L’arrivée de la famille du Guide a mis au jour l’appui d’Alger à Tripoli. La peur d’une contagion a renforcé la solidarité entre régimes sécuritaires.
Il est des silences ou des non-dits qui relèvent, au choix, d’un déni de réalité, d’un aveuglement politico-idéologique ou de la complicité pure. Véritable secret de polichinelle, le soutien sans faille de l’Algérie au colonel Kadhafi tient des trois à la fois. Point n’était besoin d’attendre qu’Alger se résigne à annoncer le 29 août l’arrivée dans le pays de«Safia son épouse, sa fille Aïcha et ses fils Hannibal et Mohamed» pour découvrir que ni les alliés russes du dictateur libyen ni ses soutiens chinois n’avaient osé aller aussi loin. Comme Aïcha était installée depuis plusieurs jours dans une résidence d’Etat algérienne, on peut se demander si «l’aveu» des autorités d’Alger ne vise pas surtout à dissimuler un transit plus compromettant : celui du colonel Kadhafi et/ou de son fils Saïf al-Islam introuvables jusqu’ici et passibles de la Cour pénale internationale.
Antipodes. Depuis le début de la crise libyenne, et plus généralement des révoltes arabes, l’Algérie affiche une seule position : celle de la «non-ingérence» et de la plus stricte «neutralité». La réalité est aux antipodes de cette langue de bois mise à mal par une cascade d’informations. Mi-mai, Sadek Bouguetaya, député et membre du comité central du FLN, l’ancien parti unique algérien, est dépêché à Tripoli pour «représenter l’Algérie» à une «réunion de soutien des chefs de tribu à Kadhafi». Il s’y livre à un vibrant éloge du guide libyen et à une diatribe enflammée contre son opposition traitée de «pion des Occidentaux», le tout s’achevant par un retentissant «Que Dieu maudisse la démocratie !»
Il est d’autres situations qui sont plus éloquentes encore que le refus d’Alger de reconnaître le Conseil national de transition (CNT) comme «seul représentant légitime du peuple libyen» contrairement à la Ligue arabe elle-même et à plus d’une cinquantaine de pays. Pendant que Nicolas Sarkozy était acclamé à Benghazi où flottent des drapeaux français, les manifestations pro-Kadhafi laborieusement organisées à Tripoli arboraient toutes le drapeau algérien et des pancartes «remerciant l’Algérie de son soutien». Alger n’a jamais jugé utile de protester contre cette utilisation de son emblème national…
Unanimité. Et que dire des hommes de Kadhafi qui, pour compenser en partie le gel des avoirs libyens à l’étranger, ont sillonné sans trêve le territoire algérien, raflant toutes les liquidités en euros existant dans un pays où l’économie informelle est reine ? Ils ont ainsi fait exploser le cours de cette devise sur le marché parallèle, rendant celui-ci inaccessible aux acteurs algériens du secteur informel. La presse privée algérienne n’est pas en reste, elle qui peut à la fois faire preuve d’une réelle liberté et d’une unanimité confondante quand il s’agit de défendre les «lignes rouges» du pouvoir : aujourd’hui la détestation de l’insurrection libyenne ; hier, le questionnement sur les responsabilités des exactions pendant la guerre civile de la décennie 1990… Ces titres prédisent ainsi un «après-Kadhafi dans la douleur et le sang […] plus monstrueux que celui que la révolte a combattu» (le Quotidien d’Oran du 24 août). Ils tirent à boulets rouges sur les rebelles du CNT traités «d’Al-Qaedistes», dénoncent les «relents néocolonialistes de l’intervention illégale de l’Otan» et «l’attitude belliqueuse du Qatar» qui «menace les intérêts» de l’Algérie. L’émirat est accusé de «dépasser les bornes en finançant par centaines de millions de dollars le CNT et ses différentes branches armées, dont celle d’Al-Qaeda» […] et en prêtant ses avions «pour larguer des armes aux rebelles berbères du djebel Nefoussa» (Liberté du 22 août). Et ce quotidien de conclure : «Pour moins que cela, l’Algérie avait fait la guerre au Maroc.»
Comment expliquer qu’un tel soutien n’ait pas fait scandale plus tôt ? L’impunité habituelle dont jouit le régime algérien en se présentant comme le champion de la lutte antiterroriste y est pour beaucoup. Mais Alger a su capitaliser la méfiance initiale à l’égard des rebelles libyens qui, dès le début de leur insurrection, dénonçaient pourtant l’envoi par l’Algérie de munitions et de mercenaires, y compris algériens pour prêter main-forte à Kadhafi – trois d’entre eux ont d’ailleurs été tués et quinze autres capturés en avril dans les combats d’Ajdabiya. Les démentis «catégoriques» mais laborieux du ministre algérien des Affaires étrangères ont visiblement pesé plus lourd que d’autres paroles dont la circonspection résonnait comme une quasi-confirmation.
Le 19 avril, son homologue français affirmait lui avoir demandé, au cours d’un «entretien téléphonique cordial», ce qu’il en était des «informations selon lesquelles Kadhafi aurait reçu plusieurs centaines de véhicules armés transportant des munitions en provenance d’Algérie».«Il m’a assuré que ce n’était pas vrai», concluait sobrement Alain Juppé, tandis que l’agence de presse algérienne se gardait de mentionner cet aspect de la discussion. Le 22 juillet, le département d’Etat américain était plus explicite, annonçant qu’il «enquêtait sur une livraison d’armes à Kadhafi déchargée dans le port de Djen-Djen et acheminée par voie terrestre vers la Libye». Washington «demandait au gouvernement algérien, s’il était au courant, d’empêcher cette livraison qui constituerait une violation des résolutions de l’ONU».
La «stratégie d’évitement dès qu’il s’agit de l’Algérie», pour reprendre le terme d’un diplomate occidental, sera toutefois plus forte. Deux notes des services secrets français en sont un bon exemple : la première fait état d’un appui d’Alger à Kadhafi, la seconde note le peu d’éléments en attestant ! Il faudra attendre la mise à sac de la représentation algérienne en Libye, la multiplication des passages de Mercedes libyennes en Algérie et les demandes d’extradition formulées par le CNT pour que le scandale éclate.
Ultime verrou. Pourquoi ce soutien à un Kadhafi avec lequel Alger a entretenu des relations plutôt orageuses et qui révèle l’isolement d’un pouvoir algérien faisant figure de dinosaure dans une Afrique du Nord en marche vers les libertés ? Les révoltes arabes et les jugements de présidents déchus ont ressuscité la grande peur des dirigeants algériens : celle des mouvements de rue. Ils perçoivent les précédents tunisien, égyptien, mais surtout libyen et syrien – dont les régimes sont basés, comme à Alger, sur la toute-puissance des appareils sécuritaires -, comme aussi menaçants que… les réformes annoncées par le roi du Maroc. Dès lors, Alger se comporte comme si la survie des régimes de Kadhafi et de Bachar al-Assad constituait l’ultime verrou stratégique à défendre pour se préserver soi-même. Son intérêt était donc que la guerre se prolonge en Libye pour pouvoir surfer sur le sentiment nationaliste algérien en dénonçant l’intervention occidentale et faire peur aux Algériens en assimilant tout changement au chaos et à Al-Qaeda.
Mais avec la chute du régime de Kadhafi, toute la question est de savoir jusqu’où peut aller Alger pour contrer la démocratisation du Maghreb. Si tout indique que le pouvoir algérien saura faire preuve de pragmatisme à l’égard d’un CNT victorieux, nul ne peut exclure dans le même temps des opérations de déstabilisation de ses services de sécurité à la frontière libyenne. Comme cela a déjà été le cas avec la Tunisie.
*José Garçon, Libération du 31/8/11
23 comments
l’Algérie a toujours soutenu le peuple libyen, mais si, mais si, lisez-donc:
« …Mourad Medelci affirmait ce matin que « le CNT est porteur de volontés d’émancipation et de plus grandes libertés du peuple libyen »…
Un p’ti coup de regle sur les doigts de Boutef par Si Juppé et le tour est joué…Djazair el 3izza wal karama!
Kamel
Les regimes totalitaires sont comme des cameleons.J’appelle a nos freres libyens de ne pas croire aux mensonges du regime algerien,qui essaye de relativiser sa position aujourd’hui que la revolution est sortie victorieuse.Ce regime est 100 fois plus sanguinaire que le regime libyen dechu.
A mon avis, Boutef et les militaires tentent tout simplement d’appliquer la même stratégie qu’ils applique au niveau national :
Utiliser l’Épouvantail Al Qaida et fructifier la terreur islamiste dans la Région pour durer et rester au pouvoir.
Mais Boutef est tombé cette fois ci sur plus fort que lui : L’OTAN dispose de moyens pour affirmer ou infirmer cette hypothese Al Quaida et il semble que cette excuse ne tient plus la route.
D’où le virage à 180° que la diplomatie algerienne est entrain d’effectuer sur le CNT, de peur de fâcher ses « partenaires » occidentaux qui sont bien enclins à fermer les yeux tant que l’excuse terroriste concerne seulement le territoire algérien afin de permettre à ce régime de rester au pouvoir, tant qu’il travaille dans leurs intérêt bien compris.
Et si la Revolte populaire algerienne venait du Sud ? Si les combattants font jonction avec la population et commencent par occuper les Puits de petrole et ensuite les villes petrolieres pour couper les vivres à Alger ?
Ce sera le debut de la fin de ce régime.
José Garçon en connaisseur chevronné de l’idéologie mafieuse et criminelle du régime d’Alger nous propose toujours des analyses très pertinentes sur le mode de fonctionnement de ce régime.
Souvenez-vous que pendant la décennie rouge il était l’un des rares journalistes Français à mettre en doute les thèses du régime, ce qui lui valu son expulsion de l’Algérie.
Soyons sérieux et soyons sincères et arrêtons d’être naïfs.
Le régime algerien n’a jamais été isolé, bien au contraire, il fait ce que le CIA lui dit de faire : vendre les richesses a bas prix.
Même dans la gestion de la Libye, c’est l’OTAN qui dictait au régime algerien d’aider Kadafi jusqu’à une limite pour perdurer la guerre qui aurait du durer seulement 1 mois. Pourquoi, pour forcer le CNT a vendre 50% de son pétrole et de son sol.
Toutes les actions du régime mafieux algerien étaient dans le but d’isoler le peuple algerien qui sur Al-Jazeera applaudissaient Bouteflika d’avoir accepté les fils de l’assassin. Ces mêmes algériens dénigraient le CNT, par jalousie des révolutions des pays arabes sous prétexte que l’occident allait les occupait, alors que l’Algérie sous Bouteflika-mediene est la plus occupée des territoires.
Le peuple algerien est maintenant isolé, a genoux et sans mérite et il ne va pas sortir revendiquer la liberté, la justice, la démocratie, il va seulement critiquer les pays libérés et se faire une joie lorsque ceux-ci auront des difficultés a reconstruire leur pays.
Pauvres de nous, pauvres les chouhadas, pauvres ceux qui défendent le pays.
entierement daccord avec aomar et sadek .
De la raison enfin!repris de Algerie-focus
Le cas libyen enflamme les débats, d’autant plus qu’il est en lien direct avec l’Algérie et ce, sur plusieurs plans. Pour l’évoquer, mettons-nous d’accord sur un SMIG intellectuel.
D’abord, la diversité et la divergence des opinions sur ce qui se passe actuellement en Libye est un bon signe, on aurait été franchement plus inquiet si on avait eu à la place un consensus national digne des années «prix unique».
Ensuite, disons les choses telles qu’elles sont, l’implication de l’OTAN, de la France, de la Grande-Bretagne et du Qatar dans un conflit en Afrique du Nord, interne de surcroît, est une première inquiétante. Qui peut en effet garantir que ceci ne se reproduira plus ?
Troisièmement, sommes-nous prêts à cautionner un interventionnisme étranger au nom du «droit d’ingérence humanitaire» quand on sait pertinemment que ce fameux prétexte n’est en réalité qu’un alibi brandi selon des critères purement géostratégiques, le cas d’Israël est dans ce sens une preuve flagrante du cynisme et de l’opportunisme des puissances mondiales.
De plus, quel romantique croit toujours que des pays comme la France, ravagée par une crise de la dette sans précédent et au bord de la faillite, pourrait accepter d’aller guerroyer contre un tyran africain, juste parce que ses indigènes le valent bien ?
Ceci dit, l’Algérie s’est retrouvée malgré elle impliquée dans ce bourbier qui s’annonce long et coûteux pour des raisons géographiques, historiques et politiques.
Notre pays aura assez à faire rien qu’avec le flux de réfugiés qui fuient la Libye, entre Touaregs, anciens du régime et population terrorisée. Pour éviter de sombrer dans l’opposition systématique, il faut dissocier l’attitude du régime algérien à l’égard de la Libye de sa politique intérieure.
Sur la scène nationale, Bouteflika n’a tout simplement rien fait jusqu’à présent pour assurer une transition démocratique pérenne et ça serait se répéter que d’évoquer de nouveau tous les ratages du système.
Sincère ou pas, le Chef de l’État fait fausse route en confiant ses réformes à un système contesté et dont la légitimité est au moins remise en cause.
Pour ce qui est de la Libye, qui ne ressemble en aucun cas à la brave révolution tunisienne, l’Algérie a choisi la prudence à l’égard d’une présence étrangère à proximité de ses frontières et d’une instance rebelle qui ne manque pas d’afficher sa loyauté envers ses bailleurs de fonds.
Connaissant son passif, il serait absurde de dire qu’Alger porte Kadhafi dans son cœur. Pour autant -jusqu’à aujourd’hui et après les déclarations de Medelci sur Europe 1 à l’occasion de la Conférence sur la nouvelle Libye à Paris auquel il a pris part, l’Algérie ne soutenait pas le CNT à cause, semble-t-i, des frasques diplomatiques agressives à son égard et le ticket d’entrée qu’il a accordé à l’OTAN dans la région.
A-t-on pris la bonne décision ? La réponse n’est pas aussi simple que certains veulent le faire croire. Une chose est sûre cependant : La présence d’une menace extérieure ne fera que renforcer notre régime.
Ali B.
José Garçon n’est pas un homme, mais une FEMME. Elle aura été l’UNE des premières journalistes à décrypter correctement les conséquences de l’arrivée – cooptée par les généraux-dafs – de M. Bouteflika à la tête de l’Etat algérien, comme en témoigne un ancien article de cette journaliste très au fait des affaires algériennes.
http://www.algeria-watch.de/farticle/tribune/Boutefgarcon.htm
« » »Cette élection [celle de Bouteflika en 1999] a permis, en effet, d’identifier le cour du problème : la nature d’un pouvoir totalitaire qui ne se reproduit que par cooptation, ne tolère aucune ouverture démocratique et paraît incapable de se réformer. » » »
Plus de dix ans après, les évènements ont confirmé son jugement sur la nature totalitaire et mafieuse du régime encore en place à Alger.
Mais revenons donc au sujet des évènements en Libye et de cette attitude imbécile de la pseudo diplomatie algérienne ; une diplomatie faite de duplicité et de mensonges éhontés ; une diplomatie boursouflée d’une arrogance qui n’a d’égale que sa triste insignifiance qu’elle cherche à pallier, en se piquant d’émettre des « conditions » relevant de la seule souveraineté du peuple libyen, à la reconnaissance par l’Algérie du CNT, alors que celui-ci est aujourd’hui quasiment reconnu internationalement.
Mr. Dehbi,
Je suis un lecteur assidu des articles de José Garçon mais je n’ai jamais deviné qu’il s’agissait d’une femme.
Merci pour la précision
Salutations
Pour ceux qui doutaient encore du parti pris de la pseudo-presse Algerienne, il suffit de voir aujourd’hui l’alignement unanime de tous ces chiffons sur la position officielle du pouvoir. Sans aucune exception, liberte, echourouk, elkhabar, etc… tous defendent la meme position que celle du pouvoir. Quant a tsa, cet organe bien douteux ne laisse transpirer que les avis des srabess. Bien pathetique tout ca.
Les ami(e) un peu de pragmatisme ne nous ferait pas de mal. A ce que nous sachions le soulèvement populaire à ses débuts était pacifique et il a fallut le déchainement des brigades Gadafistes et des milliers de martyrs que le conflit s’est transformé en soulèvement armée. Passons sur la chronologie des péripéties du fait que suite à cela Gaddafi a sorti le grand jeu pour mater la rébellion et si ce n’était pas l’OTAN ( parce que les frères arabes, africains et autres regardaient ailleurs entretemps) qui avait pris les choses en mains on serait maintenant à parler de Benghazi, Tobrouk et j’en passe au passé. On devrait juste se rappeler, pour preuve, que l’armada de Gadafou a été décimée aux portes de Benghazi.
Pour ce qui est du motif de l’Otan à protéger les civils (suite à un ok de l’ONU) bien entendu qu’on pourrait théoriser jusqu’à la fin des temps mais une choses est sûr, la Libye n’est pas la Somalie ou l’Éthiopie. Par contre, il faudrait aussi se rappeler que la Libye de Gadafou ou de Kouider ne va pas vendre ses richesses au Togo ou au Tchad pour survivre mais aux même clients potentiels c’est-à-dire les mêmes nantis de ce monde et si en plus et tenant compte du ratio population/Richesses la Libye de demain se développera aussi bien que les pays désertiques du Golfe parce qu’ils se sont amarrés à l’occident au lieu de continuer à faire fonctionner à plein régime les usines d’armement Russes ou chinoise ce sera tant mieux pour eux et tant pis pour les dépités et les jaloux de ce monde.
Pour terminer, l’attitude de notre mafia bien aimé est conforme à son image et donc pas de surprise de ce côté : le koursi pour l’un et les privilèges pour les autres passent au premier rang, la populace ne fait pas partie du décor puisque, de toute façon, des que la cavalerie du NATO est entrée en jeu l’avenir de Gadafou se conjuguait déjà au passé et donc nos chères mafioso certainement ont fait le choix de se remplir les poches en passant en enfermant l’Algérie un peu plus. Ceci dit, le ministre Marocain à déjà fait un pèlerinage à Benghazi pour avoir sa part du gâteau de la reconstruction du pays qui avec la susception dont sont sujet les africains la porte va être grande ouverte pour les travailleurs et ouvriers chérifiens tout corps d’état confondus. Mais certains vont me dire que pour un pays qui a engrangés une création d’emploi de 1600000 en six mois la Libye n’a qu’a se démerder sans nous, on n’est pas quémandeur. Et cette personne à entièrement raison. J’espère avoir tort.
Bonne analyse pêchée dans Sud -ouest
L’Algérie revoit sa position sur le conflit libyen. Soumises à de fortes pressions internationales, les autorités algériennes ont fait hier un premier pas vers la reconnaissance du CNT libyen. Avec un bémol : le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a déclaré que son pays serait prêt à reconnaître le CNT lorsqu’un gouvernement représentatif sera formé. Il refuse ainsi de reconnaître directement le représentant des rebelles, comme l’ont fait les grandes puissances.
En réalité, le régime algérien a du mal à faire le deuil du dictateur déchu Mouammar Kadhafi, chassé par son peuple. Comme l’a dit Alain Juppé, Alger a toujours eu une position « ambiguë » sur la crise libyenne. Tout en affirmant sa neutralité, le pays avait misé sur un enlisement du conflit, jamais sur une chute rapide de Tripoli, tombée aux mains des rebelles. Un faux calcul qui illustre les liens étroits qu’entretenaient l’Algérie et la Libye sous Kadhafi. « Nos relations étaient certes complexes et difficiles, mais Bouteflika contrôlait et gérait bien Kadhafi », affirme un haut responsable algérien. Les deux pays s’entendaient sur la surveillance des frontières, le partage des eaux souterraines du Sahara et la lutte contre al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).
Le geste de Kadhafi
Saïf al-Islam effectuait régulièrement des visites en Algérie, particulièrement à Tlemcen (Ouest), d’où sont originaires la majorité des dirigeants algériens, y compris le président Bouteflika. Le fils de Kadhafi, qui a investi dans l’hôtellerie de luxe dans le pays, serait marié à une Algérienne originaire de cette ville.
En outre, l’Algérie se souvient du geste de Kadhafi lors de la nationalisation des hydrocarbures, en 1971. « Il nous a ouvert un compte plein d’argent et nous a demandé de nous en servir comme on voulait en cas de représailles des pays occidentaux lésés par cette nationalisation. C’était une décision très courageuse de sa part et un geste inoubliable », raconte un ancien haut responsable. « Aujourd’hui, on ne peut pas quand même soutenir son départ », ajoute-t-il.
Pour les nouvelles générations et les militaires, Mouammar Kadhafi n’avait cessé de tenter de diviser l’Algérie. Il a toujours incité les Touareg à créer leur propre pays, en les finançant grâce à ses pétrodollars. Mais au-delà des relations qu’entretenait l’ex-« guide » avec Alger, sa chute et l’arrivée des rebelles du CNT sont une aubaine pour le pouvoir algérien, pour faire passer des réformes politiques contestées par l’opposition et détourner les regards locaux et étrangers sur la crise interne.
Enjeux colossaux
Mais à terme, une Libye démocratique n’arrangerait pas les affaires d’Alger. « La victoire des rebelles signifie des bases françaises et américaines à nos frontières avec la Libye, à l’est. Cela veut dire que nous devons repenser tout notre système de défense. L’ennemi est à nos portes », explique un autre responsable algérien. Et ce n’est pas la seule inquiétude de l’Algérie : « Notre position d’interlocuteur privilégié des Américains dans la lutte contre Aqmi au Sahel est aussi menacée. La Libye va attirer tous les investisseurs étrangers qui cherchent à s’installer en Afrique du Nord », ajoute le même interlocuteur.
Les enjeux sont donc colossaux pour un pays qui revendique le statut de puissance régionale grâce à son pétrole et à son gaz. Une position que lui disputerait une Libye libre, démocratique, pro-occidentale et riche en hydrocarbures.
Le peuple frére de Lybie saura reconnaitre les siens . Il n a pas besoin de la reconnaissance d’un pouvoir maffieux et assassin. Sentant sa fin proche il fait feu de tout bois. La supposée non ingérence dans les affaires intérieures des pays tiers meme voisins n’est qu’un pretexte du régime d’Alger pour cacher son soutien aux dictateurs madhloumines ou dhalimines. Ben ali Moubarak Kaddafi et demain Assad et Saleh et qui sera le tour?
Pour en revenir à la journaliste José Garçon, qui connaît bien, sinon l’Algérie, du moins le fonctionnement du pouvoir algérien actuel*, on la dit proche d’une partie des services spéciaux de son pays (mais les anti-DRS, pour faire court), qui la brieferaient régulièrement sur l’état des lieux chez nous (il y a quelques années, elle avait été correspondante à Alger du quotidien de gauche Libération – qu’elle a quitté pour rejoindre le journal en ligne Rue89 -, mais ses prises de position lui valent, depuis, un refus systématique de visa d’entrée en Algérie.).
Amie de longue date de Hocine Aït-Ahmed, Mme Garçon est, par ailleurs, très proche des thèses du FFS, dont elle partage, parfois sans nuances, les analyses. A cet égard, et à titre d’exemple, elle avait été quasiment partie prenante dans l’affaire du diplomate Mohamed Ziad Hasni, impliqué dans l’affaire de l’assassinat, en 1987, de l’opposant Ali André Mecili (militant du FFS), en publiant des articles à charge, destinés essentiellement à influencer les juges français dans le sens d’une condamnation du diplomate (exemple : http://www.algeria-watch.org/fr/article/just/affaire_mecili/ecoutes.htm).
* « Les Algériens, depuis l’indépendance, vont de déconvenues en déconvenues démocratiques » (28 Mars 2011)
(http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article4875)
* L’Algérie sur un volcan (14 Février 2011)
(http://www.liberation.fr/monde/01012319818-l-algerie-sur-un-volcan)
L’algérie va tenter de désatabiliser la Libye comme elle a tenté de le faire avec la tunisie (j ai 10 exemples récents différents et les tunisiens ne l’oublieront pas croyez moi). Le but: montrer que la révolution est dangereuse et qu elle provoque des actes terroistes. Kadhafi l’a dis, il veut mener une guerilla en libye. Ca ne m’ettonerais pas que l’Algérie l’aide pour cela (comme ce qu a fait l’Iran en Irak pour emmerder les occidentaux et les occuper ailleurs). Voila ou en est le régime algérie: un parasite avec un vrai pouvoir de nuisance sur les autres peuples « frères » (encore une foi, Marocain, tunisien et libyen ne seront bientot plus vos amis et je sais que les algériens « fier » vont me répondre qu ils en ont rien a faire et qu ils sont riches et qu ils ont pas besoin de nous..ok tant mieux pour vous alors). Mais le régime algéire mate peut etre son peuple, il echouera en libye et en tunisie pour deux raisons: 1) les occidentaux permettent AQMI (le jouet de la DRS) en algérie, mais pas ailleurs au Maghreb et 2) ils ne sont pas assez intélligent pour réussir. A part ca l’algérie à déja déclaré la guerre économique aux Maghreb (Maroc d’abord, tunisie depuis janvier dernier), mais quand il n’y aura plus de pétrole dans 10 ans et que Maroc et Tunisie seront considéré pleinement comme des pays émergents (-c est bien partit pour), ce que ca etre triste d’avoir l’algérie comme voisin….
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Ne confondez pas, mon cher frère tunisien, la grande majorité des Algériens avec le régime illégitime d’Alger et sa minorité de « nationalo-khobzistes ». Nous avons toujours oeuvré, comme nos aînés de 54, pour un Maghreb uni, celui de la dignité et des libertés démocratiques. Le vent de la libération qui souffle sur le Maghreb et le Machrek finira par atteindre les rivages de l’Algérie. Et nous vous rejoindrons pour construire ce Maghreb tant rêvé. Un grand salut à nos frères tunisiens et libyens libres.
Salah-Eddine SIDHOUM
Coordinateur du Front du Changement National.
Alger
a la redaction
Le moment est arrive de commencer a poster les articles et les interventions cles dans la langue Anglaise. Beaucoup de lecteurs trouveraient ca utile. Depuis l’incident du 9/11, les intellectuels Americains se penchent sur la question du monde arabe et des pays de l’Afrique du Nord. Malheureuseument, il est difficile de trouver des articles de l’opposition aux regimes dictatures. La couverture mediatique du printemps arabe aux US nous a plus que surpris quand il s’agissait de la Tunisie, Egypte et maintenant la Lybie. Mais malheureuseument, on ne parle que tres rarement et brievement de l’Algerie.
Merci de considerer cette proposition.
La famille du tyran, le tyran lui meme est arrivé a Alger, ou que l’Algerie reconnaissent ou pas le CNT et puis apres ou est le probleme ??????????????????.
Est ce que c’est ca le veritable probleme de l’Algerie ?????????????????????????????????????????.
Ben ali, et sa famille sont en Arabie Saoudite ou ailleur, est ce que cela a changé quelques chose pour le peuple du pays d’acceuil ???????????????????.
Ce qui m’interesse personnellement c’est ce que font les peuples, ce que decident de faire les peuples, comment agissent les peuples ????????????????????. Si non commenter ce que font et decident les mafieux entre eux cela ne changerai rien a la realité surtout si leurs peuples restent spectateur, inactifs et se contentent de commérages.
Pour ce qui est du CNT cela ne concerne que les Libyens, qu’ils acceptent ce conseil national de transition s’ils le jugent bon et efficace pour leur avenir et devenir ou qu’ils le refusent s’ils jugent que c’est un instrument de l’occident pour les interets occidentaux.
cessons de s’attarder sur des faux problemes ,sur des futilités qui n’ont aucun sens a mes yeux.
Ceux et celles qui ne veulent pas de tyrans ni de leur famille chez eux commencent par nettoyer leur chez soi. On ne cherche pas de poux dans la tete d’un chauve. J’ai de la misere a croire ce peuple qui se dit contre la venue de tyrans dans leur pays alors qu’eux meme sont dirigés par des tyrans c’est ce que j’appellerai le pays des PARADOXES. le paradoxe humain c’est que tout est dit mais rien n’est compris. Ecrire et voir c’est pareil, et pour voir il faut de la lumiere. Le paradoxe c’est qu’on peut trouver de la luniere dans le noir de l’encre.
Parmi les choses la plus ridicules dans la position « algerienne » figure la condition pour que l’Algerie reconnaisse la nouvelles libye, a savoir « un gouvernement representatif de toutes les regions »…
Ah si le ridicule pouvait tuer de temps a autre!
Le gouvernement algerien, etant composé dans son immense majorité de « ministres » issus de la region du douar du « president », on pouvait penser que dans le registre du tribalisme le plus abjecte, le gouvernement algerien devait largement se taire et faire semblant de regarder ailleurs…
D’ailleurs c’est les libyiens qui devraient donner des lecons a nos gouvernants: bien que la revolution soit partie de Benghazi, les insurgés de l’Est n’ont cessé de proclamer leur attachement a leur capitale eternelle, a savoir Tripoli…
Encore une fois: ah si seulement le ridicule pouvait tuer de temps a autre…
Si Salah
Algeriens: C’est bon, Ouyahia parle pour vous:
أويحيى:عائلة القذافي أمانة في أعناق الجزائريين
C’est un sale « cou », comme dirait l’autre…
Et dans cette « famille » il y a Aicha qui appellait a bruler les Libyens, ainsi que Hanimal, qui n’appellait pas a bruler, mais qui brulait lui meme…
Kamel
hakimM 50%!!! quelle sont vos preuves ?
je crois que l’etonnement et la sideration des algeriens sur le net n’a pas de raisons :
depuis déja le debut de l’independance , toute recente, le regime algerien s’est lancée dans une politique agressive et de destabilisation vis à vis des voisins et des pays lointains d’afrique, d’asie et d’amerique latine :toutes les facilités de financement, d’armement , d’entrainement et d’endoctrinement etaient prodiguées à foison par un regime algerien qui savait qu’il avait fait raté sa revolution au peuple algerien et qui , par compensation , voulait exporter son experience et son savoir faire vers les autres .
tout ce ci au su du peuple algerien qui , endoctriné par le FLN, assisté enthousiate à une entreprise de destabilisation nationale organisée et financée par le regime d’alger pour se donner une consistance, même mafieuse et terrorisante, sur le plan international.
le peuple algerien ,par son silence et par son soutien à boumediene et , apres lui , les generaux qui destabilisent dans l’ombre , est complice dans cette oeuvre inique. Il n’a donc aucune raison de s’etonner ni de s’offusquer devant le soutien apporté par la junte d’alger à kadafi et à tant d’autres qui seront balayés par la revolution du printemps.
Le peuple algerien ne devra pas non plus s’offusquer quand demain ( sarkosy a parlé d’un an) d’autres pays , plus riches et plus puissants , mettront leurs nez dans les « affaires interieures » de l’algerie pour aider les vrais nationalistes , et non pas les tireurs au flanc assistés par le regime, à nettoyer les ecuries d’Augias que le regime algerie a crées depuis 1962.
@sidiyazid. Le peuple Algerien est capable de se liberer lui meme on a pas besoin d’aide du makhzen.
Bladi
je crois que même si vous demandez l’aide du makhzen , ce dernier ne vous l’accordera pas : il sait trés bien qu’elle ne servira à rien : le mal est fait et c’est aut aux algeriens authentiques,veritablement nationalistes et non pas khobzistes, de provoquer les changements dont l’algerie a besoin……bien sur ,avec ou sans l’aide de l’OTAN