Samedi 7 mars, la police a violemment chargé les manifestants pacifiques rassemblés à Alger centre pour protester contre le régime. Les images et les vidéos de la brutalité policière ont fait le tour de la toile. On y voit des jeunes, des personnes âgées, des femmes et des hommes de tout âge matraqués, écroulés, brutalisés, humiliés, insultés de tous les noms.
Au cours de cette dure journée, des journalistes et des militants mobilisés sur place n’ont pas été épargnés. Plusieurs d’entre eux ont été brutalement arrêtés ou séquestrés, puis maintenus pendant des heures dans les commissariats de police, comme le journaliste Khaled Drareni qui sera présenté demain devant le procureur de la République.
Pourquoi autant de brutalité et de violence contre des manifestants pacifiques? La réponse est simple : le régime est en « mode » panique. La marche d’aujourd’hui, tenue dans plusieurs villes du pays, représente le troisième samedi de mobilisation depuis le 22 février 2020, premier anniversaire du Hirak, ce qui fait 3 jours de mobilisation par semaine. Ces marches font partie d’une stratégie d’escalade menée par le Hirak contre un régime sourd aux revendications populaires. Du point de vue du régime, cette montée en puissance incarne un véritable danger puisqu’elle accroit la force et fréquence de la mobilisation populaire.
Le régime est plus que jamais aux abois. La guerre d’usure qu’il mène contre le Hirak, les barbouzeries des forces de l’ordre, et toutes les manœuvres perverses, soutenues par une médiocratie politico-médiatique, et menées depuis des mois pour casser la silmya du mouvement populaire ont échoué. C’est cet état de fait que Khaled Drareni et tous les journalistes libres ont voulu transmettre au peuple algérien; une vérité que le régime souhaite masquer, à tout prix.
Toute violence contre les citoyens ne fera qu’augmenter la force, la résilience et la détermination du mouvement populaire à venir à bout d’un régime illégitime qui bafoue les libertés les plus élémentaires, violente les citoyens, manipule la justice, ferme le champ médiatique et emprisonne les militants qui se battent pour un État de droit et une Algérie démocratique.
Face à l’infâme violence policière, il y aura la noblesse de la silmya. Et plus d’un an après le soulèvement du 22 février, le Hirak apparait pour ce qu’il a toujours été : un formidable mouvement de pression populaire qui, à chaque jour, accule le régime dans ses ultimes retranchements jusqu’à gagner, par cumul de batailles, les changements structurels auxquels les Algériens aspirent.
Raouf Farrah
Crédit photo: Bilal Zehani