raouf Farrah – 14 décembre 2019

4 Commentaires

  1. Négocier ?!?! De très fortes pressions sur le Hirak, et des manœuvres visant à l’émietter en petits blocs, disent les uns aux autres ?!

    Beaucoup de questions qui se posent à tout le monde. Je pense qu’il faut en discuter et y réfléchir, en petits groupes, là où on peut, et partager autant que l’on peut à travers les réseaux sociaux et directement face à face.
    A mon avis il y a des conditions qui doivent surgir tout de suite pour créer une atmosphère favorable aux échanges pour pousser le pays vers l’avant. Parmi ces conditions il est évident qu’il faut commencer, immédiatement et sans aucune conditions, a libérer TOUS les prisonniers d’opinions, arrêter immédiatement toutes répressions contre toute personne pour ses idées exprimées et contre les marches du Hirak qui doivent continuer ! Elles le sont depuis 10 mois pacifiquement et elles le continueront dans le même style. Et bien sûr il faut arrêter toutes les provocations contre les marches du Hirak, que les « Think-tank khorotos » des services de la république (donc du peuple !), accaparés par les clans qui se déchirent pour prendre la tête du Système ! Et de plus chose importante, les jugements en cours, des membres de la 3issaba (gang), tous y compris les militaires et les chefs des corrompus dont, le président Bouteflika lui-même, soient publiques et diffusés entièrement à la TV dans leur intégralités.
    Tout ceci me parait impossible à imaginer venant de la part du pouvoir. Ce n’est pas parce que, les membres de la tête du Système soient « vieux et cons » comme le disent d’autres, pas moi ! Mais pour des raisons déjà apparentes, que je vais développer plus bas !
    Continuant donc dans notre supposition pour aller au bout de l’idée de la négociation. Alors, on peut se poser la question brulante de NÉGOCIER !
    Cela suppose en premier que les représentants du pouvoir réel, clandestin dans les casernes, viennent avec la VOLONTÉ de trouver une solution à la transition par laquelle l’Algerie doit passer inévitablement. Il faut tenir compte du fait, que les représentants de la tête du Système, en l’occurrence Gaid Salah et ses acolytes, exprimant leur bonne volonté, ou pas, à haute voix dans les moyens colossaux de la république, PERSONNE NE VA LES CROIRE ! Il n’est plus question de confiance ! Pour TOUS il s’agit tout simplement encore et encore et une fois de plus dans notre histoire récente de MANIPULATIONS, et cette fois ci pour tuer le Hirak !
    Et dans ce sens, il s’agit pour le Hirak et pour tous, de réfléchir à cette question vitale : Comment déjouer et éviter les pieges ? En commençant par tirer les leçons de nos luttes passées depuis l’indépendance et surtout depuis les années 1980.
    Le premier piège visible, flagrant que les « think-Tanks khoroto » du Système préparent est en rapport avec leur vision « politico-idéologique » en supposant qu’ils ont une ! Elle existe, elle n’est pas bien sur élaborée, sur des bases intellectuelles. Mais sur l’expérience de la vie, de tous les jours d’activité, d’existence…et j’ajoute expériences dans la REPRESSION !
    Ils savent déjà depuis longtemps que quand la force ne suffit plus, (c’est le cas actuellement !) il faut corrompre, suborner, graisser la patte, intimider les représentants. Or ils ne les connaissent pas ces représentants, ces « leaders » ! Ils sont en train de taper au hasard, dans la foule, tirer tout ce qui bouge (pardon tous ceux qui marchent !). Seulement voilà, ils sont des milliers et des milliers ! Peut-être que si le Hirak dégage des représentants, ils pourront les « acheter » et les faire rentrer parmi les « cachiristes », pensent-ils, espèrent-ils !
    Mais le peuple a aussi appris à se défendre instinctivement, et donc pas de représentants et par conséquent pas de négociations ! Dezou ma3ahoum !
    En plus de ce fait, il est clair que les mentalités au sein du peuple, surtout au sein du peuple en marche, le Hirak, ont énormément évolué pour rejoindre les idées nouvelles du 21ème siècle, loin du Zaïmisme, le Zaïm, leader qui va sauver le peuple ! Dans les pays modernes et organisations de tout genre, ils ont depuis longtemps compris que la gouvernance la plus efficace est celle des ÉQUIPES !
    Mais dans la Issaba, et ses restes qui dirigent le Système actuellement, ils sont encore attachés à la gouvernance par le Zaïm, actuellement Gaid Salah ! Il n’y a pas d’autres méthodes ou autres logiciels dans leur cerveau. Leurs cerveaux ont été entrainés pendant des années et des années que par cette façon de voir, comprendre, réfléchir, agir et que sais-je encore.
    Pour conclure pour le moment, et comme je l’avais déjà écrit il y a 6 mois, je dirais
    « … Le peuple algérien apprend de lui-même de sa lutte, et il s’organise ! Pas de façon classique obsolète, mais sous une forme qui préserve et bonifie son apport à la marche vers l’avant du peuple algérien. Oui il est possible maintenant de le faire et cela commence à se bâtir. Doucement pas à pas. Il ne s’agit pas de commencer une structure fixe en partant du haut de la pyramide et en allant vers la base ! Mais d’abord par des comités locaux partout, là où c’est possible, avec des règles claires à respecter. Il ne s’agit pas non plus de voter pour des représentants et les laisser faire ce qu’ils veulent, négocier secrètement, subir les pressions et tentations, et y résister dans l’isolement. De la même façon qu’ils sont élus ils peuvent aussi être déchus, en fonction de leurs dires, actions et résultats. Ils sont élus sur la base de ce qu’ils proposent. Ils doivent être élus sur la base de feuille de route tout en sachant qu’ils doivent rendre régulièrement compte à la base, et s’il y a des doutes, des défaillances les faire seconder par des adjoints, et si réellement ils échouent dans leurs missions, les remplacer. Des forums feront surgir des représentants de coordination de secteur, communaux, et régionaux avec les mêmes bases méthodologiques… » http://mediterranee-plurielle.com/index.php/2019/10/14/les-algeriennes-et-algeriens-determines-et-perseverants-marchent-inlassablement-pour-hisser-lalgerie-au-21eme-siecle/.
    Dr Abdelkader Saadallah 17/12/2019

  2. Bonjours chers amis hirakiens, chers compatriotes, chers démocrates, chers républicains, chers citoyens.

    Je critique souvent les autres de ne pas faire des propositions, et donc aujourd’hui j’ajoute à celles que j’ai déjà faîtes depuis le mois d’avril 2019, et qui n’ont pas reçu beaucoup d’approbation ou d’attention hélas pour moi, celle d’aujourd’hui.

    Le hirak, apparemment et si je l’ai bien compris, veut une transition à travers ce qu’il appelle un « processus constituant». Ce processus est tout un programme à mettre sur papier noir sur blanc et donc il faudrait que le hirak accepte l’idée de sa « représentativité» ou bien l’existence d’espace « d’intermédiation » puisé à partir de la société civile etc… etc.. etc..

    Il est évident que si le pouvoir ne prend pas la décision d’élargir les détenus politiques et d’opinion, ne libère pas les médias lourds et légers, il est hors de question qu’engager quoique se soit avec lui. Bien ! Par ailleurs, si le hirak exige que la transition se fasse à travers un processus constituant, il faut donc qu’il définisse de manière claire son contenu et son agenda. Si processus constituant il y a, il doit concerner, d’abord et avant tout, la modification de la Constitution ! Sans nouvelle constitution, rien de sérieux ne peut être engager pour l’avenir du pays et pour de la démocratie.

    Aussi, j’espère :

    1/- que les forces du vrai changement du hirak ont pris conscience qu’il faut mettre au point en priorité cette question de la Constitution dans leur agenda. On espère qu’elles ont déjà commencé à réfléchir, avec l’aide d’experts et de constitutionnalistes, sur les moutures sur lesquelles le débat doit s’engager. Ces moutures doivent évidemment tenir compte des revendications du hirak comme : l’identité ALGERIENNE de notre pays, basée sur l’amazighité et l’arabité sans hiérarchisation, Etat de droit, Etat civil, limitation des prérogatives du président et limitation de ses mandats, séparation des pouvoirs, justice indépendante, garantie des libertés individuelles et collectives (d’opinion, de consciences, égalité des sexes, respect des minorités etc.. etc.)

    2/- que les forces du vrai changement du hirak vont arriver à s’entendre d’une manière consensuelle et définitive sur la manière de modifier cette constitution, soit par une Constituante soit par le recours à une consultation référendaire qui, si cette option est choisie, permet de gagner du temps et de rattraper les 11 mois que le pouvoir nous a fait perdre.

    3/- que les forces du vrai changement du hirak vont prendre au mot le président récemment nommé (et non élu) qui a fait la promesse d’ouvrir le chantier de la modification de la Constitution, qu’il ne va pas reculer et que ce chantier soit engagé très rapidement et en priorité.

    4/- que les forces du vrai changement du hirak vont comprendre qu’il n’est pas question d’aller à une quelconque élection (législative ou locale) tant que la Constitution n’est pas voté par le peuple et non par l’APN ou le Sénat. Le pouvoir a certainement la visée, pas impossible avec ces dinosaures, de faire un simple toilettage de la Constitution et de la faire valider par les chambres basse et haute.

    5/- que les forces du vrai changement du hirak vont comprendre par voie de conséquence qu’il faudra modifier aussi la loi électorale et la loi sur les partis politiques. Ces deux textes peuvent être soumis au référendum populaire en même temps que la Constitution et ce n’est pas une aberration constitutionnelle à mon sens de procéder de la sorte.

    6/- que les forces du vrai changement du hirak vont demander la dissolution de l’APN et du Sénat et exigeront un gouvernement de transition jusqu’à la prochaine élection législative.

    7/- que les forces du vrai changement du hirak vont se pencher sur le rôle, les compétences et la constitution d’une nouvelle instance (indépendante et permanente) d’organisation et de contrôle des élections.

    Voilà chers compatriotes comment je vois une partie du chantier de la transition !

    PS : il faut que les personnalités ou les partis politiques évitent le dialogue en rang dispersé ou à titre personnel avec le pouvoir, et si d’aventure ils le font il ne faudrait pas qu’ils soient étonnés de voir le hirak les critiquer ou rejeter leur méthodes !

  3. Chers compatriotes démocrates républicains.

    Oui, évidemment que le hirak doit continue et même s’intensifier ! Bien sûr que le hirak doit se poursuivre même après la disparition de Gaid l’entêté et l’irresponsable dangereux pour le pays et la paix civile. En revanche, on a bien vu que presque 11 mois du hirak n’ont pas fait avancer le schmilblick en dehors du fait que seule une partie de la « bande » a été provisoirement mise en incapacité directe de nuisance.

    Pour moi, peut-être que je me trompe, le hirak ne devrait pas être laissé seul, avec comme seul arme les marches ! D’ailleurs, dès le début de la révolution citoyenne il fallait que les forces du vrai changement, les citoyens, la société civile se concertent, s’auto organise et se regroupent pour donner un contenu et une perspective à la révolution citoyenne.

    Que veut le hirak ? Une autre république, un autre système politique, un pouvoir civil, une justice indépendante, une authentique Algérie démocratique, juste et sociale. Pour cela il faut une « feuille de route consensuelle » à proposer et à adopter pour mettre en perspective le projet politique ! Certes il y a des scénarii parfois divergents entre nous démocrates, mais entre vrais démocrates authentiques, entre nous nos citoyens engagés, avec notre intelligentsia, nos experts, nos spécialistes, nos constitutionnalistes, nos juristes, nos politologues, nos sociologues, notre rôle à nous tous est d’accompagné ce hirak, de lui proposer la meilleure façon de s’en sortir, de poser les conditions pour atteindre son objectif sans même attendre l’appel du pouvoir au dialogue ou à la concertation.

    Je le dis et le redis, il y a un véritable point noir chez une certaine élite qui nous fait croire que cet exercice de concertation, de débat, d’intermédiation, de représentativité est une façon de politiser le hirak, d’en faire un parti politique, ce qui est complètement faux ! Il s’agit, ya bou guelb, tout simplement de la construction d’un Etat de droit, d’un Etat véritablement démocratique et moderne et çà ce n’est pas une position politique partisane. Çà arrange et cela convient à tous les vrais démocrates quelque soit leur ligne politique partisane ! Il faut reconnaître qu’on a quelque part perdu un énorme temps précieux, alors qu’aux premiers mois du hirak, on a assisté sur les forums, sur les plateaux, sur Internet, sur facebook etc… à un véritable débat responsable, de haut niveau sur la manière de conduire la transition (comme par exemple la question de l’élection d’une équipe collégiale à partir de la base de la société civile qui serait chargée de conduire la transition, de nommer un gouvernement de transition, sur la manière de modification de la Constitution et de la loi électorale , sur la manière d’organiser une Constituante si une telle mesure est adoptée, sur la désignation d’une vraie instance indépendante d’organisation et de contrôle des élections, etc… etc.. . Tout ce débat a été bizarrement oublié pour laisser place à des « parties » qui défendent l’idée que hirak doit continuer seul à faire des démonstrations de rues et qu’il n’a pas … « vocation à être structuré » et estiment qu’il faut attendre que le pouvoir abdique, se mette à genou pour faire un travail d’organisation de la révolution citoyennes ! Quelle irresponsabilité !!!

    Pourquoi avoir interrompu cette dynamique intellectuelle ? Qui a-t-il derrière cette manœuvre ? Pourquoi ne pas reprendre à l’ordre du jour cette concertation, ce débat sur l’organisation et la représentativité du hirak pour mettre au clair et en forme les revendications du hirak, dès aujourd’hui surtout après cet Nième charivari du 12/12. Il est vital pour la révolution citoyenne de faire en sorte que le hirak, tout en restant actif sur le terrain pour faire pression, pense à élire ses délégués de manière transversale et à partir de la société civile pour mettre en forme ses revendications et mettre en forme la feuille de route idoine. Pour moi, c’est une sorte de coup de poignard dans le dos du hirak que de le laisser seul le hirak, le laisser continuer à marcher dans la rue sans perspective, ni organisation, je suis désolé de le dire !

    Vive l’Algérie …. mais … à condition qu’elle devienne une vraie république, qu’elle ait une justice indépendante, que le pouvoir civil devienne une réalité, qu’il est question d’un vrai Etat de droit où toutes les libertés individuelles et collectives, au sens universel des termes, sont garanties …. à TOUS LES CITOYENS qui sont tous des ALGÉRIENS, sans hiérarchie linguistique, identitaire, religieuse et culturelle, tous égaux en droit et en devoir !

  4. Mon avis, …mon point de vue pour enrichir le débat sur la révolution citoyenne :

    1/- Le hirak ne devrait pas « dialoguer » avec le pouvoir, il ne devrait que « négocier » avec lui pour faire admettre ses revendications qu’il clame et crie presque quotidiennement depuis bientôt 11 mois.

    2/- Pour mieux se préparer à ses négociations, il devrait penser à des formes d »organisation, des espaces d’intermédiation, des formes d’auto-organisation pour désigner ou élire ses délégués qui négocieront en son nom, délégués reconnus et admis par lui, le hirak.

    3/- Le hirak devra penser dès aujourd’hui à plancher sur une feuille de route consensuelle basée sur ses propres revendications pour être prêt au moment des négociations à affronter le pouvoir autocratique militaire toujours en force. Il devrait être clair et précis sur ce qu’il appelle le « processus constituant », sur son contenu et ce que devrait être la « transition démocratique » ! Se seront les délégués qu’il aura choisis et acceptés qui l’aideront à mieux formuler ses revendications. Ce quatrième point est important et vital pour la suite de la révolution citoyenne.

    4/- Les partis politiques s’ils décident de « dialoguer » avec le pouvoir ( c’est leur problème mais c’est pour moi une sorte de complaisance pour ne pas dire autre chose), ils ne doivent en aucun cas le faire au nom du hirak ! Ils n’ont aucune légitimité pour le faire. Les partis politiques auront le temps et le loisir d’être dans leur rôle politique et idéologique partisan, de défendre leur programme, et c’est légitime, mais après l’instauration d’un véritable Etat de droit et de la démocratie. Leur rôle aujourd’hui est celui d’accompagner le hirak s’ils souhaitent vraiment et sincèrement une nouvelle république avec une nouvelle constitution, une nouvelle loi électorale et une nouvelle loi sur les partis politiques.

    5/- Le hirak devrait maintenir évidemment la pression par ses marches sans relâche, sa verve militante pour une nouvelle Algérie véritablement indépendante, pour se libérer du système FLN de 62 qui a trahi celui de la révolution, et qui lui n’a fait que remplacer le pouvoir et l’administration coloniale.

    Bon courage à tous les démocrates républicains sincères.

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