- Nadjib Belhimer
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Novembre continue… Le vendredi historique a été suivi par un autre qui confirme la détermination à arracher la liberté. “Hna wlad Amirouche, marche arrière manwelouch, talbine al-houria” (Nous les enfants de Amirouche, nous ne faisons pas marche arrière, la liberté nous exigeons).
Le but est très clair, son cheminement connu, ce qui est arrivé le 1er novembre est un indicateur qui ne pouvait échapper à l’oeil de n’importe quel observateur. Ce qui se passe en Algérie est historique et ne s’arrêtera pas sans atteindre le point final, celui du changement radical et du début du processus de construction de l’Etat de droit.
Les manifestants ont choisi leurs mots d’ordre avec soin. Et en premier, ils ont apporté une réponse franche au dernier discours du chef d’état-major qui a attaqué le slogan “de Dawla Madaniya” (État civil). La rue ne polémique pas et ne se livre pas à des arguties. Elle sait précisément ce qu’elle veut: un système de gouvernance ouvert où des civils élus dirigent car ils tirent leur légitimité du peuple directement. Quant à l’armée, sa mission est connue, elle est fixée par le texte de la Constitution. A ceux qui se placent au-dessus du peuple et tentent de faire dire aux slogans plus qu’ils ne veulent dire de sorte à placer les manifestants dans une position hostile à l’armée, une réponse cinglante a été apportée; pas de séparation entre le peuple et son armée, les martyrs qui ont donné leurs vies à Tipaza en défense du pays et de sa sécurité en étaient ce vendredi le lien étroit, celui qui place cette relation au-dessus de toute surenchère et manipulation politique. Ce sang pur scelle ce lien sacré qui transcende les caprices politiques ou les pulsions autoritaires.
Au-delà de leurs orientations idéologiques et de leurs penchants politiques, les manifestants ont renouvelé au cours du 38ème vendredi leur attachement à l’unité des rangs et de l’objectif.
Loin des slogans creux, les manifestants ont déboulé de la rue Didouche Mourad vers la rue Hocine Asselah pour acceuillir ceux qui venaient de Bab El Oued avant de faire jonction, sur le chemin du retour, avec les cortèges arrivant de la Place du 1er mai via la rue Hassiba Ben Bouali. Ceux qui se passionnent pour les classifications savent ce que signifient ces trois parcours, l’observateur honnête constate que le dépassement des divergences et des sensibilités au profit de l’union est la plus grande des réalisations de la révolution Silmiya.
Par son unité, la rue a réussi à tracer son chemin vers l’avenir, indifférente au plan d’un régime dont les impasses se sont multipliées et compliquées. Un régime qui veut faire du 12 décembre la date de sa continuité en dépit des lois de l’histoire et de la biologie. Mais ceux qui marchent ne se sentent pas concernés par les agendas du régime et ses rendez-vous, ni par la rhétorique de la peur que reproduisent des “élites” serviles incapables de saisir ce qui se passe sur le terrain.
La Silmiya est un choix protégé par les manifestants et c’est avec ce pacifisme qu’ils approfondiront l’impasse de ce régime avant d’en finir avec lui. Les enfants de la révolution silmiya se connaissent parfaitement, ils se rencontrent en permanence, ils discute de ce dont ils divergent et, à la fin de chaque vendredi, ils renouvellent l’engagement de se rencontrer, à nouveau, pour poursuivre le chemin jusqu’à atteindre l’objectif qui est au-dessus de toute divergence: la liberté.