LOGS24/08/2019 09h:01 CET | Actualisé il y a 1 heure
Nadjib Belhimer Journaliste
https://www.huffpostmaghreb.com
Ma patrie a la taille de l’univers… C’est ce dont m’a informée Bejaïa en ce vendredi particulier de la révolution pacifique. Les Algériens sont plus grands que la haine, la détestation et le régionalisme qui empoisonnent les réseaux sociaux. J’ai eu la chance d’avoir la compagnie de deux amis d’une dimension rare, Nouri Dris qui trouve lecture à chaque scène et met son arrière-plan sous une lumière intense et Redouane Boudjemaa, le révolté qui porte l’Algérie en son coeur. Je suis rentré de Bejaïa plein d’espoir, convaincu de la victoire de la révolution pacifique qui nous fait découvrir notre patrie, qui nous fait découvrir nous-mêmes.
Chers amis, parcourez notre vaste pays, parlez à vos frères, beaucoup de malentendus et de préjugés sont le produit du repli et de l’isolement. Ne laissez pas les marchands de la haine et de la division pourrir les esprits… Apprenez à vous connaître, à vous aimer, l’Algérie va éclore comme une fleur qui jamais ne se fane.
Karim Younès aurait dû visiter sa ville de Béjaïa en ce 27eme vendredi de la révolution pacifique. Des manifestants lui ont sorti le carton rouge. Ils lui ont signifié que le dialogue qu’il supervise ne les concerne en rien et qu’ils avancent résolument sur la voie de la liberté et du processus de construction de l’Algérie nouvelle.
Bejaia n’accorde aucun privilège à son fils, à l’heure de la révolution le tri se fait avec clarté. C’est la première image que brise la ville à travers ses marches massives chaque vendredi et auxquelles participent les enfants des communes et des villages éloignés… Ils viennent porteurs de revendications nationales avec les mêmes slogans que l’on peut entendre dans les autres villes d’Algérie. Il n’y a pas de slogans spécifiques à la région, ni de parti pris, on est soi avec le peuple et ses revendications ou contre.
Ici également, l’emblème national est levé, la bannière de l’identité est présente. Une fillette se couvre de l’emblème des martyrs en portant une pancarte sur laquelle elle a dessiné un coeur avec la mention, “l’Algérie ma patrie”, à côté d’elle un symbole de l’identité amazighe.
Les slogans montent en arabe fusha, les voix s’élèvent reprenant les chants que l’on entend à Alger et dans les autres villes. Certains slogans sont traduits en kabyles après avoir été scandés en darija.
L’ échec de la propagande de la haine et de la division
Ici, les Algériens vivent naturellement, le pluralisme ne les embarrasse pas, l’identité culturelle n’est pas en concurrence avec l’appartenance à la patrie et la loyauté envers elle.
Mais pour celui qui marche au milieu des gens à Bejaia, une chose se confirme clairement, c’est celle du fossé qui sépare un régime à l’agonie d’une société qui a décidé de coexister avec elle-même, d’accepter sa diversité et qui marche résolument vers la construction d’un État ouvert à tous sur la base de la citoyenneté.
A Béjaïa, également, on prend la mesure de l’échec de la propagande politique qui cible l’unité des Algériens. Marcher le vendredi à Béjaïa donne l’opportunité de voir le mensonge de la propagande répandue à travers le discours politique, les médias et les plateformes des réseaux sociaux qui tentent de convaincre qu’en Kabylie il y a un avis unique, une position unique et que la seule cause qui mobilise ici est l’identité.
La réalité est toute autre. Ici, les opinions sont diverses et vont de l’extrême droite à l’extrême gauche et ceux qui ont des convictions descendent dans la rue. Mais aucune priorité ne supplante l’impératif de libérer l’Algérie d’un régime corrompu et d’une tyrannie qui menacent son existence.