Abdellah CHEBBAH Déc. 2020
Tout n’est pas perdu. Il est encore possible de sortir le pays du naufrage collectif dont le système politico-militaire imposé depuis longue date, entretient à sa guise par l’opacité et le mensonge institutionnel. Le peuple uni, solidaire, conscient, s’abrite sous la révolution du hirak pour se déresponsabiliser de toute action menant l’Algérie au chaos.
L’Algérie des martyrs est en train de ressusciter. Il aurait fallu trois générations à ce peuple pour enfin se prononcer sur le viol de sa révolution post-indépendance.
L’Algérie de Abane et de Ben M’hidi réapparaît. Il aurait fallu plusieurs années de silence pour se réapproprier une révolution qui n’avait pas abouti. Six décennies n’ont pas suffit à comprendre la machination et la tournure des évènements qui profanaient un peuple, ennemi imaginaire de ses dirigeants. Aucune réponse n’a été donné aux questions que se posait le peuple. Le mensonge, l’arrogance, la corruption et la tricherie ont mis le pays à genoux.
Aujourd’hui, l’Algérien sait que le système de gouvernance mis en place depuis l’indépendance ne correspond pas à ses aspirations. Il est faux, obsolète, désuet et archaïque.
Le monde a changé et les générations montantes sont ouvertes à celui-ci. Il n’y a plus rien à leur cacher. Elles savent tout et beaucoup plus que leurs dirigeants. Les liens de confiance se sont brisés. Ces jeunes se méfie de ces faux dévots qui ont mené et veulent encore continuer à mener ce peuple vers le chaos.
Le hirak du 22 février 2019 a été clair: DAWLA MADANIA, MACHI 3ASKARIA.
Il faudrait être atteint d’une surdité profonde pour ne pas l’entendre.
Ces nouveaux Algériens nés pendant la décennie noire partagent maintenant le même air de famille. Trente années, c’est donc le temps qu’il aurait fallu pour entamer le remplacement d’un peuple par un autre, d’une idéologie politique par une autre, d’une vision par une autre et par conséquent d’une gouvernance par une autre.
L’ Algérie imposée depuis 1962 était devenue invivable. Le mensonge, l’inculte, l’ignorance, la corruption, l’abrutissement, les passes droits, la violence, la tricherie, les drogues se sont imposés de facto comme les seuls moyens de gouvernance qui ont menés à l’anarchie totale au point où plus personne ne sait comment rétablir l’autorité. Pire encore, le vide intellectuel des élites, des anciens maquisards et des personnalités politiques de première heure n’ont eu aucune alternative, ni moyens pour désamorcer le conflit qui oppose ce peuple a ses gouvernants dans une guerre intérieure qui n’a pour unique ennemi, le peuple.
L’ Algérie est un pays-monde. Il est encore possible d’arrêter ce désastre.
La jeunesse Algérienne est un grand atout dans l’éveil, la réconciliation et l’édification de ce pays. Personne d’autre ne pourra sauver l’Algérie de son déclin.
Né sous la violence du terrorisme, l’enfant de ce siècle n’entend rien à ce passé qu’il veut ensevelir. Il veut s’éloigner de ce monde de défiance vers un monde de tolérance et de libertés. L’ambiguïté est dans le camps des destructeurs de la nation. Il est encore possible de la sortir de cette anarchie. Il suffit de la mettre à l’abri des malfaiteurs et des maltraitants qui lui tournent autour. Ce pays est un trésor, un bijou qu’il faudrait protéger des prédateurs.
Le temps est venu de rompre avec ceux qui prétendent parler au nom de la démocratie, sans jamais demander l’avis du peuple. Mettre un terme à soixante ans de démissions politiques et d’idéologies irréalistes est nécessaire pour éviter l’effacement de ce qui reste de l’Algérie.
Nous sommes tous des Algériens, quelque soit nos régions, nos rangs, nos professions, nos langues et notre dévouement. Ce qui nous départage est cette justice aveugle dont le tort est de donner raison au plus fort. La bêtise est pardonnable, mais quand elle passe, elle devient insupportable, grave même.
L’heure est à la raison. Elle doit reprendre sa place. Le libre jugement et l’analyse critique doivent s’émanciper des diktats de la pensée unique des pouvoirs en place. L’héritage qu’ont laissé les martyrs reste encore comme une plaie ouverte qui faudrait obstruer. Les hauts responsables oublient parfois que l’Algérie est aujourd’hui peuplée de 45 millions d’habitants qui a payé un lourd tribut pour arracher son indépendance territoriale et non celle de son peuple. Il est temps de se plier à la volonté de ce peuple si nous voulons sauver ce qui reste de ce pays.
Il s’agit, pour les citoyens, de reprendre en main leur destin et leur santé physique et morale. Cette reconquête démocratique doit notamment déboucher sur la maîtrise de la chose politique par le peuple et non par le militaire. Ce peuple, au bas mot, mérite un respect. Les institutions de l’état seront la propriété du peuple. Ce réveil, invite au préalable, à se séparer des ‘’élites organiques’’insouciantes et dangereuses qui ont laissé faire pendant six décennies. Cela passe par l’espoir d’une élite jeune et soucieuse de son avenir.
C’est un peuple assoupi et craintif qu’il faut secouer. Pris trop longtemps en otage dans une prison à ciel ouvert, perdant tout espoir et rendant son âme à dieu.
Le bon sens et la raison sont les seuls remèdes qui pourraient redonner vie à une nouvelle Algérie réelle et non imaginaire que souhaite tout un chacun. Il faut coûte que coûte libérer cette Algérie des mains de fossoyeurs qui n’ont pour objectif que le veau d’or.
Tôt ou tard, Le hirak reprendra encore plus fort, quelque soit l’entêtement du régime.
L’abcès est crevé. Il faut le soigner.